L’Afrique de l’Ouest devient première dans tout. Une première place dans la négation. La succession des coups d’Etat militaires, coups d’Etat constitutionnel, le terrorisme, les crises militaro-civile en sont une preuve. Depuis lors, on observe la succession malheureuse des coups d’État à un rythme soutenu. Alors qu’on croyait finir avec cette forme d’accession au pouvoir d’Etat, la résurgence des coups d’Etat militaire en Afrique de l’Ouest en moins de deux ans, notamment au Mali (août 2020 et mai 2021), Guinée Conakry (septembre 2021), Burkina Faso (janvier 2022) et coups d’Etat constitutionnel suscitent des interrogations. Les observateurs scrutent, d’ailleurs, avec grand intérêt l’enchaînement avec lequel cette partie du continent africain a renoué avec les coups de force des militaires, après une période d’accalmie.
On pourrait affirmer que les coups d’Etat semblent faire tache d’huile en Afrique de l’Ouest. Si les putschistes en uniforme justifient leur prise du pouvoir par des raisons locales, leur retour brutal dans le champ politique démontre que les sanctions et les rodomontades internationales n’ont aucun effet dissuasif et que les principes démocratiques sont en régression dans cette zone.
A Bamako, le colonel Assimi Goïta a mis en avant l’incapacité du régime du président Ibrahim Boubacar Keïta pour justifier son renversement. Après les sanctions de la CEDEAO et de la communauté internationale, les choses semblent aller en faveurs du chef de la transition. En Guinée, le colonel Mamadi Doumbouya a évincé Alpha Condé moins d’un an après que ce dernier a été réélu pour un troisième mandat alors que la constitution Guinéenne ne lui autorisait pas. Alpha Condé a donc tordu le cou à la loi fondamentale de son pays. Au Burkina Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba a pu s’appuyer sur « l’incapacité manifeste du pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré » dans la lutte contre les groupes djihadistes pour expliquer son coup d’Etat militaires. Tous après des condamnations de la communauté internationale, sont bel et bien restés dans leur nouveau fauteuil.
Le coup d’État constitutionnel en vogue en Afrique
Le coup d’Etat militaires n’est pas la seule tentative illégale, la Guinée a bel et bien connu un coup d’État militaire. Et pourtant, cette mise à l’écart du président guinéen Alpha Condé a suscité peu d’indignation sur le continent africain. Sa présidence n’a pas été un exemple de réussite en matière de gouvernance démocratique. Certains observateurs ont parlé d’un « coup d’État militaire » (l’équivalent d’un putsch) venu rectifier un « coup d’État constitutionnel » qu’aurait exécuté l’ancien président Alpha Condé en modifiant la Constitution pour s’offrir un troisième mandat en 2020. Cette notion de « coup d’État constitutionnel » qui renvoie à l’action de renverser l’ordre constitutionnel existant fait florès. ces dernières années sur le continent africain dans des contextes aussi divers que la Tunisie, le Tchad, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin, le Sénégal , etc.
En Tunisie, le président Kaïs Saïed affirme se baser sur une disposition constitutionnelle en cas de « péril imminent » pour geler les activités du Parlement. Sans suspendre la Constitution, il en a profité toutefois pour prendre une série de mesures d’exception qualifiée par les partis d’opposition comme un « coup d’État contre la Constitution ». En la matière, le Togo apparaît comme un cas d’école avec une prise de pouvoir dynastique du président Faure Gnassingbé en 2005, geste que la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) qualifiait déjà à l’époque de « coup d’État constitutionnel ». En Côte d’Ivoire, la mort subite du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat désigné par le RHDP, a « forcé » la réinterprétation des règles constitutionnelles par le président Alassane Ouattara pour briguer un troisième mandat présidentiel en 2020. La
suite, la désobéissance civile lancée par les partis de l’opposition avec à la clé, de nombreux morts dont le jeune Nguessan égorgé à Daoukro.
Les transitions démocratiques en Afrique conduisent souvent à des réformes constitutionnelles donnant naissance à de « nouvelles républiques » avec un renouvellement des institutions censées garantir de meilleures pratiques. Ces réformes devraient favoriser un fonctionnement adéquat de l’État de droit et des alternances démocratiques du pouvoir exécutif dans un système politique multipartiste.
Au delà des coups d’Etat militaires, coups d’Etat constitutionnel récurrents dans la partie Ouest du continent, s’ajoute dorénavant une autre page sombre, le terrorisme. Cette région du continent, objet de menace djihadiste, de Bokoharam, d’enlèvement d’enfants, de femmes, de touristes, également de crises militaro civiles (Libéria, Côte
d’Ivoire, Sierra Leone) donnent l’image d’une sous région aux différentes calamités. Coups d’état militaire, coups d’état constitutionnels, crises politiques et civiles, terrorisme, l’Afrique de l’Ouest est confronté à des épreuves qui plombent sa stabilité et la quiétude
des populations. Malheureusement, les coups d’état constitutionnel, devenus un effet de mode, sont loin de troubler la CEDEAO et de France sur les violations et
entorse à la démocratie. A travers leur silence coupable, la CEDEAO et la France encouragent les chefs d’état encore hésitant à leur emboiter le pas. Ce qui fait à certains intellectuels Africains que la CEDEAO est une amicale de chef d’Etat de la sous région qui œuvre essentiellement pour leurs propres intérêts et celui de la France.