Mesdames et Messieurs,
Ce lundi, 03 octobre 2022, la communauté internationale célèbre la Journée Mondiale de l’Architecture. Le thème retenu pour cette année par l’Union Internationale des Architectes est « l’architecture pour le bien-être ».
Il s’agit pour les pays du monde entier, d’adopter une conception architecturale en mesure de promouvoir la santé dans les bâtiments (maisons, lieux de travail, de loisirs, de commerces…) et plus généralement dans nos villes.
Ce thème intervient dans un contexte sanitaire mondial marqué par la pandémie à COVID 19, qui a mis à rude épreuve les systèmes de santé publique, surtout dans les villes où la promiscuité, la rareté des ressources foncières et le mode de vie créent une tension plus forte, aux plans économique et social.
Ce thème nous interpelle donc et nous invite à recentrer l’architecture sur les besoins de l’être humain.
L’architecte, acteur majeur de la transformation et de l’embellissement de notre cadre vie, a une fonction malheureusement méconnue de la grande majorité de la population, malgré son action et son impact indéniables sur l’environnement bâti, le bien-être et la santé de nos concitoyens.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « la possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre, constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ». La préservation de ce droit fondamental, c’est-à-dire nous permettre d’être en meilleure santé, passe donc par une implication plus grande de celui qui conçoit les bâtiments et les villes où nous passons l’essentiel de notre temps et de notre vie.
Mesdames et Messieurs,
La Côte d’Ivoire, comme la plupart des pays africains, connait une forte urbanisation.
Selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2021, plus de 52% de la population ivoirienne vit en ville.
Avec une population urbaine en 2021 qui est sept (07) fois supérieure à celle de 1975, la Côte d’Ivoire est l’un des pays les plus urbanisés d’Afrique, et subit de ce fait les problèmes inhérents aux grandes agglomérations urbaines, en termes de logements, d’infrastructures, d’équipements publics, de services de base, de salubrité, de gestion des déchets ménagers, de sécurité et plus généralement, de bien-être des populations.
Aujourd’hui, les enjeux de développement doivent nécessairement intégrer les problématiques liées au développement urbains, qui touchent de plus en plus de populations.
Ainsi, lorsque l’urbanisation est spontanée, peu structurée et non coordonnée, il est difficile que les objectifs d’équité, d’accès aux services de qualité et de durabilité puissent être atteints. A contrario, une bonne gestion de l’urbanisation peut contribuer fortement au bien-être des populations, améliorer leur productivité et impacter positivement la croissance économique.
Les architectes contribuent par leur art, à améliorer le bien-être physique, émotionnel, financier et social de l’humanité, tout en ayant un impact positif sur l’environnement.
En effet, la qualité de nos maisons, notamment en ce qui concerne l’éclairage naturel, le confort thermique et la qualité de l’air intérieur, peut avoir un impact négatif direct sur notre santé et notre bien-être.
De ce fait, les architectes repensent depuis plusieurs décennies, la façon dont ils conçoivent l’habitat et les lieux d’activités, pour en faire, non seulement des lieux sains et sûrs, mais également des endroits où il fait bon vivre et où l’être humain s’épanouit.
Au niveau économique et financier, une bonne conception architecturale améliore la valeur des biens immobiliers, facilite l’accès pour tous à un logement abordable et décent, et facilite l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux équipements de proximité.
Mesdames et Messieurs,
Pour les raisons évoquées précédemment et dans le but d’offrir un cadre de vie sain, paisible et agréable à nos concitoyens, le Gouvernement, sous l’impulsion de SEM Alassane Ouattara, Président de la République, a renforcé le cadre législatif et réglementaire régissant l’architecture et les architectes.
En effet, dès 2018, la Côte d’Ivoire a adopté la loi portant profession d’Architecte, qui encadre tous les aspects liés à la profession d’Architecte. En vertu de cette loi, il est désormais obligatoire, pour toute construction en milieu urbain, de recourir à un architecte. Bien entendu, l’État veille à ce que les tarifs pratiqués soient supportables et conformes à la contribution de l’architecte à la réalisation d’une construction.
Dans ce cadre, l’article 12 de la Loi sur la Profession d’Architecte stipule que ‘’ l’Ordre des Architectes apporte une assistance architecturale à la demande des personnes physiques qui disposent de faibles ressources et qui édifient pour elles-mêmes, une habitation dont la surface cumulée de plancher n’excède pas 55 m2. Les honoraires relevant de l’assistance architecturale sont forfaitisés et limités à 3% du coût de l’ouvrage’’. Cette disposition permet de fixer les honoraires pour les constructions concernées, à environ 300 000 FCFA, montant jugé supportable par toute personne en mesure de financer la construction d’un bâtiment sur le territoire ivoirien.
