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Politique Publié le lundi 24 octobre 2022 | L’Essor Ivoirien

Avant les élections locales et la présidentielle 2025/ Sénateur Allomo Paulin à Bédié : « Que sont devenus les 12 chantiers de l’Eléphant d’Afrique ? »

Qu’est-ce que Gbagbo a fait pour protéger les 322.000 km2 ?

Ouattara peut s’enorgueillir d’être sur les traces d’Houphouët

En prélude à la prochaine élection présidentielle en Côte d’Ivoire est prévue pour octobre 2025, le sénateur Allomo Paulin, se prononçant sur l’actualité sociopolitique, a fait le bilan des trois prédécesseurs du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny. Morceaux choisis.


Après l’annonce, par Gbagbo, de sa volonté de faire acte de candidature à la Présidentielle de 2025, il est à croire que les deux autres poids lourds de l’échiquier politique nationale, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, lui emboîteront le pas. Si tel est le cas, le débat aura de fortes chances d’être intéressants en ce sens que ces trois grands qui auront tous dirigé le pays, ont pour référent commun, le père-fondateur, Félix Houphouët-Boigny. Ce qui revient à dire que ce sera bilan contre bilan, en tenant compte de l’héritage du bâtisseur de Yamoussoukro. 


Gouvernance Houphouët-Boigny 


Les Ivoiriens et tous leurs leaders politiques sont unanimes, le premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, a donné ses lettres de noblesse à ce pays, avant sa mort en décembre 1993. Que ce soit sur le plan du développement économique et social, de l’unité nationale, du rassemblement, du brassage des peuples, de l’hospitalité, du vivre ensemble…le Sage d’Afrique a épaté ses compatriotes et le monde. C’est donc à juste titre, qu’il a été reconnu comme le père-fondateur et le bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne. Ces réalisations ont été si fulgurantes, que l’on a parlé de ‘’miracle ivoirien’’ dans les années 1970. Mais, après sa mort, qu’a apporté chacun des trois grosses têtes de la politique qui le prennent comme référent ? A trois ans de la présidentielle, et avec les intentions affichées des uns et des autres, la question mérite d’être posée et traitée au cas par cas.


Henri Konan Bédié, de décembre 1993 à décembre 1999


Arrivé au pouvoir par ‘’procuration’’ en décembre 1999, suite à la disparition du président Félix Houphouët-Boigny, que peut-on retenir du passage de N’zueba au palais du Plateau ? Lorsqu’il arrive au pouvoir en 1993, le Sphinx de Daoukro hérite d’un pays aux fondements solides même si ce qu’on a appelé alors la ‘’conjoncture’’ avait quelque peu impacté le rayonnement de l’économie nationale. Mais, que s’est-il passé ? En lieu et place de ‘‘L’Eléphant d’Afrique’’ promis, ce sont de nombreux scandales financiers qui ont émaillé sa gouvernance. D’où sont provenus les milliards FCFA qui ont servi aux réalisations pharaoniques à Koukourandoumi, village natal de son épouse, et à Pepressou, sa terre natale ? Les Ivoiriens qui attendent des réponses, voudraient que Bédié leur dise comment ‘’Servir’’, l’organisation caritative créée par son épouse, à l’époque, et le “Cercle national Bédié” (son défunt mouvement de soutien) étaient financés quand il était au pouvoir. Le président du PDCI qui rêve de revenir aux affaires, selon certaines indiscrétions de son entourage, devrait expliquer comment son fils, Patrick Bédié, s’est arrangé pour avoir le monopole de l’importation du riz en Côte d’Ivoire. Que s’est-il passé réellement avec les 18 milliards F CFA de l’Union européenne ? Que dit l’audit sur cette affaire rocambolesque ? Pourquoi, sous son règne, le FMI a produit un aide-mémoire très critique sur la gestion de la filière café-cacao ? Pourquoi le Fonds a suspendu les versements au titre de la deuxième année du Plan d’ajustement structurel (1998-2000). Pourquoi la Commission de Bruxelles avait aussi suspendu ses décaissements de 11 milliards FCFA de son programme d’appui à l’ajustement structurel pour l’année 1998 et a déclaré la Côte d’Ivoire éligible à aucune autre allocation ? N’est-ce pas sous Henri Konan Bédié, qu’avec la complicité de Roger Nasra, Julien Bouadou Eba, alors Dg du Trésor et de la Comptabilité publique, Touré Coulibaly Youma, à l’époque sous-directeur du Budget et des Comptes et Sylvère Kouadio Kakou, commis du Trésor à l’Agence comptable centrale des dépenses publiques, ont soutiré plus d’un milliard FCFA au Trésor ? Le président Bédié qui traite le RHDP de parti de ‘‘détourneurs de deniers publics’’ doit répondre à toutes ces interrogations qui taraudent l’esprit des Ivoiriens. La dernière grande préoccupation est liée au concept de l’ivoirité qui a si durablement et durement impacté la cohésion sociale. Bédié a-t-il vraiment mesuré l’ampleur des torts que sa trouvaille a causés à des millions d’Ivoiriens qui ont eu tort d’être ressortissants du Nord ou de porter de longs boubous ? N‘est-ce pas sous son régime que certains éléments de la police déchiraient les Cartes nationales d‘identité de ceux qui étaient considérés comme des Nordistes au regard de leurs noms ? Que dire du développement ? Où sont arrivés les ‘‘12 chantiers de l’Eléphants d’Afrique’’ qui devaient, selon lui, révolutionner la Côte d’Ivoire avec des infrastructures pharaoniques ? Quel Ivoirien n’a pas vu les chantiers impressionnants à Daoukro et dans le village de Koukourandoumi ? Combien coûtait le paquet de ciment dans la ville natale de Bédié, et combien coûtait le même paquet dans d’autres régions du pays ? Yamoussoukro, la capitale politique, n’avait-elle pas été jetée aux calendes grecques ? Des questions, encore des questions ! Qui attendent des réponses claires de l’ex-chef de l’Etat qui doit démontrer qu’il a marché dans les sillons tracés par le président Houphouët dont il se réclame. 


