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Société Publié le lundi 15 janvier 2018 | Cote d’Ivoire Economie

Constructions de logements sociaux : entre scepticisme et espoir

© Cote d’Ivoire Economie Par DR
Constructions de logements sociaux : entre scepticisme et espoir
Travaux de voiries au ralenti, sites bloqués par les communautés villageoises pour purge des droits coutumiers non épurée, promoteurs immobiliers financièrement épuisés… Toutes ces difficultés plombent l’avancement du programme de construction de logements sociaux et économiques destiné à créer quelque 150.000 logements d’ici 2020.

La question de l'accès au logement, qui renvoie à un problème de justice sociale, préoccupe les autorités ivoiriennes au plus sommet de l’État. C’est pourquoi le chef de l’État en a fait une priorité de son action gouvernementale en lançant officiellement, en mars 2013, son vaste projet d’urgence de construction de logements sociaux. L’opération de souscription a suscité un réel intérêt teinté d’espoir au sein des populations, toutes couches sociales confondues, au point qu’en quelques jours seulement, plus de 60.000 souscripteurs ont exprimé leur besoin d’être enfin propriétaires d’un toit pour plus de dignité.
Face à cet engouement, l’État a revu son offre à la hausse, estimant entre 150.000 et 250.000 le nombre de logements à mettre à la disposition des Ivoiriens d’ici 2020, bien que conscient de l’écart entre cette offre et les besoins réels en logements en Côte d’Ivoire.

Des besoins croissants

De l’avis des experts et autres promoteurs immobiliers, la Côte d’Ivoire connaît un déficit structurel de 500.000 logements dû aux successives crises que le pays traverse depuis pratiquement 1980. Dans le même temps, la démographie a explosé, si bien que dans les grandes mégalopoles comme Abidjan par exemple, la population est passée de 2,8 millions d’habitants en 1995 à presque 6 millions aujourd’hui, exerçant ainsi une forte pression sur le logement. En termes de besoins, la demande est de 40.000 logements par an, dont 20.000 pour la seule ville d’Abidjan et autant à l’intérieur du pays. Depuis que le programme présidentiel de logements sociaux a été lancé il y a quatre ans maintenant, le ministre de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme, Claude Isaac Dé, indique que 4.000 logements ont déjà été livrés. Le Conseil des ministres du 14 décembre 2017 mentionnait dans son communiqué que 4.407 autres maisons étaient prêtes à être livrées à leurs différents propriétaires avant fin 2017. Au total, moins de 10.000 souscripteurs sur près de 200.000 bénéficient à ce jour ainsi d’un toit, ce qui n’est pas rien, mais aussi loin de satisfaire les besoins exprimés.

Le cercle vicieux du financement

En lançant ce programme de logements sociaux, l’Etat exprimait sa solidarité envers les plus économiquement faibles, estimant que cette frange de la population pourrait être propriétaire d’un logement avec 4,5 millions FCFA, tout au plus avec 7 millions. C’est pourquoi il a accompagné le programme par des mesures fiscales incitatives devant permettre aux opérateurs immobiliers sélectionnés pour la réalisation de ce projet de pouvoir rentabiliser leurs investissements. L’État s’est aussi engagé à viabiliser les différents sites identifiés et à s’occuper de la purge des droits coutumiers.
À en croire le ministre de tutelle, l’État a déjà investi 35 milliards FCFA pour la réalisation des travaux de voiries et réseaux divers (VRD) et plus de 5 milliards FCFA ont été consacrés à la purge des droits coutumiers. Ce qui paraît insuffisant, étant entendu que le montant total des purges s’élève à 10,5 milliards FCFA. Ceci explique les mouvements d’humeur des populations villageoises lorsqu’elles viennent bloquer l’accès aux sites cédés pour la réalisation de cet important projet. Pour relancer la machine grippée sur tous les sites, la ministre Isaac Dé souligne que l’Etat a dégagé 9 milliards FCFA en cette année 2017 en vue de l’achèvement des travaux de voiries et réseaux divers (VRD).
Malgré cette contribution somme toute importante, les opérateurs immobiliers estiment que ce n’est pas suffisant pour leur permettre de rentabiliser leurs investissements, s’ils doivent céder des maisons à 4,5 millions ou à 7 millions FCFA. Selon eux, l’État devrait prendre en compte les travaux non seulement des voies principales des sites, mais aussi des voies secondaires. Ils souhaitent aussi le soutien des banquiers qui ont du mal à financer leurs opérations. D’après eux, un ensemble de faiblesses handicape les performances de la politique de logements sociaux en Côte d’Ivoire. Ce sont entre autres les difficultés d’accès à la propriété foncière, le coût élevé des hypothèques, l’insuffisance de fonds logés dans des comptes à mobiliser pour l’habitat…

L’État reprend la main

Après analyse et pour relancer la machine grippée, l’État a décidé de reprendre la main sur ce programme qui vise la construction de 150.000 logements sur la période 2016-2020. Il a donc revu à la hausse le prix unitaire de vente des logements à caractère économique à 23 millions FCFA hors taxe, et celui des logements à caractère social à 12,5 millions FCFA hors taxe, ce qui fait grincer les dents des souscripteurs. Au cours du Conseil des ministres du 14 décembre 2017, l’État a également pris un certain nombre de mesures urgentes. Il entend mobiliser des ressources pour la purge totale des droits coutumiers et la relance des travaux des VRD. L’État pense aussi que les opérateurs immobiliers n’ayant pas une bonne assise financière devraient céder le pas à ceux dont la surface financière et la confiance des banquiers leur permettraient de poursuivre effectivement les travaux. Il reste à espérer que ces décisions puissent permettre à l'État de tenir ses engagements devant les Ivoiriens à l’horizon 2020.

Alexis Noumé
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