Depuis 2012, la Côte d’Ivoire s’est lancée dans une course aux grands travaux pour mettre à niveau son principal port, celui d’Abidjan, après une décennie de ‘’désinvestissement’’ du fait de la crise qu’elle a traversée. Ces grands travaux ont permis notamment d’agrandir et approfondir le canal de Vridi et de construire un nouveau terminal à conteneurs, qui permettent aujourd’hui au port d’Abidjan, d’accueillir les plus grands navires longeant la côte ouest africaine. L’infrastructure a ainsi pu jouer sa partition dans la gestion des flux commerciaux qui ont soutenu la forte croissance économique de ces dix dernières années, en particulier en ce qui concerne les exportations agricoles.
En plus du terminal fruitier du port d’Abidjan, spécialisée dans le traitement des cargaisons de fruits, Abidjan Terminal, le concessionnaire du premier terminal à conteneurs du port d’Abidjan, s’est également positionné sur le segment des exportations de produits agricoles par conteneurs. Un pari dont le succès va de pairs avec des gains de compétitivité à conquérir au niveau de l’écosystème portuaire de la capitale économique.
D’après les derniers chiffres disponibles pour la période de mars à juillet 2023, Abidjan Terminal a traité, en termes de volumes agricoles, à l’export, 88 861 TEUS (EVP, équivalents conteneurs vingt pieds). Un chiffre qui révèle une hausse notable des volumes sur les conteneurs frigorifiques banane et sur le cacao.
Dans le cas particulier du cacao, sur les six premiers mois de l’année, de janvier à juillet, la quantité de fèves traitées a augmenté de près de 10% en rythme annuel à 39 612 tonnes. Une augmentation qui a été plus marquée pour la banane avec une progression annuelle de 34% à 6 663 tonnes sur la même période.
Il faut toutefois souligner que les exportations conteneurisées de spéculations agricoles restent essentiellement confinées à quelques produits tels la banane, et à d’autres produits de rente comme le cacao, le café, l’hévéa et surtout la noix de cajou, dont les volumes transformés localement sont de plus en plus importants et nécessitent des exportations en conteneurs. Selon les statistiques collectées auprès d’Abidjan Terminal, l’entreprise a exporté entre janvier et août 2023, plus de 879.380 tonnes de cajou, faisant du 1er terminal à conteneurs du port d’Abidjan, la principale porte de sortie du cajou ivoirien.
D’après les données du port d’Abidjan, le trafic de conteneurs a été de 787 314 EVP en 2021, en progression annuelle de 3,6%.
En effet, la célérité de traitement des marchandises est une faille souvent reprochée aux ports africains, et celui d’Abidjan ne fait pas exception, surtout qu’elle constitue le principal avantage du transport en conteneurs.
« Il est indispensable d’accroître la performance des ports d’Afrique pour libérer la croissance et le développement du continent. Ces ports sont autant de points d’accès vitaux pour le commerce et les échanges ; leur efficacité contribue à la sécurité alimentaire et constitue également un facteur déterminant pour le plein épanouissement économique de l’Afrique. », a indiqué en mai 2023, Martin Humphreys, économiste principal spécialisé dans les transports à la Banque mondiale.
115 milliards FCFA d’investissement depuis 2003
L’enjeu est grand pour le port d’Abidjan, autant que pour Abidjan Terminal, qui cherche à figurer comme la principale porte d’entrée de la côte ouest africain alors que la concurrence est de plus en plus vive avec le port de Lomé, mais également avec la mise en service du port en eau profonde de Lekki, au Nigéria, et l’ouverture annoncée du port de Ndayane, au Sénégal, dont les travaux ont démarré. Dans ce contexte, malgré les importants investissements réalisés par le port d’Abidjan ces dernières années, des défis à la compétitivité demeurent. « La congestion régulière de l’accès au port, les démarches administratives, l’attente des navires en mer, avant d’accoster, le temps de traitement des conteneurs, sont des goulots sur lesquels il va bien falloir travailler e pour réduire les coûts portuaires et gagner en compétitivité », indique le directeur d’une compagnie logistique basée à Abidjan qui ne se lasse pas de disserter sur les ‘’lenteurs’’ des opérations d’import-export qui grèvent ses marges.
Consciente de cette problématique, Abidjan Terminal a accéléré ses investissements pour faire face à cet environnement en mutation. L’opérateur indique l’arrivée très prochaine de 2 portiques de quai et 5 portiques de parc. Il dispose aujourd’hui de 5 portiques de quai et de 20 portiques à parc (RTG). Des équipements nécessaires à améliorer son excellence opérationnelle et gérer au mieux la croissance continue des volumes, notamment sur les produits agricoles, dont une part de plus en plus importante est transformée localement et exportée désormais en conteneurs, sous la forme de produits semi-finis.
« Nous sommes dans un processus d’amélioration continue de nos services pour répondre à la forte croissance de l’économie ivoirienne. A ce titre, nous avons travaillé à accroître notre productivité qui est passée au cours de cette année de 48 h à 32 h pour des navires transportant jusqu’à 3000 TEUS. Nos cadences se sont également améliorées avec plus de 40 mouvements par heure », explique Asta-Rosa Cissé, Directrice générale d’Abidjan Terminal.