Le ministre du Tourisme a présidé, du 5 au 7 octobre, les travaux de la 65e Réunion de la Commission régionale pour l’Afrique de l’Organisation mondiale du tourisme (CAF/OMT) doublée du Forum sur les clés pour « Renforcer la résilience du tourisme en Afrique pour un développement socioéconomique inclusif », à Arusha (Tanzanie). Bilan et prospective.
La capitale politique tanzanienne était, durant ces journées, l’épicentre de l’écosystème touristique panafricain, à la faveur de la tenue à Arusha, de la 65e Réunion de la Commission régionale pour l’Afrique de l’Organisation mondiale du tourisme (CAF/OMT), couplée au Forum sur les voies et moyens pour « Renforcer la résilience du tourisme en Afrique pour un développement socioéconomique inclusif ».
Il ressort de ces assises qu’il urge de peaufiner une stratégie continentale, avec une « marque Afrique » dont l’une des clés de voûte réside dans la mutualisation des ressources. C’est du moins la vision partagée par le ministre ivoirien du Tourisme, Siandou Fofana, en sa double qualité de Président de la CAF/OMT et du Conseil exécutif de l’institution spécialisée des Nations Unies à ses pairs d’une quarantaine de pays présents avec, au cœur de son intervention, un optimisme de bon aloi quant à la dissipation de la grisaille de la crise pandémique de la Covid 19. « Grâce à la baisse d’intensité de la pandémie à coronavirus, nous entrevoyons enfin une sortie de crise en cette fin d’année 2022, à l’effet de pouvoir relancer à la fois nos projets et la dynamique amorcée par notre continent. Nos États ont montré leur résilience face à cet événement inattendu et il est grand temps de se remobiliser en vue de reprendre les chantiers entamés ».
Dixit Siandou Fofana.
Avec en ligne de mire, les réformes institutionnelles, l’accroissement des pays-membres et organisations affiliées, l’accès aux outils digitaux au plus grand nombre des acteurs. Et ce, en accord parfait avec les consignes du Secrétariat général de l’OMT, dont le Secrétaire général Zurab Pololikashvili, a tenu à rappeler l’impérieuse nécessité de faire coïncider l’agenda du tourisme planétaire avec les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) de l’ONU.
Des signaux au vert mais…
Tout en dévoilant une radioscopie positive de l’activité touristique africaine dans une embellie mondiale générale, à travers son rapport : « Le tourisme international a connu un fort rebond durant les cinq premiers mois de l’année 2022, les arrivées atteignant presque la moitié (46 %) des niveaux enregistrés pendant la même période en 2019. Les arrivées de touristes internationaux (visiteurs qui passent la nuit) ont plus que triplé (+221 %) de janvier à mai 2022 par rapport à 2021, tout en restant de 54 % inférieures aux niveaux de 2019. Il y a eu près de 250 millions de voyages internationaux dans le monde au cours de la période allant jusqu’à mai 2022, contre 77 millions pendant la même période en 2021. (…) L’Afrique (+156 %) a également connu une croissance vigoureuse de janvier à mai 2022 par rapport à 2021, tout en restant à des niveaux de 50 % en dessous de ceux de 2019 ». D’où l’invite du Président de la CAF OMT, Siandou Fofana, à maintenir le cap d’un rebond par la mise en synergie des ressources humaines, technologiques et financières du Continent. Et de proclamer : « Cette 65e Réunion de notre Commission se doit d’être le lieu indiqué pour replanter le décor d’une Afrique au travail, d’une Afrique mobilisée et unie afin de rattraper notre retard face aux autres continents. Les conclusions de nos débats doivent nous permettre d’aborder des sujets toujours aussi cruciaux notamment les questions relatives au financement, à la marque Afrique ou encore à la connectivité ».
Aussi, les experts et délégations étatiques, ont-elles, au cours des échanges et partages d’expériences croisées, convenu qu’en Afrique, le tourisme rime avec la culture, l’artisanat, l’environnement, l’agriculture. Bien plus qu’un bilan, la faîtière ministérielle du tourisme continental table sur une approche prospective à très court terme. Pour exploiter son énorme potentiel, le tourisme nécessite des investissements ciblés. Car, aux yeux des experts, « L’environnement économique est devenu le principal facteur pesant sur la reprise du tourisme international. La montée de l’inflation et la flambée des cours du pétrole peuvent faire augmenter les coûts des transports et de l’hébergement, et mettre sous pression le pouvoir d’achat des consommateurs et l’épargne. Les restrictions sur les voyages restent un obstacle important au redressement efficace du tourisme international ». Des directives en faveur de la durabilité, de l’environnement, de l’éducation-formation, de l’innovation, du marketing, du monde rural, des femmes, des jeunes, etc., ont été passées au sas, en vue de conférer un caractère inclusif au tourisme en Afrique. Des pôles d’excellence régionaux devraient, en outre, être érigés. A l’instar de l’Ecole supérieure de la restauration et de l’hôtellerie d’Alger (ESRHA) qui a fait l’objet de la signature d’un Mémorandum d’entente entre le Secrétaire général de l’OMT, Zurab Pololikashvili, et le ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat, Yacine Hamadi, en marge des travaux des présentes assises, en vue de l’établir en pôle de formation continentale. Avec, l’onction du ministre Siandou Fofana avec qui avait reçu, en audience, son homologue algérien.
Ainsi, pour passer de l’acte à la parole et accélérer le processus de mise en œuvre d’un agenda panafricain d’un tourisme inclusif, rendez-vous a été pris pour le mois de novembre prochain, à Lagos au Nigeria, du 14 au 16, à travers la toute première Conférence de l’OMT sur le thème : « Associer Tourisme, Culture et Industries créatives pour ouvrir la voie à la reprise et à un développement inclusif ». Etant entendu que le Président de la CAF/OMT, aux côtés des dirigeants africains et mondiaux qui vouent au secteur touristique les ressorts pour un développement inclusif harmonieux de la planète, veulent miser sur des secteurs capables de stimuler la reprise socioéconomique, d’atténuer les effets des changements climatiques, d’accélérer la création d’emplois, et relever les défis du changement climatique et de la perte de biodiversité. L’OMT, en guise de piqûre de rappel, définit le tourisme culturel comme un type d’activité touristique dans lequel la motivation essentielle du visiteur est d’apprendre à connaître, de découvrir et de consommer les curiosités/produits culturels d’une destination touristique, matériels et immatériels, et d’en faire l’expérience.
40% des touristes internationaux en quête de culture !
A maints égards, les économies culturelles et créatives peuvent être une partie de la solution. Elles détiennent un immense potentiel de croissance, d'innovation et de diversification des produits au sein de l'écosystème touristique. Surtout, à l’ère du numérique et de la digitalisation des pratiques promotionnelles, d’expérimentation de parcours virtuels et de partages des savoirs. D’après l’OMT, 40 % des touristes internationaux ont comme principale motivation la recherche d’expériences touristiques liées à la culture et génèrent 2, 250 milliards de dollars par an, l'économie créative représentant 3 % du PIB mondial. Or, le tourisme culturel et les industries créatives ne reçoivent pas, le plus souvent, un rang prioritaire comme possibles moteurs permettant de relever les défis actuels de l’après-pandémie. Leur vaste potentiel pour stimuler l'entrepreneuriat social et les PME, autonomiser les communautés, améliorer la compétitivité et aider les économies locales à mieux rebondir, reste encore inexploité.
Le dernier rendez-vous à l’agenda du tourisme mondial, avant la fin de l’année, est la 117e Session du Conseil exécutif de l’OMT, du 23 au 25 novembre, à Marrakech, au Maroc.
A. N