Que s’est-il passé sous Laurent Gbagbo ?


Après l’intermède Guéi qui s’acheva dans la confusion et les violences nées de la Présidentielle d’octobre 2000, Laurent Gbagbo est devenu le 3ème président élu de la République de Côte d’Ivoire. Mais, très vite, le rêve qu’il a vendu en tant qu’opposant s‘est transformé en cauchemar. N’est-ce pas sous son règne que l’intégrité nationale a été violée pour la première fois ? Qu’a-t-il fait pour protéger les 322.000 km2 ? Et le charnier de Yopougon, l’assassinat de Camara H, les escadrons de la mort… qu’en dit-il ? Croit-il que les Ivoiriens ont oublié les agissements des ‘‘jeunes patriotes’’ qui se réclamaient de lui et agissaient pour le compte de son pouvoir ? N’ont-ils pas décidé, suite à l’échec de ‘‘l’opération Dignité’’ conduite alors par les loyalistes dans les zones sous occupation de l’ex-rébellion, en 2004, de déverser leur colère sur la presse proche de l’opposition dont les titres étaient déchirés chaque matin ? Sous quel régime, les sièges de journaux proches de l’opposition ont été incendiés ? N’est-ce pas sous la Refondation que le journaliste français, Jean Hellène, a été abattu à bout portant, le 21 octobre 2003, en plein Plateau, par un sergent de police zélé, proche du pouvoir Gbagbo, du nom de Sery Dago Théodore ? Que dire du cas de l’autre journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer, qui a mystérieusement disparu, le 16 avril 2004, sur le parking d’un supermarché, à Marcory alors qu’il enquêtait sur la filière café-cacao ? Sur le plan politique, Laurent Gbagbo ne menait-il pas la vie dure à son opposition représentée par le G7 (les parties signataires de l’Accord de Linas Marcoussis) ? Qui ne se souvient pas de la répression aveugle des 24, 25, 26 et 27 mars 2004, contre les partisans de l’opposition qui projetaient de faire une marche pour exiger l’application des accords de Linas-Marcoussis, et qui a fait 125 morts officiellement, alors que l’ex-opposition parlait plutôt de 500 corps, sans compter les blessés et les disparus ? Faut-il vraiment parler de développement sous ce régime, étant entendu que rien n’a été fait ? La Refondation n’était-elle pas plus préoccupée par le lucre et les ors de la République, que par l’amélioration des conditions de vie des populations quasiment livrées à elles-mêmes ? Quelle a été la réaction de Laurent Gbagbo aux revendications salariales des fonctionnaires sen 2009 ? Où sont passés les 10 milliards F CFA promis pour changer les universités ? Et le kilo de cacao ou de café qu’il avait promis acheter à 3.000 F CFA, à combien les a-t-il achetés finalement aux paysans ? L’école n’a-t-elle pas été abandonnée aux mains de la FESCI qui régentait le système éducatif par la violence ? Peut-il prétexter de la guerre pour justifier son fiasco total en termes de développement socio-économique ? N’est-ce pas lui-même qui se targuait d’avoir la ‘‘partie utile du pays’’, ce qui veut dire donc que la rébellion qui était dans la partie inutile ne pouvait l’empêcher d’avoir un bon bilan ? 


