Des journalistes ivoiriens ont été instruits vendredi à Abidjan sur le terrorisme et l'extrémisme violent en Afrique de l'Ouest afin d'adopter les attitudes idoines dans le traitement de l'information sur les questions liées à ces phénomènes.
Ces "concepts" ont été expliqués par M. William Assanvo, chercheur au Bureau régional pour l'Afrique de l'Ouest, le Sahel et le bassin du Lac Tchad de l'Institut d'études et sécurité (ISS), à la tribune ANP Academy.
L'ANP Academy est une tribune d'échanges sur des questions sociétales ou des thématiques liées au journalisme, organisée par l'Autorité nationale de la presse (ANP), le régulateur de la presse écrite et de la presse numérique en Côte d'Ivoire.
Selon M. Assanvo, l'extrémisme violent un phénomène "multiforme et évolutif" qui diffère d'une région, d'un pays et d'une localité à une autre. De ce fait, il faut "appréhender le phénomène comme il se manifeste".
Citant l'ex-secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon il indiqué que "l'extrémisme violent n'est ni nouveau, ni propre à une région, une nationalité, une ethnie, une culture ou un système de croyance précis".
De même, dira-t-il, le terrorisme est multiforme. Il a exhorté les médias à "éviter le piège du prisme religieux, communautaire et économique". Les terroristes cherchent à occuper de l'espace, à avoir de l'influence.
Les facteurs d'association à ces mouvements sont dus, entre autres, au besoin de protection, l'absence de l'Etat dans certaines zones. Ils tirent aussi leur source d'engagements volontaires ou forcés.
Les causes du terrorisme sont diverses et variées. En Afrique de l'Ouest, il a relevé que "c'est dans les défaillances de la gouvernance que certaines zones de nos États que les terroristes et les groupes d'extrémisme violents trouvent les moyens de pouvoir s'implanter".
La mission du journaliste est importante pour informer l'opinion et former l'opinion. Toutefois, "le préalable, c'est que le journaliste lui-même fasse l'effort de pouvoir comprendre de quoi est-ce qu'il parle", a-t-il insisté.
Pour la Côte d'Ivoire, par exemple, le journaliste doit pousser son investigation pour savoir ce qui peut alimenter l'extrémisme violent dans le pays, tout en développant des "relations fructueuses avec les autorités", qui sont en première ligne dans la réponse apportée à ce phénomène.
Il a par ailleurs fait observer que les terroristes mènent des activités illicites avec des groupes criminels, l'angle religieux étant ici marginal. Et ce, pour financer leurs activités et conserver leur hégémonie sur des espaces.
Évoquant leur mode opératoire, M. William Assanvo, a insinué que les terroristes exploitent les conflits au plan local ou des frustrations pour recruter des membres, ainsi que la pauvreté, mais surtout de l'absence de l'Etat dans certaines zones.
Dans la région Afrique de l'Ouest, plusieurs pays sont touchés par le terrorisme, notamment le Nigéria, le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces groupes armés tentent de s'installer en Côte d'Ivoire afin de contrôler le golf de Guinée.
Le président de l'ANP, M. Samba Koné, a soutenu que ce sujet est "majeur et assez important" pour inviter les journalistes à traiter la question "avec beaucoup de responsabilités parce qu'il y va de l'avenir de notre pays".
AP/ls/APA