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Société Publié le lundi 19 mars 2018 | AIP

Première peine de prison pour dérive sur les réseaux sociaux en Côte d’Ivoire

© AIP Par PRISCA
Tribunal d`Abidjan Plateau: le procès du général Dogbo Blé et des militaires ex-FDS en cours
Mercredi 03 octobre 2012. Abidjan. Palais de justice du Plateau. Poursuite du procès du général Dogbo Blé et des militaires ex-FDS poursuivis pour les crimes commis pendant la période post-électorale
Abidjan - La justice ivoirienne a condamné, lundi Abidjan, un jeune à 12 mois de prison ferme avec une amende de 5 millions FCFA, pour dérive sur les réseaux sociaux, une première dans le pays.

Yao Kouadio Philippe, 31 ans, agent d’entretien et père de quatre enfants, était poursuivi pour avoir appelé au meurtre et à la violence contre les familles de gendarmes sur le réseau social facebook, alors que de violentes émeutes avaient cours dans la ville de M’bahiakro dans le Centre du pays sur à l’assassinat d’une adolescente de 13 ans.

« Il faut commencer à égorger les enfants des gendarmes et nous sommes en train de nous organiser ici à M’Bahiakro. Restez à l’écoute », avait-il écrit, commentant une publication sur ces incidents dans un groupe de discussion sur Facebook.

Ces violences, survenues le 5 mars, avaient fait plusieurs dégâts dont le saccage et l’incendie de la brigade de gendarmerie de la ville.

Lors de sa comparution devant le tribunal correctionnel d’Abidjan, au Plateau, il a reconnu les faits. « J’ai supprimé mon commentaire après avoir constaté les dégâts, et j’ai posté une vidéo pour demander pardon à la nation et aux gendarmes (…) je demande pardon ! », a notamment plaidé l’accusé.

Les juges l’ont reconnu coupable des faits d’«incitation à la violence », mais ont toutefois allégé le réquisitoire du procureur de la République, qui souhaitait une peine de 10 ans pour le prévenu.

« Ces faits sont extrêmement graves. Il était question pour nous de démontrer à tous ceux qui font des dérives sur les réseaux sociaux que, d’abord, nous avons l’arsenal juridique qui permet de les rechercher, de les traquer et de les appréhender », a déclaré le procureur Adou après le procès.

« Nous avons les moyens techniques et technologiques pour aboutir à eux, et enfin, que plus jamais nous n’allons tolérer cela parce que c’est inacceptable qu’on puisse livrer à la vindicte populaire des enfants. C’est ça l’objectif de ce procès », a-t-il insisté, précisant que Yao Kouadio Philippe « a été identifié dans la même soirée après son post sur facebook, et appréhendé le lendemain ».

La défense, jugeant la décision du tribunal « assez raisonnable », a affirmé ne pas avoir l’intention de faire appel.

« C’est une décision pédagogique pour dire aux uns et autres qu’il faut faire attention dans l’usage des réseaux sociaux. Nous les trois avocats nous ne cautionnons pas l’acte mais nous sommes venus pour dire que l’un d’entre nous aujourd’hui a fauté et qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Il faut qu’on lui donne une autre chance de se resocialiser », a déclaré Me Amany Kouamé, l’un des avocats de Yao Kouadio Philippe.

ena/akn/tm
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