Abidjan- « Mes parents m’ont mis au monde (naissance et période néonatale), ils me nourrissent (allaitement, diversification du régime alimentaire, alimentation appropriée), ils me protègent contre les maladies (vaccination-immunisation), je grandis (croissance staturale, pondérale et dentition, des autres organes dont le cerveau), je me développe (développement moteur, cognitif et socialisation), je rentre dans la vie communautaire (éducation maternelle, socialisation), je vais devenir un citoyen modèle ». Telles sont les affirmations et les ambitions de l’Enfant, dépeint par le président du conseil d’administration (PCA) de l’ONG Enfance Harmonieuse (ENHA), Pr Plo Kouié Jeannot.
L’ONG ENHA, une aubaine pour aider l’enfant à achever ce parcours
Enfance Harmonieuse (ENHA) est une organisation non gouvernementale, apolitique, à but non lucratif créée le 26 mars 2016 par un groupe d’intellectuels Africains soucieux du devenir et du bien-être de l’enfant dans son cadre de vie. Le siège social est à Brobo dans la région administrative de Gbèkè en Côte d’Ivoire. Elle a pour slogan « Enfance Harmonieuse, Parents responsables » soulignant ainsi l’importance et le rôle primordial des parents dans l’éducation et la réussite sociale de l’enfant. L’ancien Chef de service de pédiatrie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Bouaké, et PCA de l’ONG, explique que, la gestion de l’enfant avant sa venue au monde pose déjà la problématique de la grossesse et de son issue en termes de moyens financiers (les activités de la femme enceinte, son alimentation, le bon suivi des consultations prénatales, l’accouchement dans une maternité, soins néonatals) auxquels les parents doivent se préparer et celle de la tendre enfance dans la communauté où ils ne doivent pas se considérer comme des acteurs ou des spectateurs passifs.
Nourri de ce slogan, l’ONG ENHA fait de la sensibilisation des parents une priorité et s’investit dans le social et la santé de l’enfant. Et cela grâce à son engagement, son dynamisme et au concours de ses partenaires d’ici et d’ailleurs pour atteindre ses objectifs et accomplir ses missions. Ces activités portent principalement sur la santé, la nutrition, la protection, la croissance, le développement psychomoteur et l’éducation de l’enfant en milieu rural et semi-urbain. L’ONG Enfance Harmonieuse a, en si peu de temps, matérialisée son engagement et ambitions dans le Canton Ahaly de Brobo par des nombreuses réalisations tangibles. Il s’agit notamment de la construction et la livraison d’une école maternelle suivi du raccordement de cette école, au réseau électrique national, de sa dotation d’une aire de jeu, la construction d’un centre d’action communautaire pour l’enfance, le lotissement d’un espace pour la création d’un groupe scolaire, la tenue de conférence en milieu rural sur l’allaitement exclusif et les problèmes liés à sa mise en œuvre, la contribution à l’enquête sur les nouveau-nés nés à domicile, leur alimentation, la morbidité et la mortalité néonatale précoces et tardives et de leur survie dans les cinq Tribus du Canton Ahaly ayant fait l’objet de quatre thèses de Doctorat en Médecine soutenues et des communications et publications scientifiques.
La cerise sur le gâteau, fait remarquer Pr Plo, c’est la « Noël de Rêve des Enfants en Milieu Rural » qui sera à sa quatrième édition cette année 2022. C’est une fête foraine qui a lieu chaque année à tour de rôle dans un village chef-lieu d’une Tribu du Canton Ahaly pour les enfants défavorisés et valorise le couple mère-enfant. Ces fêtes foraines constituent pour ENHA d’excellentes occasions pour inviter les parents à plus de responsabilité vis-à-vis de leur progéniture, indique le pédiatre.
La cantine en milieu rural permet à l’enfant d’être socialisé
Pour le secrétaire général de l’ONG, Pr Assé Kouadio Vincent, la socialisation de l’enfant, notamment en milieu rural, passe également par la nutrition. Il explique qu’on naît avec deux goûts, le sucré et le goût aigre, car, tous les autres goûts sont appris. Selon lui, l’enfant, plus jeune, est en contact avec des mets variés, cela va développer sa capacité à aimer plusieurs nourritures, à ne pas être sélectif dans la nourriture. « On voit beaucoup d’enfant qui ont deux, trois, quatre ans qui mangent seulement une seule nourriture. Un tel enfant, il est beaucoup plus enclin à faire des maladies, alors que celui qui a des goûts variés, s’adaptent beaucoup plus dans la société parce qu’il n’est pas appelé seulement à vivre chez ses parents, il est appelé à échanger avec d’autres personnes, c’est dans ce sens que je pense qu’il y a une socialisation par l’alimentation », a expliqué Pr Assé.
« En même temps qu’on apprend d’autres choses, on apprend le savoir, on apprend aussi les goûts, on apprend à manger autre chose. L’école à travers la cantine, est un moyen pour permettre aux enfants de développer leur goût alimentaire et ne pas être sélectifs. C’est très important parce que cela va renforcer le système immunitaire des enfants et cela va permettre à l’enfant d’éviter des maladies allergiques qu’on voit fréquemment aujourd’hui », a-t-il ajouté.
