La ville de Mopti, au centre du Mali, est touchée par les effets du blocus imposé par la branche sahélienne d'Al-Qaïda, Jama'at Nusrat al-Islam wal-Muslimi (JNIM) sur le circuit d'approvisionnement du carburant dans le pays.
La « tentative délibérée » de déstabiliser le pays, selon des observateurs, rejaillit sur d'autres zones du pays où la pénurie du carburant s'aggrave.
Dans un communiqué, le gouverneur de la ville de Mopti, le Général Daouda Dembele a constaté une « baisse drastique des quantités d'essence et de gasoil disponibles dans les stations-services et chez les vendeurs agréés ».
Cette indisponibilité du carburant touche également d'autres régions comme Kayes, Sikasso où les populations dénoncent une surenchère entretenue par des vendeurs.
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La surenchère
Le gouverneur de Mopti qui regrette déjà la situation, a indiqué que cela a occasionné « toutes sortes de surenchère sur le prix du carburant ».
Selon le journal privé 'L'indicateur du Renouveau', le prix d'un litre du carburant à Mopti était de 700 FCFA (soit environ 1,25 dollar). Il est vendu aujourd'hui à 1 500 voire 2 000 FCFA (soit environ 3,58 dollars).
« Ces derniers jours, les habitants se sont précipités dans les stations-service et les petits commerces pour s'approvisionner. Cependant, les longues files d'attente découragent de nombreux clients qui se tournent vers les commerçants informels », rapporte le journal.
Sur le marché informel, poursuit le journal, les prix oscille entre 1 400 et 2 000 FCFA.
Un commerçant informel cité par le journal, a indiqué que les stations-services refusent de vendre le carburant aux informels à cause de la pénurie. Cela les oblige donc à aller s'approvisionner dans le marché noir à 1 400 FCFA pour revendre à presque 2 000 FCFA.
Une situation « de plus en plus inquiétante » selon un habitant de Dioila
Selon des sources civiles locales qui se sont confiées au journal "L'indicateur du Renouveau", la situation commence à affecter les activités sociales et économiques dans beaucoup de régions au Mali.
« A Macina, une ville du centre-sud du Mali, dimanche (21 septembre), toutes les stations-service ont manqué de carburant, obligeant de nombreux motocyclistes à rester chez eux », a déclaré un habitant.
Un habitant de Dioila, une ville du sud du Mali, qui s'inquiète énormément de la situation, a fait savoir que des propriétaires des camions ont réduit à moitié leurs véhicules « de peur d'être pris en embuscade par les militants » du JNIM.
« Dimanche, certains vendaient le litre à plus de 1 500 (soit environ 2,70 dollars), mais aujourd'hui, le carburant est introuvable », ajoute-t-il.
Les militants du JNIM sont actifs sur les axes routiers depuis le début du mois.
Ce sont les attaques des camions-citernes par des militants du JNIM qui ont provoqué la hausse des prix du carburant dans plusieurs régions du Mali, selon "L'indicateur du Renouveau".
Dans une vidéo diffusée en début de semaine, le JNIM a montré des militants qui arrêtent des camions-citernes sur la route Bamako-Sikasso, avant de tirer sur les véhicules en les incendiant.
Depuis le début de ce mois, le groupe s'est engagé dans une entreprise de blocus de Bamako.
Les 5 et 6 septembre, des hommes armés présumés membres du JNIM ont tendu une embuscade à des camions-citernes en provenance de Côte d'Ivoire à Bougouni, dans la région de Sikasso, au sud du Mali. Plusieurs camions ont été incendiés.
JNIM affirme avoir instauré un blocus sur certains axes, notamment Bamako-Kayes, Kayes-Dakar et Bamako-Sikasso. Cet embargo est décrit par certains observateurs comme « une campagne de sabotage » destinée à affaiblir les autorités maliennes et à « asphyxier » l'économie du pays.
Le gouvernement appelle les populations au calme
Les événements de ces derniers jours ont multiplié les sorties des autorités maliennes qui, conscientes de la situation, continuent de rassurer les populations.
« La situation sécuritaire est relativement calme. Cependant, elle est marquée par des attaques ciblées de groupes armés terroristes sur les grands axes routiers » a expliqué le Général Makan Alassane Diarra la semaine dernière.
S'agissant particulièrement des attaques contre le convoi sur le tronçon Kayes-Sandaré, Sandaré-Diéma, le militaire a indiqué qu'il y a eu vraiment des pertes en matériel.
« Des citernes ont été incendiées. Face à l'attaque, les forces armées ont riposté vigoureusement à travers les troupes au sol comme à travers les raids aériens ».
Il a ajouté que les forces de l'ordre sont disponibles sur les axes routiers et sur les sites industriels.
A Mopti, le Général Daouda Dembele rassure que « des dispositions sont en cours pour un rapide retour à la normale » en ce qui concerne la pénurie du carburant.
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