Dr Korotoumou Koné épouse Coulibaly est la présidente de l’Ong "Performance et bien-être". Elle a eu, le samedi 28 octobre 2023, une rencontre avec la presse à Abidjan. Plusieurs points ont été au centre des échanges de celle qui fut également candidate à la présidence de la MUGEF-CI.
Depuis bientôt deux ans et après votre défaite, pourquoi on ne vous avait plus entendu parler de la MUGEF-CI ?
Je ne parlerai pas comme vous de défaite. Vous savez, l’élection à la MUGEF-CI est très complexe, la constitution de la candidature pour les élections de la mutuelle obéit à une procédure qui tient compte de plusieurs éléments. Il s’agit d’avoir des représentants dans différents corps de métiers avec des proportions distinctes en fonction des effectifs des fonctionnaires par région. Les candidats sur la liste doivent produire un certain nombre de documents administratifs dont des extraits, casiers judiciaires et autres.
Certaines pièces constitutives de certaines personnes sur la liste d’Abidjan pour laquelle j’étais la tête de liste ont été rejetées à quelques jours de la date limite de dépôt des candidatures. C’est ainsi que notre liste d’Abidjan a été recalée, affaiblissant par la même occasion les listes des autres régions retenues. Cependant, les scores obtenus dans les régions de Korhogo, Bondoukou, Sinfra, Séguéla, nous ont fait réaliser que les mutualistes avaient adhéré pleinement à notre projet de campagne.
Donc votre silence ne veut pas dire que vous aviez tourné le dos à vos partisans, ainsi qu’à la mutuelle surtout que vous avez lancé, entretemps, les activités de votre Ong ‘’Performance et bien-être’’ ?
Nous n'allons jamais tourner le dos à nos partisans ; d’ailleurs ils sont les plus concernés par l’Ong qui a été créée par eux et pour l’ensemble des fonctionnaires en priorité. Cette Ong, en réalité, a été créée pour garder le lien indéfectible qui existe entre les mutualistes et nous.
Justement, comment se porte "Performance et bien-être", et quel est le point des actions menées ?
Il faut dire que l’Ong se porte très bien, nous sommes dans une phase d’implantation de l’Ong, pour la faire connaître véritablement par l’ensemble des mutualistes d’Abidjan et de l’intérieur. D’ailleurs beaucoup de mutualistes entrent en contact avec nous pour savoir comment adhérer et participer à nos activités.
Parlant d’activités, nous pouvons citer, entre autres, la présentation de l’Ong, couplée du lancement des activités à Ivotel-Plateau devant un parterre de journalistes et de personnalités… Puis nous avons fait une campagne de sensibilisation sur le cholestérol à travers le pays, notamment dans les villes d’Abidjan, Daloa, Bondoukou, Bouaké… à l’entrée desquelles villes vous pouviez noter la présence de grands panneaux publicitaires invitant la population à faire attention au cholestérol, puisque nous avons déclaré l’année 2023 "Année du cholestérol". Ensuite, nous avons fait une campagne de dépistage et de sensibilisation toujours sur le cholestérol à Dabakala. Nous avons une activité en vue avant la fin de l’année à Abidjan. Nous profitons de l’occasion pour demander à tous les mutualistes et tous les fonctionnaires de se joindre à nous afin de faire de cette activité une réussite totale.
Vous rencontrez la presse à un moment où la MUGEF-CI lance une opération de dépistage de ses adhérents… Il nous revient que cela faisait partie de vos propositions pendant les élections…
Je suis heureuse de constater que l’équipe dirigeante de la mutuelle s’est appropriée (…) un pan de notre projet de campagne, à savoir la prévention des maladies chroniques. J’espère que la mise en œuvre sera comme nous l’avons souhaitée à la conception.
Pensez-vous que cette opération est menée comme il se doit par la mutuelle ?
Nous attendons de voir, car pour l’instant, nous n’avons pas d’information claire, ni sur le mode de financement ni sur le mode opératoire. Ce n’est qu’après avoir eu des informations sur ces détails que nous pourrions valablement donner une opinion. Cependant, nous avons des inquiétudes.
Les soins et la fonction maladie sont-elles satisfaites aujourd’hui pour que la MUGEF-CI se permette d’agir dans la prévention, selon vous?
