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Société Publié le mercredi 25 novembre 2020 | Abidjan.net

Lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles:  Et si l’engagement des Hommes et des garçons ,  était la reponse adéquate  à la problématique des VGB en Côte d’Ivoire

© Abidjan.net Par DR
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Du 25 Novembre au 10 Décembre de chaque année, le monde entier consacre de manière symbolique 16 jours à la lutte contre la violence faite aux femmes et aux filles à travers une campagne. Cette initiative constitue une opportunité pour susciter l’implication de l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux et intensifier la sensibilisation contre les multiples formes de violences subies par les femmes et les enfants. Ces violences se manifestent sous diverses formes dont les mutilations génitales féminines, les mariages précoces, les violences sexuelles, les violences physiques, les maltraitances psychologiques et émotionnelles, les Dénis d’Opportunités et de Ressources.En Côte d’Ivoire, le thème retenu est le suivant : « zéro violence domestique : je m’engage ».Ce papier est une contribution à la lutte contre les violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire dans cette période de célébration de la campagne des 16 jours d’activisme (30ème édition). Il s’articule autour des grands points suivants :Définitions et notion de baseSituation des VBG en Côte d’IvoireFacteurs favorisants les VBGMasculinité positive : une nouvelle alternative qui s’impose pour une lutte efficace contre les VBG en Côte d’Ivoire.


 DEFINITIONS ET NOTIONS DE BASE

Genre :Selon le document de Politique Nationale sur l’Egalité des Chances, l’Equité et le Genre, « le Genre fait référence aux chances, aux opportunités, aux droits et aux devoirs qu’on accorde à un individu (homme ou femme) au sein d’une société. Autrement dit, le Genre est ce qui différencie les hommes et les femmes dans leurs relations sociales »
Violences Basées sur Genre :Selon la Stratégie Nationale de Lutte contre les VBG : « Ce sont des violences perpétrées sur la base des stéréotypes. Elles concernent tout acte dirigé contre un homme ou une femme du fait des rapports sociaux inégalitaires régissant la communauté et défavorisant un groupe.
Masculinité positive :  C’est une approche qui permet de déconstruire les rapports de genre valorisés par la société patriarcale. En effet, elle permet à l’homme de bannir la violence, d’être un partenaire pour la femme, de reconnaitre en celle-ci des compétences et de les utiliser en cas de besoins pour résoudre ses problèmes et pour progresser.  Enfin, cette approche permet également à l’homme de prendre part aux travaux de la maison, aux soins des enfants et de veiller avec la participation de son épouse et de ses enfants au bien être de sa famille.

