La 2ᵉ édition de la Semaine du Jeune Avocat organisée par l’Association des jeunes avocats de Côte d’Ivoire (AJA-CI), se tient du 28 juillet au 1er août 2025.
C’est devant la presse et ses confrères réunis à la Maison de l’Avocat, ce lundi 28 juillet, que Maître Léon-Paul Boto, président de l’Association des Jeunes Avocats de Côte d’Ivoire (AJA-CI), entouré de sa vice-présidente Maître Joëlle Omepieu et de Maître Maxime Konan, responsable Stratégie et Perspectives, a donné le coup d’envoi d’une semaine riche en engagements.
Placée sous le thème : « Le jeune avocat face aux défis actuels : résister, s’adapter et rayonner », cette initiative veut être « un carrefour d’échanges, de formation et de réflexions sur les défis auxquels nous sommes confrontés ».
La grande innovation de cette édition est sa délocalisation hors d’Abidjan.
« Gagnoa est une ville cosmopolite, un carrefour. Nous avons voulu quitter notre précarré habituel pour nous rapprocher des populations », explique Maître Boto.
Dans cette région, les jeunes avocats mèneront des consultations juridiques gratuites, des plaidoiries publiques, remettront des dons aux détenus, et animeront des conférences-débats dans les villages, notamment à Guibéroua.
Le concept « L’avocat au village », autre point phare du programme, veut démontrer que « l’avocat n’est pas un mythe, mais un citoyen accessible, utile et mobilisé ».
Au cours de la conférence, le bulletin d’information de l’AJA-CI a été présenté, un nouvel outil de communication destiné à renforcer la proximité avec les justiciables. Dans un propos liminaire fort, Maître Boto a décliné les trois verbes piliers de cette édition : « Résister d’abord, à la précarisation insidieuse de notre métier, aux atteintes à notre indépendance, à la marginalisation de la parole de l’avocat. S’adapter ensuite, aux mutations technologiques, aux attentes sociales, à l’urgence de former, d’innover, d’aller vers les populations. Et enfin rayonner, car nous ne sommes pas de simples survivants du système judiciaire, mais des acteurs du changement. » Il rappelle que les jeunes avocats ivoiriens ne sont pas seulement actifs sur le plan national, mais également à l’échelle régionale, avec la présidence actuelle de la
Conférence des jeunes avocats de l’UEMOA assurée par l’AJA-CI.
La Semaine du Jeune Avocat est aussi un temps de dénonciation. Maître Boto a condamné les violations du Code de procédure pénale, notamment son article 62 : « Aujourd’hui, les arrestations se font sans convocation, sans mandat, sans respect du droit à l’avocat. Nous demandons la stricte application de la loi, et la fin des enquêtes préliminaires nocturnes, entre minuit et 6h, sans la présence d’un défenseur. »
Il appelle donc les forces de sécurité à respecter les quatre modalités légales d’interpellation : convocation, flagrance, mandat d’amener ou mandat d’arrêt. Il invite aussi la population à vérifier systématiquement la qualité de ceux qui se présentent comme avocats : « Vous pouvez le faire sur le site du barreau, demander une carte professionnelle, ou appeler l’Ordre. Cela évitera les manipulations par des usurpateurs. »
Comme pour marquer d’un sceau cette prise de parole engagée, Maître Boto a lancé un appel structuré en sept
plaidoyers. Ils vont de la construction urgente d’un Centre de formation professionnelle des avocats, à des mesures pour désengorger les prisons, mettre fin à la dilution des prérogatives de la profession, faire respecter le droit à l’avocat dès l’interpellation, ou encore valoriser l’excellence chez les étudiants juristes. « Nous sommes une génération sous tension, mais aussi une génération en mouvement. C’est en cultivant notre résilience que nous renforcerons la profession d’avocat et notre démocratie », a-t-il déclaré.
Rk

