Abidjan- L’impétrant Colonel Bouadi Jérôme Ehonia, conseiller technique défense au Conseil national de la sécurité (CNS), a décroché son Doctorat d’Etat avec la mention Très honorable à l’issue de sa soutenance, jeudi 30 juin 2022 à Abidjan, sous le titre « Processus de retour à la vie civile : pour une stratégie de reconversion professionnelle des militaires en Côte d’Ivoire ».
En présence du Commandant supérieur de la Gendarmerie nationale, le général de corps d’armée, Alexandre Apalo Touré, du chef d’état-major général des armées adjoint, Kouamé Julien, des hauts gradés de l’armée et des membres de la famille de l’impétrant, le jury, présidé par le Professeur Baha Bi Youzan, l’a félicité pour la qualité du travail.
Colonel Bouadi a situé sa problématique en ce sens que les militaires vont à la retraite relativement jeunes (55 ans pour les militaires de rang, les sous-officiers et certains officiers ou 57 ans pour les autres officiers) et en bonne santé, alors qu’ils sont dotés de compétences, de qualités qui peuvent encore servir la Côte d’Ivoire.
Il a expliqué que, les militaires à la retraite ont un assez bon niveau général et ont acquis des qualités morales et techniques leur permettant d’envisager l’exercice une seconde carrière. Mais ils ont du mal à y parvenir tout seuls. D’autres vivent mal leur retraite parce qu’ils se retrouvent dans des conditions de précarité après une brillante carrière. Certains ont ressenti de la frustration au moment de leur départ alors qu’ils détiennent souvent une expertise et même des secrets.
« Ceux-là peuvent être tentés ou sollicités pour toutes sortes d’opérations. Les différentes crises militaro-politiques ont été la caisse de résonance de ce retour à la vie civile mal gérée. Les acteurs du terrorisme se recrutent dans les populations vulnérables telles que les anciens militaires animés d’un esprit de vengeance et la menace terroriste est réelle. Les militaires à la retraite non-reconvertis ou mal-reconvertis constituent donc une vulnérabilité pour la société ivoirienne », a-t-il indiqué.
Pour le Colonel Bouadi, en attendant les résultats d’une évaluation du programme d’accompagnement à la reconversion des militaires de 2018, la question qui se pose est « celle de savoir comment l’Armée peut former ses hommes et ses femmes au métier des armes et en même temps les préparer à l’exercice d’une autre profession dans la perspective d’une bonne retraite ».
Justifiant sa thèse, l’impétrant assuré en appeler à l’attention du Gouvernement sur la vulnérabilité des hommes en armes, accompagner et éclairer les actions les efforts du Gouvernement par des études et porter mettre en relief le débat sur la sécurité collective devant ses « maîtres ».
Il a fait remarquer que les enjeux de la reconversion professionnelle des militaires sont d’ordre technique, notamment réguler les flux entrants et sortants des effectifs, les rajeunir, organiser les profils de carrière des militaires. Au niveau des enjeux économiques, il a fait cas de la création d’emplois, la participation au développement du pays. Au niveau sociologique, il s’agit de lutter contre la pauvreté, faciliter le premier emploi des jeunes et favoriser le respect des séniors.
Pour les enjeux sécuritaires, il s’agit de lutter contre le terrorisme (en empêchant les terroristes de recruter parmi les anciens militaires), développer les réflexes militaires dans les entreprises et au niveau des enjeux politico-stratégiques, renforcer le lien armée-nation pour plus de sécurité, préparer la réserve opérationnelle. « Pour sauver la paix sociale en Côte d’Ivoire, susceptible d’être perturbée par des militaires à la retraite se sentant frustrés, l’Etat doit œuvrer à leur assurer une vie décente par l’organisation de leur reconversion professionnelle », a recommandé Colonel Bouadi.
Selon le désormais Docteur Bouadi, la stratégie de reconversion professionnelle des militaires doit se fonder sur quatre piliers, notamment « promouvoir la culture de la reconversion professionnelle des militaires à la retraite, élaborer une législation sur la reconversion professionnelle des militaires, créer et mettre en place un organisme adéquat et soutenir financièrement les programmes de reconversion professionnelle des militaires ».
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