Pour le pédiatre, il est essentiel d’insister sur le fait que, les trois principaux repas de la journée sont vraiment importants avec les collations, surtout qu’en milieu défavorisé, il y a beaucoup d’enfant qui sont anémiés. Il a expliqué que l’intervention nutritionnelle de l’ONG, a permis aujourd’hui, avec un recul de deux ans, de constater que dans ce groupe de quelques 130 enfants qu’elle encadre, il n’y a pas un seul qui a fait une anémie, même modérée pour dire sévère pour nécessiter une hospitalisation.
« Dans cette population, avec l’intervention nutritionnelle, on a très peu qui tombent malade et quand ils tombent malades, c’est les petites fièvres qui rapidement rentrent dans l’ordre et cela a permis de stabiliser les enfants à l’école et cela permet aux parents d’être beaucoup plus productifs. Puisque, quand ils sont des cultivateurs pour la plupart du temps, et qu’ils vont dans les champs, ils ont l’assurance que leur enfant, est en sécurité », a-t-il indiqué.
Selon Pr Assé, la cantine fonctionnelle dont dispose l’ONG, a une particularité, celle de donner du chocolat chaud aux enfants, notamment à 10 heures. Le pédiatre a expliqué que le chocolat peut permettre de prévenir l’anémie des enfants. « Au lieu de leur donner des médicaments, par l’alimentation équilibrée et riche, on peut contrôler l’anémie. On vient d’avoir un appui de CEMOI chocolat qui nous a fait la dotation pour une année pour ces enfants. Il est important de relever que des gens nous font confiance », a-t-il indiqué.
Il a fait remarquer que, au quotidien, un repas équilibré et varié, s’appuyant sur les mets locaux (cela est une originalité), est offert aux mômes pour les emmener à avoir une diversité de goût. Les enfants, indique le professeur, prennent des sauces de nos régions (sauce aubergine, djoumgblé, arachide, gombo), avec du riz, de l’igname, du ragoût, des pâtes alimentaires, du couscous (…). « C’est dire que c’est un projet qui permet à l’enfant qui quitte là, de pouvoir s’adapter dans n’importe quel milieu du point de vue nutritionnelle », a relevé le pédiatre.
Pour le secrétaire général de l’ONG ENHA, « cette prise en charge nutritionnelle unique dans la région impacte favorablement la santé de ces enfants d’âge préscolaire du milieu rural. Ils sont ainsi à l’abri de la malnutrition et ont une meilleure croissance et un développement cognitive optimal ».
Un grand projet à impact social important
Pr Assé a fait remarquer que le projet de l’ONG ENHA, dans son ensemble, est un grand projet qui a un élan, un impact social important aussi bien pour l’enfant, pour son développement mais également pour l’économie. Il a estimé que cela permet de générer beaucoup d’économie au niveau de la famille.
Il a fait remarquer que le projet a mis en place une école bâtie sur un terrain d’environ un hectare 300 mètres qui appartient au village (Koundanou), à la communauté et qui figure sur le plan de lotissement.
« Sur ce terrain vous avez l’aire de jeu des enfants qui est en construction et donc, on a encore des efforts à faire, ensuite le bâtiment pour les 130 enfants qui comporte trois classes plus le bureau du directeur, des toilettes modernes achevés, utilisées et fonctionnelles qui permettent l’encadrement des enfants », a expliqué Pr Assé.
Poursuivant, il a indiqué que pour les enfants handicapés (déjà identifiés), il reste à pourvoir en enseignants spécialisés dans la prise en charge, d’où la collaboration amorcée avec la direction régionale de Famille, de la Femme et de l’Enfant pour aider dans ce sens.
Après donc l’école maternelle, l’ONG poursuit depuis 2017, ses activités éducatives par le projet de construction du complexe socioéducatif Père Vincent Guerry de Koundanou en faveur des enfants en situation vulnérables ou porteurs d’handicap dont l’insertion à l’école maternelle pose problème du fait de leur spécificité.
Selon Pr Assé, une enquête dans les 68 villages de la localité de Brobo pour faire l’état des lieux de ce problème, a permis d’identifier 100 enfants âgés de moins de 15 ans porteurs de handicaps divers. « Ces enfants sont livrés à eux-mêmes, abandonnées à leur sort à la charge des parents (souvent la mère) et considérés à tort comme des enfants serpents ou sorciers dans la majorité des cas », a-t-il indiqué.
Les acquis actuels pour le projet de l’ONG sont constitués d’un bâtiment de trois classes équipées en matériels didactiques et pédagogiques avec bureau pour la direction, des toilettes modernes pour les enseignants et les enfants, une cantine, rappelle-t-il. Ce dispositif a permis durant l' année scolaire 2021-2022 de scolariser 83 enfants en situation vulnérable non porteurs d’handicap, fait-on remarquer.
Pour Pr Assé, la perspective actuelle est de finaliser rapidement ce projet en construisant un centre d’éducation spécialisé équipé avec internat et un centre social doté en matériel et personnels qualifiés pour permettre une meilleure prise en charge des enfants porteurs d’handicap et marginalisés.
gak/ask