La situation est revenue au calme dans plusieurs villes de l'ouest du Mali où des positions de l'armée ont été visées par des attaques jihadistes coordonnées.
Tôt mardi, des jihadistes ont attaqué des positions de l'armée dans sept localités de l'ouest du pays. Notamment la grande ville de Kayes, Nioro du Sahel, Niono, Molodo, Sandaré, Gogui et Diboli. Des attaques simultanées, facilitées par l'utilisation accrue de drones kamikazes par les terroristes, selon l'armée malienne.
Sans les citer, les autorités de Bamako dénoncent l'implication présumée d'Etats étrangers dans ces attaques récurrentes. Pour elles, ces actions terroristes sont « sponsorisés par des états et ne visent qu'à entraver la marche de l'EAS ».
Dans un communiqué mercredi soir, le gouvernement malien a félicité les "vaillants militaires" qui ont selon lui "contenu avec succès des attaques terroristes simultanées contre sept localités de notre pays, avant de neutraliser plus de 80 terroristes".
Le gouvernement dit prier "pour le repos de l'âme des militaires et des civils décédés lors des attaques terroristes". Le communiqué ne précise pas si le gouvernement évoque des victimes des attaques de mardi ou de précédentes attaques jihadistes contre l'armée malienne. Il réaffirme cependant la détermination des autorités à venir à bout du terrorisme.
"L'offensive des forces armées et de sécurité s'intensifiera jusqu'à l'éradication totale du terrorisme", ajoute le communiqué.
Toutefois, le Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), un groupe lié à Al-Qaïda qui a déclaré être à l'origine des attaques, a déclaré avoir pris le contrôle de trois casernes de l'armée.
Attaques coordonnées
Il s'agit de la troisième attaque majeure contre des postes militaires dans de nombreuses villes du Mali au cours du mois dernier.
Dans une déclaration diffusée à la télévision nationale, le porte-parole de l'armée, Souleymane Dembele, a déclaré : « L'ennemi a subi des pertes importantes dans tous les endroits où il a affronté les forces de sécurité » : "L'ennemi a subi des pertes importantes dans tous les endroits où il a affronté les forces de sécurité et de défense.
Le colonel Dembele a ajouté que l'armée avait récupéré des armes, des véhicules et des motos aux mains des assaillants.
Africa Corps, le successeur de Wagner, a posté sur X des images de djihadistes morts gisant sur le sol à côté de leurs motos et de leurs véhicules en feu dans l'une des localités.
Auparavant, les forces armées avaient déclaré que les attaques avaient eu lieu dans sept villes, dont Binoli, Kayes et Sandere, près de la frontière avec le Sénégal. Des attaques ont également eu lieu plus au nord, près de la frontière du Mali avec la Mauritanie.
Un habitant de Kayes a déclaré à la BBC qu'on pouvait entendre des coups de feu « partout » pendant l'attaque.
« Le poste de police a été endommagé, ainsi que la maison du gouverneur », a-t-il déclaré, ajoutant que le nombre de victimes n'était pas encore clair.
Le JNIM a qualifié son attaque de « coordonnée et de grande qualité » dans une déclaration publiée sur les médias sociaux. Il n'a pas précisé le nombre de victimes.
Le groupe a également déclaré avoir mené deux autres attaques importantes récemment.
Le 2 juin, des militants ont pris pour cible un camp militaire et un aéroport dans l'ancienne ville de Tombouctou, dans le nord du pays.
La veille, un raid a tué au moins 30 soldats dans le centre du pays.
Ces attaques, dernier signe en date de l'insécurité croissante au Mali et dans l'ensemble de la région du Sahel, interviennent après que le Commandement des États-Unis pour l'Afrique a mis en garde contre les efforts croissants déployés par différents groupes militants islamistes opérant au Sahel pour accéder au littoral de l'Afrique de l'Ouest.
Lors d'une conférence de presse tenue en mai, le commandant du Commandement des États-Unis pour l'Afrique (Africom), le général Michael Langley, a qualifié de très inquiétantes les récentes attaques perpétrées au Nigeria, dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad.
Il a prévenu que l'accès des groupes à la côte renforcerait considérablement leur capacité de contrebande et de trafic d'armes.
Des Indiens enlevés à Kayes
Ce même mardi, trois ressortissants indiens travaillant au Mali ont été victimes d'un enlèvement dans une cimenterie de l'ouest du pays lors d'une attaque armée, a annoncé New Delhi.
Le ministère indien des Affaires étrangères a indiqué mercredi soir que les trois hommes avaient été kidnappés mardi lors d'"une attaque coordonnée" menée par "un groupe d'assaillants armés" sur le site de l'usine à Kayes.
C'est justement, cette grande ville de l'ouest malien a été le théâtre mardi d'attaques jihadistes contre des positions de l'armée, comme six autres localités maliennes.
"Le gouvernement indien a appris que de nombreuses installations militaires et gouvernementales avaient été attaquées par des terroristes dans l'ouest et le centre du Mali le 1er juillet", indique le communiqué de New Delhi.
Les hommes armés, dont l'affiliation n'a pas été mentionnée par la diplomatie indienne, "ont pris de force trois ressortissants indiens en otage", selon le communiqué.
L'ambassade indienne à Bamako est en relation avec le gouvernement malien ainsi qu'avec les proches des personnes enlevées, a ajouté la même source, qui n'a pas dit si elle était en contact avec les assaillants.
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Vigilance à la frontière avec le Sénégal
L'une des localités visées par les jihadistes, Diboli, est située tout près de la frontière avec le Sénégal et à environ 1 Km de la localité sénégalaise de Kidira.
"Les gens vaquent à leurs occupations. L'armée et les éléments du Garsi (Groupes d'actions rapides de surveillance et d'intervention - gendarmerie) ont été déployés pour renforcer la sécurité", a déclaré à l'AFP un responsable administratif local sous couvert d'anonymat.
"Il y a des patrouilles régulièrement, mais elles ont été renforcées pour rassurer les populations. Toutes les dispositions sont prises pour protéger le territoire national", a-t-il ajouté.
En effet, le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires.
Les violences des groupes jihadistes ensanglantent ce pays sahélien depuis plusieurs années.
Raids sanglants au Mali, incursions dans de grandes villes au Burkina, lourdes pertes militaires au Niger: les jihadistes ont récemment intensifié leurs offensives contre les armées au Sahel.
L'armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes d'Africa Corps, chargés notamment de traquer les jihadistes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.
Les juntes au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina peinent à endiguer la progression des jihadistes.
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