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Société Publié le vendredi 20 avril 2018 | AFP

Bouaké, deuxième ville ivoirienne, au régime sec depuis trois semaines

© AFP Par DR
Pénurie d`eau potable
Bouaké (Côte d’Ivoire) - "Nous sommes fatigués, cela fait aujourd’hui trois semaines que nous n’avons pas d’eau dans les robinets", se désole une habitante de Bouaké, qui fait la queue à un puits pour se ravitailler. La deuxième ville de Côte d’Ivoire subit une pénurie sans
précédent.

La situation est "catastrophique" pour le million et demi d’habitants de cette métropole du centre du pays, confie sous couvert d’anonymat un agent de
la Société (publique) de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (Sodeci).

Cause de cette pénurie : le lac de barrage qui fournit 70% de l’eau de la ville est vide. La faute à la sécheresse inédite que traverse cette région, mais aussi aux carrières de sable, exploitées de manière anarchique, qui ont détourné une partie des eaux irriguant le barrage de la Loka, situé à 20 kilomètres de la ville, selon le directeur territorial de l’hydraulique,
Seydou Coulibaly.

"Nous luttons pour avoir de l’eau potable pour boire et faire la cuisine. Se laver est devenu difficile. C’est un véritable calvaire", racontait déjà la semaine dernière à l’AFP Eliezer Konan, un informaticien du quartier Zone.

Pour soulager un peu les habitants à bout, des forages de puits ont été lancés en urgence.

Hassane Cousteau Cissoko, le directeur de la société de forage Foraci, passe d’un chantier à l’autre : "Nous avons fini le premier forage et nous passons sur le second site dans deux ou trois heures", explique-t-il jeudi depuis le quartier Houphouetville. Au total dix forages sont en cours.

Une fois reliés au château d’eau de la Sodeci, ces dix forages devraient permettre de distribuer 2.000 mètres cubes d’eau par jour, de quoi "soulager les populations". Mais loin d’être assez pour remplacer le barrage de la Loka, juge M. Cissoko.

- Système D -

En attendant que la situation s’améliore, l’hôpital de la ville, les deux prisons et les campus universitaires sont alimentés par des camions-citernes.
La semaine dernière, une forte pluie tombée dans la nuit a soulagé un temps la population.

"Nous avons recueilli beaucoup d’eau cette nuit. Cette forte pluie nous a permis de remplir tous nos récipients", s’est réjouie Awa Coulibaly, une habitante du quartier Belle Ville 1. "Mais quand nous aurons fini de consommer cette réserve d’eau, qu’est-ce qui va arriver ? Nous devrons toujours continuer de prier Dieu afin qu’il pleuve tous les jours".

Au quartier Sokoura, le propriétaire d’un lavage auto, de nouveau alimenté, en a profité pour faire marcher le commerce : il a proposé le bidon de 20 litres d’eau à 50 francs CFA (75 cents d’euro). Mais il s’est vite retrouvé débordé par la demande...

La pluie n’est pas retombée depuis.

L’eau de pluie, les citernes, "cela ne suffit pas, il faut que le gouvernement prenne à bras le corps ce problème", exige une habitante, Mariam Konaté.

D’autres résidents, avisés, ont adopté le système D depuis longtemps.
Aramata Touré, marchande de légumes du quartier Dar-Es-Salam 1, se ravitaille avec son propre puits. "Chez nous, c’est l’eau de puits que nous utilisons, avec tous nos voisins".

Mais cette solution a ses limites. "Même les puits ont commencé à se tarir tant les populations se ruent sur ces points d’eau", constate Amoin Konan, une habitante du quartier Ahougnanssou.

st-de/sd/jh/jhd
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