Situé au quartier Sokoura, sur la route de M’Bahiakro, le bâtiment abritant le camp du CCDO est méconnaissable depuis ce matin. Suite aux attaques d’hier nuit, plusieurs véhicules garés dans la cour ont été calcinés ou détruits par des impacts de balles. Désemparées, les populations continuent de se demander les causes d’un tel déchaînement de violences. « Vraiment, on s’est pas quand ça va finir ces choses là à Bouaké », s’est exclamé Touré Peda, un jeune riverain du camp. Côté autorité, la première à arriver sur les lieux fut le maire de la commune de Bouaké, Djibo Youssouf Nicolas. C’était aux environs de 7h15mn. Au sortir d’une visite du site sinistré, le premier magistrat a lancé un appel à la raison pour l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire et de Bouaké en particulier. « Bouaké a assez souffert, nous ne voulons plus qu’en cette année 2018, ces genres d’incidents dont les répercussions très négatives sur le développement de la ville, se produisent…Dieu merci, il n’y a eu aucune perte en vie humaine et ça, c’est très important. Les raisons pour l’instant, me sont inconnues. Je pense que les autorités vont procéder à une enquête et nous saurons ce qui s’est passé, pour ne plus que cela se reproduise »,a-t-il indiqué. Et d’ajouter : « Je demande aux soldats de savoir garder raison. Quelque soit leur revendication, on ne doit passer par des manifestations aussi brutales qui effraient tout le monde, des partenaires politiques, les partenaires économiques et populations. Au final, c’est l’isolement de la Côte d’Ivoire, le recul de Bouaké. Le président Alassane Ouattara a réussi quelque chose d’extraordinaire depuis qu’il est au pouvoir, mais surtout en 2017 avec la tenue du sommet Ue-Afrique. Cette rencontre a repositionné la Côte d’Ivoire à un très haut niveau. Je supplie nos jeunes militaires de ne pas abimer cet exploit du chef de l’Etat. A notre niveau, en tant que maire, nous avons passé ces dernières années à faire la cour aux chefs d’entreprise et des patrons des firmes multinationales pour qu’ils viennent investir à Bouaké, beaucoup m’ont évoqué la récurrence de ces genres de violences comme l’objet principal de leur hésitation. Donc, au nom de l’amour qu’ils ont pour la Côte d’Ivoire et pour Bouaké, je prie nos fils militaires de revenir à la raison, de penser à la population. C’est ça, ma prière ». Quelques minutes après, c’est au tour du préfet de région, Konin Aka, d’abonder dans le même sens. « Je dirais que Bouaké a trop souffert de ce genre de situation et il faut que ça cesse, il faut chercher d’autre voies pour régler les problèmes parce que Bouaké a besoin de paix, de sérénité pour redécoller. Je l’ai toujours dit quand j’ai pris le service j’ai parlé de plan Marshall pour le développement de Bouaké le gouvernement a beaucoup fait et ces situations que nous déplorons souvent anéantissent tous les efforts du gouvernement donc je voudrais demander aux uns et aux autres de mettre bal à terre et faire en sorte que les populations qui n’ont souvent rien à avoir avec ces problèmes ne souffrent pas trop voilà parce que ce traumatisme permanent est difficile à supporter », a déploré le « gouverneur ». Poursuivant, il a ajouté : « Ce bâtiment qui a été réhabilité il y a à peine deux ans pour pouvoir permettre au CCDO de fonctionner et il vient de partir en fumée ce qui est vraiment dommage. Vous savez comme le dit souvent le Président de la République, il y a toujours des problèmes, dans une société s’il n’y a pas de problème on doit se poser des questions (…) Mais il y a la façon de régler ces problèmes ».
MK à Bouaké, une correspondance particulière
MK à Bouaké, une correspondance particulière