D’autres actions et réformes ont été menées par la suite, pour sécuriser davantage l’environnement bâti et créer un cadre de vie à la fois sûr, décent et agréable. Il s’agit de :
l’élaboration d’outils de planification urbaine pour les régions et districts de Côte d’Ivoire, en vue de mieux organiser leur espace et favoriser le développement économique local ;
l’adoption de la loi portant Code de la Construction et de l’Habitat, qui actualise les normes en matière de construction et d’habitat, et clarifie le rôle de chacun des intervenants et professionnels du secteur ;
la mise en place du Guichet Unique du Permis de Construire, qui regroupe sur un même site, l’ensemble des professionnels de l’Administration intervenant dans la délivrance de l’autorisation de Construire ;
la mise en place d’un dispositif innovant, qui intègre à l’instruction des demandes de permis de construire, le risque à la construction et à l’usage. La règlementation prescrit désormais, pour toutes les constructions complexes (y compris, celles avec un sous-sol ou au-delà de R+2), le recours obligatoire des maîtres d’ouvrage, à un ingénieur-conseil, afin d’assurer la stabilité de la construction et plus tard, sa conformité avec le Permis délivré. Cette réforme permet de s’assurer que les constructions réalisées sont conformes et respectueuses des règles en la matière ;
la réduction des délais de délivrance du Permis de Construire à 21 jours (pour un dossier complet et conforme aux prescriptions réglementaires en vigueur ) ;
l’obligation pour le maître d’ouvrage, de recourir à une assurance couvrant les risques de chantier ;
la mise en place d’une plateforme de Contrôle des Constructions, qui regroupe les directions techniques du Ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, le District et les Communes du district d’Abidjan. À l’intérieur du pays, cette mission est assurée par les Guichets déconcentrés du Ministère en charge de la Construction et les services techniques des Communes ;
enfin, le renforcement du contrôle des constructions sur l’ensemble du territoire national, avec bien entendu, une surveillance accrue des chantiers dans le Grand Abidjan.
Ces réformes et actions permettront de mieux lutter contre les constructions anarchiques et non règlementaires, de renforcer le rôle des professionnels du secteur, notamment des Architectes, et de mieux structurer le développement de nos villes, afin d’assurer à nos populations, un environnement qui contribue davantage à leur bien-être.
Mesdames et Messieurs,
Dans ce contexte nouveau, l’Architecte devient un apporteur de solution, et l’innovation architecturale se met au service de la croissance économique, de la transition écologique, et de la réduction des inégalités.
A ce titre, je vous exhorte à donner toute sa place à l’architecture dans l’aménagement de nos villes et en parallèle, de la rendre accessible à toutes les couches et tranches de la population.
Je voudrais, à la fin de mon propos, saluer et remercier chaleureusement l’ensemble des professionnels du cadre bâti, qui accompagnent l’Etat dans la mise en œuvre de ses projets, et plus particulièrement en ce jour, le Conseil National de l’Ordre des Architectes de Côte d’Ivoire.
Mesdames et Messieurs,
Il est désormais évident que nous devons changer nos modes de vie ainsi que la manière de penser nos villes et le cadre bâti. Les Architectes, les Urbanistes, Les Géomètres-experts, les Ingénieurs, etc. sont à notre disposition pour nous aider à relever ce grand défi de notre temps.
Nous avons besoin de l’Architecture et nous avons besoin des Architectes. Oui, nous avons besoin d’eux pour requalifier l’existant, rénover les anciens tissus urbains, restructurer les quartiers précaires, ériger des écoquartiers et des villes nouvelles et intelligentes, intégrer la nature à la ville, etc.
Dans le souci majeur de préserver notre environnement et favoriser notre bien-être, je vous exhorte également à mettre en application les bonnes pratiques de la vie en ville, notamment par l’application rigoureuse par tous, des textes régissant le développement urbain, notamment le Code de l’Urbanisme et du Domaine Foncier Urbain et le Code de la Construction et de l’Habitat.
Mon engagement sera total, de même que celui de mon département ministériel, pour vous accompagner dans la réalisation de ces objectifs essentiels.
Bonne célébration de la Journée Mondiale de l’Architecture à toutes et à tous.
Je vous remercie.
Bruno Nabagné KONE