L’Académie Internationale de Lutte Contre le Terrorisme (AILCT) consolide sa position de pôle stratégique en Afrique de l’Ouest dans la lutte contre la menace djihadiste. Le jeudi 22 mai 2025, à l’Hôtel Palm Club d’Abidjan, l’institution a organisé une conférence de restitution de trois études menées par son Institut de Recherche Stratégique (IRS). L’événement a réuni chercheurs, experts en sécurité, responsables militaires et représentants institutionnels.
Dans son allocution, le directeur général de l’AILCT, le Colonel Joseph Allah Kouamé, a réaffirmé la mission globale de l’Académie :
« L'Académie a été conçue pour cerner la menace terroriste sous toutes ses formes, à travers trois piliers complémentaires : la formation de cadres, l’engagement opérationnel et la réflexion stratégique. »
Se prononçant sur l’importance de la production de savoir pour une meilleure compréhension du phénomène terroriste, le Colonel Kouamé a précisé que l’AILCT ambitionne d’« éclairer la décision » grâce à une recherche appliquée, rigoureuse et pertinente.
La première thématique abordée portait sur la radicalisation carcérale en Afrique de l’Ouest, exposée par le chercheur associé Abdel Nasser Elyessa. L’étude met en lumière un phénomène inquiétant : les établissements pénitentiaires, censés être des lieux de rééducation, deviennent parfois des foyers de radicalisation. D’où la proposition centrale : la création ou la dynamisation d’un renseignement pénitentiaire formel, capable de détecter et de prévenir les signes de radicalisation en milieu carcéral.
Le deuxième sujet a concerné l’extrémisme violent, les flux migratoires et la problématique d’insertion des réfugiés dans le tissu économique et social au nord de la Côte d’Ivoire. Présentée par le professeur Anicet Zran, cette analyse met en évidence les tensions sociétales amplifiées par l’arrivée de populations déplacées, souvent perçues comme des poches de vulnérabilité exploitables par les groupes terroristes.
Quant au Dr Aziz Moumouni, enseignant-chercheur à l’Université de Parakou (Bénin), il a présenté son étude sur le djihadisme féminin dans les zones frontalières sahéliennes. Une problématique encore peu explorée, qui révèle pourtant l’implication croissante des femmes dans les structures terroristes, tant comme exécutantes que comme stratèges.
Prenant la parole à son tour, le Dr Diarra Lassina, directeur de l’IRS, a souligné la pertinence des travaux menés :« Nous recommandons la mise en place d’un renseignement pénitentiaire formel, capable d’interagir efficacement avec les autres services de l’État. »
M. Cissoko Souleymane, Conseiller technique chargé du terrorisme, du contre-terrorisme et des menaces hybrides, représentant du conseiller spécial du président de la République, coordinateur national du renseignement, a rassuré :
« Quelques attentats ont été déjoués par les services de défense et de sécurité, mais malheureusement, celui de Bassam est survenu. Depuis lors, les autorités ivoiriennes, sous l’impulsion du président de la République, ont massivement investi dans le renseignement et la sécurité, en plaçant toute la zone nord sous statut opérationnel. »
Les ambassadeurs de la Confédération suisse et de l’Australie, partenaires de l’Académie, ainsi que l’Union européenne qui a financé ce projet à hauteur de 600 000 euros, soit environ 400 millions de francs CFA, ont salué cette initiative et se sont engagés à accompagner toute action visant à lutter contre le djihadisme.
Cyprien K.

