La campagne 2024 de cajou a été officiellement ouverte le mercredi 21 février dernier, soit plus de 3 semaines après la campagne qui commence chez les producteurs dès fin janvier.
L’ouverture officielle s’est faite avec l’annonce du prix de référence fixé à 275 FCFA le kilogramme et voit depuis, cette annonce comme chaque année, les acteurs de la chaîne de valeur s’activer pour essayer de rattraper le retard et démarrer leurs activités. Une situation récurrente que tous les acteurs de l’industrie de cajou dénoncent.
Cependant, cette année pour la première fois, côté transformateurs ivoiriens, c’est le calme plat avec aucune livraison de noix brutes et l’attente angoissante d’une décision gouvernementale de renouvellement du programme d’approvisionnement et d’appui qui tarde à se décider. *Un proche des discussions confie « Le CCA responsable des approvisionnements de 9 transformateurs nationaux dans le cadre du programme du CCA a toujours été reluctant à livrer des noix de cajou aux transformateur nationaux en concurrence avec les exportateurs asiatiques ».
Les 9 sociétés de transformation d’amandes de cajou qui bénéficient depuis 2019 du soutien du gouvernement à travers le programme d’approvisionnement du CCA qui est en réalité un stock d’amorçage qui équivaut à la mise à disposition de chaque usine, de 20% de sa capacité de transformation par le conseil coton anacarde ( CCA), sont cette campagne de simples spectateurs alors que les multinationales exportatrices envahissent le terrain et achètent à tour de bras toute la bonne qualité de noix brute de cajou disponible en début de campagne .
Cette situation est la conséquence de l’absence de décision quant au renouvellement du programme d’approvisionnement du CCA qui permettrait aux membres du programme d’approvisionnement de commencer à acheter des noix brutes et les transformer.
Les deux années précédentes le CCA n’a pas livré le stock d’amorçage (20 pour cent des capacités) en début de campagne, afin que les transformateurs puissent nantir à la BNI ce stock d’amorçage et acheter les 80 pour-cent restants de capacité de leur usine, comme le prévoyait le plan mis en place par la primature en 2022.
Dans les faits, depuis deux ans les transformateurs réceptionnent les 20 pourcents en fin de campagne, ce qui ne leur permet pas d’acquérir les 80 pour-cent restants de leur capacité. En outre l’achat de ces 80 pourcents que les transformateurs nationaux ne peuvent acquérir, conditionne l’obtention de subventions réservées aux nationaux mais que ces derniers ne peuvent donc obtenir en raison du défaut de livraison par le CCA.
Un expert d’une ONG spécialiste dans la filière confie « Cette situation de non-livraison dans les délais par le CCA oblige les transformateurs nationaux à tourner à 20 pourcents de leur capacité et cela sans subventions, puisque les subventions sont payées seulement sur les 80 pourcents ».
« Face à cette situation de non-livraison, c’est tout le secteur de la transformation de cajou par les nationaux qui sera en faillite d’ici quelques jours, soit plus de 10 000 emplois et 20 milliards d’investissement de nationaux. »
« Les sociétés continuant de payer leurs employés ainsi que les frais bancaires et les prestations sociales sans pour autant avoir cette saison des noix brutes pour produire, sont dans une situation des plus précaires ».
« Une usine de transformation qui ne peut s’approvisionner est une usine vouée à la faillite »