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Société Publié le jeudi 8 février 2018 | Abidjan.net

Enquête-express/ Limitation de l’âge des véhicules importés : à quelques semaines de l’application de la décision, ce que craignent les acteurs

© Abidjan.net Par Mousnabi
Accident de la circulation sur le boulevard lagunaire sens stade FHB-Plateau sud
lundi 16 avril 2012. Abidjan. Un véhicule s`est renversé ce matin sur l`axe stade FHB-Plateau sud créant ainsi un immense embouteillage
Le Gouvernement ivoirien a adopté le mercredi 6 décembre 2017, deux décrets relatifs à l’importation et l’exploitation des véhicules sur le territoire national. Ainsi, il est désormais fixé à 5 ans l’âge d’importation des véhicules de type Tourisme (communément appelés Personnels) et ceux destinés à usage de transport en commun de type taxi. Les minicars de 9 à 34 places et les camionnettes allant jusqu’à 5 tonnes ne devront eux excéder 7 ans d’âge. Les cars de plus 34 places sont désormais limités à 10 ans quand les camions de 5 places et plus devront être âgés de 10 ans maximum.

Dans une conférence de presse qu’il a animée juste quelques heures après la prise desdits décrets, le Ministre des Transports Amadou Koné a expliqué que « face à la situation particulièrement délétère du parc automobile ivoirien, il était plus qu’important pour le gouvernement de prendre des nouvelles règlementations plus soucieuses de l’environnement et qui prennent en compte les problématiques de sécurité routière et du bien-être des voyageurs ivoiriens ».

« Selon les statistiques de la SICTA (structure en charge du contrôle technique automobile), poursuit le ministre, 75% du parc auto ivoirien ont un âge moyen qui oscille entre 16 et 20 ans. Une situation alarmante face à laquelle le gouvernement ne pouvant rester indifférent ».


Mais conscient de ce que le secteur de l’importation des véhicules d’occasion emploie de nombreuses personnes, une période transitoire de 3 mois, à partir de la date de la prise des décrets, a été accordée par le gouvernement avant l’entrée en vigueur du décret portant limitation de l’âge d’importation de véhicules d’occasion.


A quelques semaines de l’entrée en vigueur de la mesure, quelle est la situation sur le terrain et comment les acteurs du secteur de l’importation des véhicules appréhendent ces mesures prises par le Gouvernement ?

Pour la Fédération des Syndicats des Importateurs des Véhicules d’occasion (FSIVO) qui qualifie la décision du Gouvernement de ‘’drastique’’, prendre une telle mesure dans le contexte économique actuel signifie mettre à la rue plusieurs responsables de familles et partant hypothéquer l’avenir d’une frange importante de la population.


‘’Cette décision ressemble à une volonté de fermer notre métier’’, affirme Henri Konan le président de la FSIVO.

« Les importateurs de véhicules s’indignent de la mesure ce d’autant plus que les véhicules de moins de 5 ans représentent 2% du parc auto actuel de la Côte d’Ivoire. Vouloir un parc auto constitué de véhicules âgés de moins de 5 ans signifie exclure l’Ivoirien moyen du bénéfice que procure l’usage d’un véhicule », estime Henri Konan.

Les importateurs de véhicules réfutent la thèse du Gouvernement de lutter contre la pollution à travers cette mesure. ‘’Nous payons pour chaque véhicule importé, la taxe carbone. Aussi avant que le véhicule ne soit autorisé à circuler il subit tous les contrôles par les structures de l’Etat ou agréées par l’Etat. C’est après tout ce processus que le véhicule est autorisé à la circulation. En plus l’Etat a tout pouvoir pour retirer de la circulation tout véhicule pollueur. Cet argument de lutter contre la pollution ne tient donc pas’’, affirme Henri Konan.


Les craintes des acteurs du secteur



Depuis l’annonce de la mesure, des rencontres entre le Ministère des Transports et les acteurs du secteur de l’importation des véhicules d’occasion, suite aux décrets du Gouvernement, ont eu lieu au niveau du Cabinet ministériel et ont permis à ces derniers d’exposer leurs inquiétudes.

En effet selon les acconiers, les ports européens et américains enregistrent un flux important de véhicules attendant d’être acheminés à destination de la Côte d’Ivoire.

