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Société Publié le dimanche 27 mai 2018 | AIP

Condamnées au divorce pour leur infertilité, elles vivent entre détresse et drame (Feature)

© AIP Par DR
Les femmes de l`ONG "Espérance maternité", autour de leur présidente Marie Kipré, ont fait de la lutte contre l`infertilité dans le couple son principal but
Abidjan- De nombreuses femmes, en Côte d’Ivoire et dans la sous-région ouest-africaine, sont condamnées au divorce, en raison de leur état d’infertilité, incapacité de concevoir des enfants de manière naturelle. Ces femmes qui, chaque année au mois de mai, dans l’ombre des célébrations fastes de la « fête des mères », souffrent, en silence, le martyre.

Dame Fofana Kady, âgée de 40 ans, est divorcée depuis trois ans après plus de 20 ans de vie commune avec son ex-époux. « Au départ, mon mari a prétexté que j’étais une sorcière. Il me battait à tout moment. Pour finir, il m’a abandonnée dans la maison et a demandé le divorce parce que je n’arrive pas à lui faire d’enfant», raconte-elle, écrasant des gouttes de larmes.

Dénuement

Des femmes comme Kady, l’ONG « Espérance maternité » en a fait son principal objet. Ce « handicap » de l’infertilité qui trouble l’environnement familial, plonge très souvent les femmes victimes dans le dénuement total. Et leur réinsertion socioéconomique, constitue le but principal de cette organisation.

Grâce à l’ONG, Kady se « débrouille » au Port Autonome d’Abidjan dans la vente de poisson. Avec un salaire de 80 000 FCFA, elle s’arrange à s’acquitter du loyer que lui a laissé son mari à hauteur de 45 000 FCFA à la Riviera.

« Quand je finis de payer le loyer, il reste la somme de 35.000 FCFA. Il faut aussi se déplacer et se nourrir, vraiment c’est dur… », sanglote-t-elle.

Une autre dame de l’organisation, Bosuma Josée, vivant à Grand-Bassam, est elle aussi en instance de divorce à cause de son incapacité d’enfanter. « Mon mari qui s’est trouvé une autre femme me demande le divorce à l’amiable », souffle-t-elle, le cœur meurtri.

Suicides et dépression

Depuis sa création, « Espérance maternité » a enregistré 13 cas de divorces, deux cas de suicides dont l’un à Abengourou et l’autre au Burkina-Faso, selon sa présidente Marie Kipré. Elle dénombre également plusieurs cas de dépression.

« Les cas de dépression, on n’en parle pas. Ils sont légion. Nous avons fait le suivi de ces femmes qui pour la plupart sont rejetées par la grande famille. Nous les avons traités avec des antidépressifs et mis à leur disposition des psychologues », fait-elle savoir.

« Offrir la joie d’enfanter »

Pourtant, selon le gynécologue-obstétricien, spécialisé dans le traitement de l’infertilité, Dr Manké, la plupart des femmes infertiles soufrent de l’hydro-salphinx. Il s’agit d’une présence d’eau dans les trompes empêchant le passage des spermatozoïdes. Et l’examen requis face à cette pathologie est hystéro-salpingographie.

« L’infertilité se distingue de la stérilité. Elle est liée à un problème médical ou spirituel qui empêche la femme de procréer. Tandis que la stérilité est l’état d’une femme qui n’a plus d’utérus et ne peut procréer, nuance-t-il.

Le praticien appelle alors à des examens médicaux appropriés en d’incapacité pour un couple d’enfanter, car comme l’explique une étude, entre 15 et 30% des couples en Afrique souffrent d’infertilité.

Ainsi, « offrir l’espoir et la joie d’enfanter » à ces femmes en détresse est devenu le leitmotiv de l’ONG « « Espérance maternité »

« Après un dépistage et un examen approfondis que nous avons initiés, sur 300 hommes, 204 ont été déclarés infertile », révèle la présidente de l’ONG Espérance maternité, Marie Kipré, déplorant qu’il est difficile pour les hommes d’accepter leur infertilité.

L’ONG compte après 10 ans d’existence, 700 couples à travers la Côte d’Ivoire et la Sous-région. Cinquante parmi ces couples ont été pris en charge et 30 ont pu procréer.

« Grâce aux prières des unes et des autres et des conseils de mes sœurs de l’ONG », j’ai pu procréer après 15 ans d’infertilité », soutient Mme Couliblay en présence de ces deux charmants garçons.

« J’ai créée l’ONG en partant de ma propre expérience. J’ai pu connaitre la joie de l’enfantement après 8 ans de vie en couple », renchérit Mme Kipré.

« Il n’y a pas que la femme qui est stérile »

Pour mieux sensibiliser l’opinion publique sur les attitudes à adopter face à l’infertilité, surtout les hommes qui pensent que l’incapacité de procréer vient seulement de la femme, un film institutionnel avec des acteurs de renom passera bientôt sur les chaines de télévisions, annonce l’ONG.

Avant la sortie de ce film, la structure a mené plusieurs campagnes pour faire comprendre qu’« il n’y a pas que la femme qui est stérile ». Cela, à travers des séances de dépistages et examens approfondis à l’endroit des couples, qui lui ont permis de lancer son crédo de combat : « Non à la violence psychologique, oui à l’amour ».


bsb/tm
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