Ouattara peut s’enorgueillir d’être sur les traces du père de la nation


Quant à Alassane Ouattara, au pouvoir depuis le 21 mai 2011, son bilan parle de lui-même et ‘’même les aveugles voient’’, selon le célèbre artiste tradi-moderne Baoulé, N’guess Bonsens. Il peut donc s’enorgueillir d’être véritablement sur les traces ou dans les pas de son modèle et référent politique, Felix Houphouët-Boigny, dont il a su continuer l’œuvre laissée en jachère par ses deux prédécesseurs que sont Bédié et Gbagbo. A la vérité, il serait fastidieux de lister les réalisations de l’ancien DGA du FMI, tant elles sont nombreuses. Le plus remarquable, c’est surtout qu’elles couvrent l’ensemble du territoire national, sans aucune discrimination. Il est donc loin, le temps où un certain Bédié construisait uniquement Daoukro et Koukourandoumi, en ignorant le reste de la Côte d’Ivoire dont il avait pourtant la charge. Cela vaut également pour son successeur, Laurent Gbagbo, qui a royalement ignoré de faire sortir de terre, quelques infrastructures à même de faire bouger le curseur au niveau du développement. Et comme s’il voulait véritablement donner des cours de gouvernance à ses deux prédécesseurs, Ouattara ne s’accorde aucun répit. Présent aussi bien sur le front de la recherche des financements, que sur celui de l’implémentation des chantiers et des projets, il a quasiment changé le visage de la Côte d’Ivoire. Et dire qu’il a hérité d’un ‘‘amas de terre et de tôles’’ ne serait pas erroné, puisqu’après la crise postélectorale qui a marqué le scrutin présidentiel de 2010, le pays était littéralement à terre. La croissance était négative et il n’y avait aucune perspective puisque les bailleurs de fonds et les partenaires au développement avaient tourné le dos à l’ex-régime de la Refondation qui avait été mis au ban de la communauté internationale. Il fallait donc partir de zéro. Alassane Ouattara a réussi cette gageure. Non sans panache et maestria. A l’heure du bilan, il apparait comme celui qui aura le plus fait avancer la Côte d’Ivoire qui a renoué avec la grandeur. Dès lors, il est évident que si l’on veut comparer Bédié, Gbagbo et Ouattara, en termes de bilans, on pourrait soutenir objectivement qu’il n’y a pas photo. Si les trois devaient remettre le couvert en 2025, la raison autant que la logique voudraient qu’il ne soit plus question de programme ou de promesse (à quoi bon ?). Il s’agira, pour chacun d’eux, de dire ce qu’il a déjà fait, d’autant qu’ils ont eu la chance et le privilège de diriger le pays. Des trois, il est donc clair que celui qui doit être comparé à Houphouët-Boigny, reste, sans conteste, Alassane Ouattara. C’est un fait indéniable. Bilan contre bilan, voilà donc qui rend déjà appétissante, la future campagne présidentielle au cas où les trois grands seraient dans les starting-blocks. 


Un capital que le RHDP se doit de fructifier 


C’est déjà dit et c’est indiscutable, le bilan du président Alassane Ouattara enchante la majorité des Ivoiriens et même l’extérieur, la gouvernance de Bédié étant très aigre et celle de Gbagbo, très salée. Dans tous les cas, les archives physiques et audio-visuelles sont là pour témoigner. Ce sont des clichés qui ne peuvent se falsifier ou s’effacer. Vu la médiocrité et les excès de leur règne, les deux prédécesseurs de Ouattara ne sont plus aptes à jouir de la confiance des Ivoiriens. Car, comme l’a chanté le groupe Magic System, ‘‘1er gaou n‘est pas gaou’’. Les Ivoiriens qui ont connu l’enfer avec ces deux dirigeants, sauf si le soleil se lève désormais à l’Ouest pour se coucher à l’Est, ne voudront, pour rien au monde, y retourner. ‘‘Chat échaudé craint l’eau froide’’, dit-on. Pour autant, le RHDP, parti au pouvoir, doit-il baisser la garde et dormir sur ses lauriers ? Voilà la question dont la réponse conditionnera la moisson des Houphouétistes en 2025. Et cette réponse est toute trouvée. Si le bilan d’Alassane Ouattara ne souffre d’aucune critique sérieuse et valable, cela ne va pas suffire à garder le palais présidentiel à l’issue de la prochaine Présidentielle. Que faut-il donc faire ? Poursuivre la restructuration en cours, dans le respect scrupuleux et la mise en œuvre des orientations et recommandations du président du part. A savoir, se départir de son ancien parti, du complexe de supériorité, être proche de la base, être généreux, travailler en équipe et en synergie, bref, il s’agit de faire prévaloir la solidarité, de cultiver l’humilité au sein du RHDP. Car, depuis le 26 janvier 2019, il n’y a plus de militants RDR, PDCI, UDPCI, MFA chez les Houphouétistes. Chacun est militant, chacun est RHDP. Aussi, dans leurs localités respectives, les cadres et élus doivent-ils faire montre de partage. Le bilan de Ouattara, si solide et si séduisant soit-il, a besoin, plus que jamais, de soutien fort. En effet, chaque militant sera comptable des résultats de 2025. Et il est souhaitable de rééditer le ‘‘un coup K.O’’ à cette échéance. Alassane Ouattara a fait et continue de faire sa part. Le reste appartient aux cadres, élus et militants. 


Eugène Kanga B

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