« Tous ces véhicules déjà achetés ne pourraient tous être au Port d’Abidjan même dans un délai de six mois ou un an, rétorquent les acconiers. Aussi la Fédération des Syndicats des Importateurs des Véhicules d’occasion s’explique difficilement qu’alors que le secteur d’activités est régi par le Ministère du Commerce de l’Artisanat et des PME, que ce soit celui des Transports qui propose au Gouvernement des projets de décret les concernant ».

‘’Nous répondons du ministère du Commerce, de l’Artisanat et des PME, avec qui d’ailleurs nous avons eu de nombreuses rencontres sur le sujet et nous sommes parvenus même à des points d’accord. Nous sommes surpris que ce soit le ministère des Transports qui n’est pas notre ministère de tutelle qui devient notre interlocuteur sur ce dossier. Nous sommes des importateurs de véhicules donc des commerçants et non des transporteurs. En plus alors que le Ministère des Transports ne cesse de nous dire que cette mesure est irrévocable, il nous convie à des rencontres pour ensemble envisager les éventuelles mesures d’accompagnement. Nous estimons que ces rencontres auraient dû être faites avant que le projet de décret ne soit sur la table du Gouvernement pour adoption’’, clame le président de la FSIVO.

S’il est vrai que force reste à l’Etat, les acteurs du secteur de l’importation de véhicules d’occasion estiment qu’au regard des conséquences que va engendrer l’application de ces décrets, il aurait été plus indiqué et judicieux qu’ils fassent l’objet d’une large concertation avec les différents acteurs du secteur au préalable.

Pour Yves Kouamé, employé dans le privé, cette mesure ne se justifie pas au regard du pouvoir d’achat de l’Ivoirien moyen. ‘’Alors qu’avoir une voiture relève encore à ce jour du luxe alors qu’e c’est une nécessité vu l’étendue de la capitale économique ivoirienne, demander que ne soient importés que des véhicules âgés de 5 ans signifie simplement de priver bon nombre de citoyens de la nécessité d’avoir une voiture’’, estime-t-il. Marlène Tapé n’en dit pas moins. ‘’En Côte d’Ivoire aujourd’hui combien de voitures ont 5 ans et moins, si c’est pas ceux des ministres, Directeurs généraux et leurs proches. Justement parce que c’est pas eux mêmes qui les achètent. Avec cette mesure, ils veulent juste être les seuls à disposer de voitures pour mieux circuler à Abidjan’’.

Selon un agent du Ministère des Transports qui a requis l’anonymat, cette mesure contrairement à ce que tentent de faire croire ses détracteurs, est au profit des populations.


Avec cette mesure il est désormais possible pour le citoyen moyen d’avoir une voiture neuve ou presque à un coût moindre ou équivalent à celui d’un véhicule d’occasion. Cela pour la simple et unique raison que cette mesure permettra d’extirper des rangs les intermédiaires, qui sont à l’origine des faux frais dont leur impact est de rehausser le coût de la voiture.


Aussi avec la prime à la casse au profit des particuliers et des entreprises de transports qui verra bientôt le jour, tous les détenteurs de vieux véhicules ou véhicules usagés pourront s’en débarrasser contre une prime qui pourra les appuyer dans l’achat d’un véhicule beaucoup plus neuf. Cet agent du ministère rappelle que la Côte d’Ivoire, à l’instar d’autres pays a pris des engagements lors de la COP 23 en France, en vue de lutter contre le réchauffement climatique. Et en Etat responsable, elle veille à respecter ses engagements. Et cette mesure en fait partie.


De plus, les textes évoquent des mesures d’accompagnements allant dans le sens de faire bénéficier aux entreprises de transport régulièrement constituées, des dispositions incitatives d’achats de véhicules neufs. Le gouvernement, à cet effet, s’est engagé à instaurer bientôt d’une prime à la casse au profit des particuliers et des entreprises de transports.


‘’Cette mesure, qui du reste est irréversible, est bel et bien au profit des populations. Le Gouvernement n’a pas pour vocation de nuire aux populations mais plutôt de veiller à leur mieux-être. Et c’est ce que fait notre gouvernement’’, conclut-il.


A quelques jours de l’entrée en vigueur de la mesure, l’on ne peut souhaiter que les différentes parties accordent leurs violons pour le bonheur des populations.



Elisée B.
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