LA SITUATION DES VBG EN CÔTE D’IVOIRE

Les Violences Basées sur le Genre sont admises de manière universelle comme une entrave aux Droits de l’Homme. L’Afrique n’est pas épargnée par ce fléau et est classée, selon ONU Femmes, comme le continent où les femmes sont les plus susceptibles de se faire tuer par un partenaire intime; cette forme de violence y étant acceptée et tolérée par de nombreuses victimes elles-mêmes. Selon les estimations de l’OMS sur la question, on enregistre 41,6% en Afrique subsaharienne et 65,5% en Afrique centrale. Un rapport de l’OMS intitulé « Violences à l’encontre des femmes, un problème mondial de santé publique d’ampleur mondiale », indique que la prévalence de la violence du partenaire intime est de 36,6% en Afrique et les données combinées de cette prévalence avec les violences sexuelles exercées par d’autres que le partenaire donnent un taux de 45,6%.
En Côte d’Ivoire, les VBG constituent une préoccupation majeure, du fait de leur ampleur, leur généralisation et leur persistance dans la société en dépit des nombreux efforts déployés par l’Etat. Selon les données officielles du Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), les cas de VBG rapportés par type en 2019 sont au nombre de 3193 et se présentent comme suit :   
  Pour ce qui est de l’année 2020, provisoirement ce sont de janvier 2020 à juin, 2 352 cas de VBG se présentant comme suit : 
 Ce constat est confirmé par une récente étude réalisée par le Réseau des Hommes engagés pour l’Egalité de Genre en Côte d’Ivoire (RHEEG-CI). L’étude sur les déterminants sociaux de la prévalence et de l’accentuation des VBG en situation d’urgence en Côte d’Ivoire s’est justifiée dans ce contexte de crise sanitaire liée à la Covid-19. La présente étude réalisée par le RHEEG-CI, en collaboration avec le Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE), et avec l’appui financier du PNUD avait pour objectif d’évaluer les facteurs favorisant la prévalence et l’accentuation des VBG, afin d’accompagner le Gouvernement dans la recherche de solutions, et de combler un gap en termes de données désagrégées en cette période d’urgence. Cette étude d’envergure nationale s’est déroulée dans cinq (05) grandes régions de la Côte d’Ivoire à savoir le Gbêkè (Bouaké), le Poro (Korhogo), le Tonkpi (Man), le Gontougo (Bondoukou) et le District Autonome d’Abidjan  (Abidjan). Elle s’est inscrite dans une approche mixte à la fois quantitative et qualitative. Au total, ce sont 1 288 ménages qui ont été visités pour 3 188 individus enquêtés dont 1 457 hommes soit 46% et 1 731 femmes soit 54% concernant le volet quantitatif. Pour ce qui relève de l’approche qualitative, 82 personnes ressources ont été interrogées dans un entretien semi-directif, sur le phénomène des violences basées sur le genre en situation d’urgence en Côte d’Ivoire. Trois éléments essentiels sont mis en exergue par cette étude à la suite des enquêtes : i) Les VBG sont le plus fréquemment observées dans les ménages (familles) en Côte d’Ivoire (71%) ; ii) Les hommes et les garçons ont une part de responsabilité dans la prévalence et l’accentuation des VBG en Côte d’Ivoire (auteurs des VBG (66,5%), artisans du règlement à l’amiable (29,9%), vecteurs du maintien de la notion de chef de famille (29,8%), acteurs principaux de la persistance de la norme patriarcale (16,1%), acteurs de la prévention (12,4%) et acteurs de la prise en charge des victimes (12,0%)) ; iii) Les collectivités territoriales ont une faible participation à la lutte contre les VBG (3,8%).  Toujours selon l’étude réalisée par le RHEEG-CI cette année 2020, la crise sanitaire a eu un impact sur l’augmentation des cas de VBG à cause du confinement (57% des enquêté(e)s ont choisi cette modalité), de la promiscuité (choisie par 19% des enquêté es). Toutefois, il est bien de préciser que la jalousie (choisie par 13%) et la multiplication des tâches ménagères (choisie par 2%) ont également été identifiées. A la lumière des données statistiques présentées ci-dessus, on constate une prévalence et une accentuation de VBG en côte d’Ivoire. Ces éléments factuels nous emmènent à questionner les facteurs pouvant contribuer à la persistance et à l’accentuation des VBG dans le pays.  LES FACTEURS FAVORISANTS LES VBGL’étude récente du RHEEG-CI confirme les résultats des études ou écrits antérieurs qui indiquent ce qui suit : Facteurs individuelsConsommation de stupéfiants (drogue, alcool) ;Croyance religieuse et traditionnelle (interprétation des textes) ;Tendances impulsives et antisociales ;Légèreté des filles au niveau de l’habillementHostilité envers les femmes. Facteurs relationnels Milieu familial caractérisé par la violence physique et insuffisance de ressources ;Relations ou milieux familiaux très patriarcaux ;Manque de respect pour les femmes et filles ;Méchanceté ;Violence ;Jalousie ; Honneur familial plus important que la santé que la sécurité de la femme. Facteurs socioculturels/ communautairesCulturelle (masculinité dominante) ;Règlement à l’amiable ;Polygamie ;Absence de soutien institutionnel de la part de la police et de la justice ;Sociale (Mutilation Génitale Féminine, mariage précoce, mariage forcé) ;Mariage illégal. Facteurs institutionnelsInsuffisance dans les lois et politiques condamnant les violences sexuelles ;L’impunité ; Ignorance des droits des femmes ;Méconnaissance des procédures de prise en charge. Facteurs socioéconomiquesPauvreté ;Pas de moyens ;Démission des parents dans l’éducation à cause de la précarité ;Perte d’emploi (chômage). 

LA MASCULINITE POSITIVE, UNE NOUVELLE ALTERNATIVE QUI S’IMPOSE POUR UNE LUTTE EFFICACE CONTRE LES VIOLENCES BASEES SUR LE GENRE EN CÔTE D’IVOIRE 

L’enquête réalisée par le RHEEG-CI en 2020 a révélé que les hommes et les garçons ont une part de responsabilité dans la prévalence et l’accentuation des VBG en Côte d’Ivoire. On peut déduire que la problématique du genre est un problème d’ordre systémique et culturel. Dès lors, le défi pour la Côte d’Ivoire réside dans la transformation des rapports sociaux entre les hommes et les femmes, les garçons et les files en vue de réduire les inégalités pour atteindre les objectifs de développement inclusif, durable et équitable. Par conséquent pour une lutte efficace contre le phénomène des VBG, il faut engager les hommes et les garçons en tant qu’alliés à la fois pour i) réduire les disparités entre les sexes et autonomiser les femmes et les filles, mais également pour ii) s’attaquer aux attitudes, aux pratiques et aux formes oppressives de masculinité qui influent sur les hommes et les femmes.  Il est donc nécessaire d’unir les acteurs (étatiques et non-étatiques) autour d’une vision de transformation des rapports de pouvoir hommes-femmes dans une perspective de promotion des valeurs de la Masculinité Positive (MP). Le RHEEG-CI entend donc mener le plaidoyer pour la prise en compte de la masculinité positive comme approche nouvelle dans les stratégies de lutte contre les VBG.

COULIBALY Pélibien Ghislain. Sociologue et expert en Genre  
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