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Société Publié le lundi 5 novembre 2018 | L’intelligent d’Abidjan

La réflexion sur la ville : africaine est-elle suffisante?

La bibliothèque sur les villes africaines est abondante y compris sur la ville ancienne. Ces villes anciennes ont certes joué un rôle politique et économique important, mais elles sont peu nombreuses et peu peuplées.

La ville africaine va véritablement se développer à partir des années 1950-1960. L’urbanisation récente, très forte et très rapide, se traduit par l’apparition de villes intermédiaires, de vastes agglomérations urbaines et de véritables métropoles comme le « Grand Abidjan » en Côte d’Ivoire ou la Région Métropolitaine de Nairobi.

Les villes sont alors conçues à partir de l’idée de ville que se fait la modernité. Géographes, sociologues et urbanistes africains, pouvoirs publics en charge de la politique de la ville, élus, tous ont parfaitement analysé ce phénomène d’urbanisation galopante, acceptant que ville se caractérise par la concentration de la richesse et du pouvoir, mais oubliant les hiérarchies urbaines encore très déséquilibrées, le chaos urbain et ses dysfonctionnements, qui se traduisent, pour la majorité de ses habitants, par de fortes inégalités d’accès aux ressources urbaines.

Pour les élites, la ville africaine doit faire son entrée dans le système mondialisé concurrentiel, qu’il soit politique, économique, social ou culturel, dont elle est devenue l’un acteur majeur.

L’injonction qui lui ait faite est de répondre aux standards mondialisés de la modernité avec, en particulier, une valorisation patrimoniale qui ouvre l’espace urbain aux investisseurs privés, ce qui entraîne une aggravation des fractures urbaines. Les processus d’urbanisation sont donc parfaitement connus.

En revanche, ce qui est moins connu, car souvent masqué par le pouvoir, les autorités locales, les bailleurs de fonds et les investisseurs, c’est la tension qui existe entre la ville projetée et la ville réelle, cette dernière étant largement dominée par la pauvreté et les inégalités.

En Afrique, plus de 60% de la population urbaine vit dans un habitat précaire, taudis ou bidonvilles, loin de l’idéologie d’une modernité urbaine que défendent les autorités urbaines, les acteurs privés engagés dans les partenariats public-privé, les investisseurs du secteur de la construction, etc.

Sans prendre l’exemple des mégalopoles, une ville moyenne comme Bingerville, en Côte d’Ivoire, montre qu’il existe une fracture entre des quartiers qui coexistent : les quartiers intégrés aux flux économiques et financiers du district d’Abidjan et, collés à eux, des quartiers où s’entassent des populations de plus en plus marginalisées, victimes d’un creusement des inégalités socio-spatiales et soumis à une violence urbaine (pauvreté, insécurité, etc.).

La ville africaine est ainsi niée dans sa réalité protéiforme. Elle se construit sur un modèle qui est celui de l’offre (logement, services) destinée à une élite et non pas sur les besoins réels d’une population urbaine qui reste en majorité très pauvre.
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