Vous posez-là une question très pertinente. En effet, si la maladie nécessite des soins curatifs, cela n’exclut pas toujours de faire de la prévention, mais cela devra être très mesuré. Je vous explique, la prévention des maladies chroniques est importante mais pas une urgence médicale. La mise en œuvre demande une certaine maîtrise du concept car le dépistage se fait surtout chez les personnes à risque. C’est un projet coûteux, je ne vous dirai pas mes sources de financements au niveau de l’Ong, mais dans le cas de la mutuelle, je suis curieuse de savoir comment cette activité sera financée.
Selon vous, combien peut coûter cette action de prévention à terme, puisqu’elle est gratuite et que les dirigeants de la mutuelle affirment qu’elle coûte 90 mille FCfa par personne ?
Cela dépend du contenu qu’on veut donner à la prévention. Quelles sont les pathologies qui seront prises en compte ? Avec quels moyens ? Autant d’éléments dont la prise en compte nous permettront d’établir un budget approprié. On nous parle de 90 000 FCfa par personne, cela fait véritablement un lourd budget pour la mutuelle. C’est pour cela que nous nous inquiétons en même temps que nous nous posons des questions.
Où pense-t-on trouver autant d’argent pour financer cette campagne, quand on sait les difficultés que connaît notre mutuelle pour prendre en charge les soins curatifs qui sont pour nous une nécessité absolue ?
Est-ce que ce sont les fonds de la mutuelle prévus pour les soins curatifs qui seront utilisés à cette fin, sachant que la prévention ne rentre pas dans le domaine d’action de la mutuelle ? Autant de questions que nous mutualistes devons-nous poser. On espère que les organes de régulations veilleront à ce que les textes soient respectés.
Avez-vous passé des consignes et un mot d’ordre malgré vos réserves ?
Si le projet est bien exécuté et qu’il n’est pas fait au détriment des soins curatifs, qui demeurent les plus importants, nous serons honorés et nous lancerons à travers nos réseaux de communication des appels aux mutualistes pour qu’ils s’approprient cette opportunité.
À votre niveau, vous avez choisi de faire de la prévention ciblée par pathologie. Dans votre vision, qui doit prendre en charge les coûts de la prévention ?
Répondre à cette question revient en réalité à déballer tout le processus de financement de notre projet. Pour l’instant, nous pensons que ce n’est pas encore le moment d’en parler.
En janvier 2022, lors d’un message de nouvel an, vous aviez souhaité un succès à l’équipe actuelle… Pensez-vous qu’elle est sur le chemin de la réussite, et que les attentes des mutualistes sont satisfaites ?
Les préoccupations des mutualistes lors de notre enquête avant la campagne électorale portaient à plus de 70% sur les soins curatifs. Quand on dirige sans projet initial, on passe à côté du plus important.
Au vu de la situation, peut-on déjà dire que vous vous lancerez encore dans la course lors des prochaines élections ?
Il s’agit aujourd’hui tout simplement de se prononcer sur le fonctionnement de notre mutuelle commune. Vous savez, je suis avant tout un mutualiste. Concernant la candidature aux prochaines élections, c’est une décision d’équipe, ce n’est pas que moi qui décide de cela, et puis après tout, il y a encore du temps qui nous sépare des élections. Beaucoup de choses peuvent se passer.
De façon générale, vous qui êtes médecin, que pensez-vous de la Couverture maladie universelle (CMU) d’une part, et du bilan du gouvernement en matière de santé, d’autre part ?
La CMU est une bonne initiative, de nombreux efforts sont faits en vue de l’améliorer. En tant qu’endocrinologue et diabétologue, la prise en compte des maladies chroniques dans le panier de la CMU a été un grand soulagement pour nos patients.
Quel est votre appel à la fin de cet échange avec la presse ?
Nous voulons encore vous dire merci pour cet échange, et ce temps que vous m’accordez et qui me permettent de m’adresser à l’ensemble des mutualistes. La vie de la mutuelle nous tient très à cœur, et nous pouvons dire aux mutualistes que nous nous tenons disponible à leurs côtés pour mener le vrai combat : le combat du bien-être des mutualistes. Partout où leurs intérêts seront en cause, nous serons-là avec eux pour les défendre.
Propos recueillis par JP