La République de Côte d'Ivoire et l'Union Européenne (UE) ont annoncé la signature d'un nouveau protocole (2025-2029) relatif à la mise en œuvre de l'Accord de Partenariat Pêche Durable (APPD) de 2008 selon un communiqué partagé à Abidjan.net ce lundi 16 juin 2025. Signé le 6 juin 2025 à Bruxelles, ce protocole remplace le précédent, arrivé à expiration le 31 juillet 2024, et marque une nouvelle ère de coopération mutuellement bénéfique dans le secteur de la pêche.
Le protocole 2025-2029, qui court sur quatre ans, s'appuie sur les acquis des précédents accords tout en intégrant des améliorations significatives pour la Côte d'Ivoire. L'accord octroie l'accès aux zones de pêche ivoiriennes à 32 navires thoniers européens (25 senneurs congélateurs et 7 palangriers de surface). Il est important de souligner que ces navires ne ciblent que le thon, une espèce hautement migratrice, et opèrent au-delà des 12 milles marins (environ 22 km) des côtes. Cette zone est inaccessible aux unités de pêche locales en raison de leurs capacités techniques, garantissant ainsi l'absence de compétition directe pour la ressource entre les flottes européennes et les pêcheurs ivoiriens.
La contrepartie financière annuelle de l'Union européenne s'élève désormais à 485 403 000 FCFA, contre 447 256 900 FCFA pour le protocole précédent, soit une augmentation de 8,5 %. Sur les quatre ans, cela représente un montant global de 1 941 612 000 FCFA pour un tonnage de référence de 6 100 tonnes.
Cette somme est répartie entre une contribution pour l'accès à la ressource, fixée à 200 067 750 FCFA par an, et un appui sectoriel annuel de 285 335 250 FCFA destiné à soutenir la politique de pêche de la Côte d'Ivoire.
Les opérateurs contribuent également de manière plus significative. Les navires thoniers senneurs verront leurs contributions augmenter de 57,48 % pour les deux premières années, avec un montant annuel de 7 871 400 FCFA, et de 43,41 % à partir de la troisième année, avec une contribution de 8 364 862,5 FCFA par an.
Pour les palangriers de surface, les augmentations sont de 66,66 %, soit 2 623 800 FCFA par an pour les deux premières années, et de 51,78 %, soit 2 788 037,5 FCFA par an à partir de la troisième année.
Par ailleurs, le prix de la tonne de thon passe de 72 154,5 FCFA à 88 553,25 FCFA, soit une hausse de 22,73 %.
Ce nouveau protocole présente des retombées positives considérables pour l'économie et le développement ivoirien. L'accord va stimuler la fréquentation du port de pêche d'Abidjan, consolidant ainsi sa position de deuxième port thonier mondial après le Japon, grâce à ses infrastructures portuaires de pointe. Les captures des thoniers européens contribuent directement à l'approvisionnement des conserveries et entrepôts frigorifiques locaux, favorisant le développement de l'industrie de transformation. Le thon étant une source de protéines essentielle pour les populations ivoiriennes à faible revenu, ce protocole assure un approvisionnement régulier et suffisant du marché ivoirien, permettant de maintenir un coût abordable pour ce poisson de grande consommation, en l'absence d'une flottille thonière nationale. Les activités générées par cet accord créeront plus de 28 000 emplois, dont 8 000 emplois directs et 20 000 emplois indirects, stimulant ainsi le secteur de la pêche et les industries connexes. Contrairement à d'autres accords dans la région, le protocole ivoirien est exclusivement thonier et ciblé sur la haute mer, sans impact négatif sur la pêche artisanale. Il apporte par ailleurs un appui significatif à la lutte contre la pêche INN, au développement de l'aquaculture et au soutien à la pêche artisanale.
Soucieuse de préserver ses intérêts et de développer son potentiel halieutique, la Côte d'Ivoire s'est engagée dans une révision approfondie de ses accords de pêche. L'adoption de la Politique Nationale de Développement de l'Élevage, de la Pêche et de l'Aquaculture (PONADEPA) le 19 janvier 2022, à travers sa stratégie nationale de gestion des pêches (SNGP), en témoigne. Cette politique vise notamment le développement d'une flotte thonière nationale, en incitant le secteur privé à investir dans ce domaine stratégique pour atteindre l'objectif de la souveraineté alimentaire.
Cyprien K.

