Un juge a refusé de libérer sous caution Sean "Diddy" Combs après qu'un jury a reconnu le magnat du hip-hop coupable de transport en vue de se livrer à la prostitution, mais l'a acquitté des accusations les plus graves : racket et trafic sexuel.
Les avocats de l'artiste avaient fait valoir qu'il ne présentait aucun risque de fuite, soulignant que son jet était affrété à Hawaï.
Mais le juge Arun Subramanian a invoqué les antécédents de violence de Combs pour décider que le rappeur devait rester derrière les barreaux jusqu'au prononcé de sa sentence, plus tard dans l'année, où il risque jusqu'à 20 ans d'emprisonnement.
Lors du procès fédéral qui s'est tenu pendant près de deux mois à New York, les procureurs ont accusé Combs d'avoir utilisé sa célébrité et son empire commercial pour diriger une entreprise criminelle de trafic sexuel de femmes.
Un collège de 12 jurés a délibéré pendant 13 heures avant d'acquitter Combs de trois des cinq chefs d'accusation les plus graves qui lui étaient intentés.
Il restera détenu dans la prison fédérale de Brooklyn où il est incarcéré depuis septembre dernier.
La sentence définitive a été provisoirement fixée au 3 octobre prochain.
L'avocat de Combs, Marc Agnifilo, a présenté un plaidoyer passionné pour que le juge libère son client.
L'avocat de la défense a déclaré que Combs avait participé à un programme destiné aux auteurs de violences domestiques pour tenter de réformer son comportement, avant même son arrestation, et qu'il n'avait pas été violent depuis 2018.
"Je pense que nous devrions lui faire confiance", a déclaré Me Agnifilo.
Mais l'ex-petite amie de Combs, la musicienne Casandra Ventura, avait averti le tribunal dans une lettre que le magnat du hip-hop représentait un danger s'il était libéré.
Le rappeur a reconnu avoir été mélé à des violences domestiques, mais a nié avoir eu des rapports sexuels non consentis ou avoir participé à un vaste système de racket.
Le juge Subramanian a déclaré que la libération sous caution était refusée parce que "la défense a reconnu l'existence de violences dans ses relations personnelles".
L'ambiance au tribunal était chargée d'émotion après que les jurés eurent annoncé qu'ils avaient acquitté Combs des accusations les plus graves de racket et de trafic sexuel.
Le trafic sexuel et le racket sont tous deux passibles d'une peine maximale de prison à perpétuité.
Lorsque Combs a appris le verdict, il s'est agenouillé, a enfoncé son visage dans sa chaise et a semblé prier. Il tremblait.
Le verdict intervient un jour après que les jurés ont déclaré à la cour qu'ils étaient parvenus à une décision sur les chefs d'accusation de trafic sexuel et de transport à des fins de prostitution à l'encontre de Combs, mais qu'ils n'étaient pas parvenus à se prononcer sur le chef d'accusation de racket.
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Les jurés ont déclaré qu'ils avaient eu des avis "indiscutables" de part et d'autre sur ce chef d'accusation, qui était le plus complexe de tous les chefs d'accusation auxquels Combs était confronté.
La conspiration en matière de racket, ou la direction d'une entreprise illégale en vertu de la loi sur les organisations influencées par le racket et la corruption (Rico), est le nom officiel de ce chef d'accusation.
Pour que Combs soit reconnu coupable de ce chef d'accusation, les procureurs devaient prouver qu'il avait utilisé son fidèle réseau d'associés pour diriger une entreprise criminelle afin de commettre des délits tels que le trafic sexuel, l'enlèvement, la drogue et l'obstruction à la justice.
Les avocats de la défense ont fait valoir que l'affaire ne pouvait être considérée comme du racket si les membres de l'équipe de Combs n'étaient pas sciemment complices.
Au cours des sept semaines qu'a duré le procès, les procureurs ont appelé à la barre plus de 30 témoins, dont Mme Ventura, le rappeur Kid Cudi, plusieurs ex-employés et des agents de sécurité de l'hôtel.
Ils ont allégué que Combs s'était appuyé sur des employés pour contraindre ses partenaires à participer à ce que l'on appelle des "freak-offs", au cours desquels ses petites amies avaient des relations sexuelles avec un escort masculin pendant qu'il les regardait et les filmait.
Le gouvernement s'est appuyé sur le témoignage de Mme Ventura, qui s'est présentée à la barre des témoins alors qu'elle était enceinte de huit mois, et qui a déclaré au tribunal que M. Combs l'avait poussée à commettre des actes sexuels et l'avait menacée de diffuser des enregistrements de ses ébats si elle désobéissait.
Mercredi, Mme Ventura a prévenu que Combs représenterait un danger s'il était libéré sous caution.
Dans une lettre adressée au tribunal, son avocat Douglas Wigdor a écrit : "Mme Ventura estime que M. Combs est susceptible de représenter un danger pour les victimes qui ont témoigné dans cette affaire, y compris elle-même, ainsi que pour la communauté".
Au centre de l'affaire, une vidéo du rappeur battant et traînant Mme Ventura dans le couloir d'un hôtel de Los Angeles en 2016 - une vidéo de surveillance que des employés de la sécurité ont déclaré que M. Combs avait essayé de les payer pour qu'ils l'effacent.
Les avocats de Combs ont admis que leur client était violent envers les femmes, mais ont soutenu que son comportement était motivé par la drogue et la jalousie, et non par la preuve d'un trafic sexuel et d'un racket plus importants.
Combs fait également l'objet de dizaines de poursuites civiles pour agressions et violences sexuelles.
Le rappeur né à Harlem a fondé Bad Boy Records en 1993, un label qui représentait certains des plus grands noms du hip-hop, dont Notorious B.I.G. et Usher.
Il a ensuite créé une ligne de vêtements appelée Sean John et une série d'autres entreprises, notamment des parfums, de l'alcool et même une société de médias.
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