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Editorial Publié le mercredi 30 juin 2010 | Le Nouveau Courrier

Edito

Désiré Tagro a-t-il fait entrer de nombreux jeunes de sa région à l’Ecole de police ? La société française Sagem l’a-t-elle corrompu en lui donnant quelques millions ? A-t-il détourné pour son compte l’argent alloué à l’organisation du Hadj et celui que la société Trafigura a versé à l’Etat de Côte d’Ivoire pour indemniser les victimes des déchets toxiques ? Parce que les accusations du président de l’Assemblée nationale contre le ministre de l’Intérieur sont graves, parce que le FPI auquel appartiennent l’accusateur et l’accusé ne s’est jamais privé de fustiger les «grilleurs d’arachides» du PDCI, parce que les Frontistes ont toujours ambitionné de gouverner la Côte d’Ivoire autrement, parce que le peuple ivoirien a besoin de savoir s’il a affaire à des serviteurs ou à des bandits en col blanc, il était tout à fait normal que le chef d’Etat saisisse le procureur de la République pour que celui-ci enquête sur ces différentes affaires. On nous a dit que l’enquête durerait un mois. Dans quelques semaines, donc, nous devrions savoir ce qui s’est vraiment passé, si Koulibaly a eu raison de mettre les pieds dans le plat ou bien si Tagro a été injustement accusé et sali, auquel cas il faudra le blanchir et le réhabiliter.

Cela dit, le fait que les gens soient obligés de verser 1 ou 2 millions de F CFA avant d’entrer à l’ENA, à Ecole de police, de gendarmerie ou ailleurs (INFS, INFAS, etc.), qu’ils aient ou non le niveau, a-t-il commencé avec le FPI ? Les Ivoiriens découvrent-ils pour la première fois que, pour obtenir tel papier ou bien pour être recruté à tel poste, il faut graisser la patte à je ne sais combien de personnes si on n’est pas de l’ethnie du chef ? Il faudrait être naïf ou de mauvaise foi pour penser que c’est le FPI qui a introduit l’achat des diplômes et des places en Côte d’Ivoire, que c’est lui qui a «gâté» l’Ecole ivoirienne, qu’il est à l’origine de l’entretien des maîtresses dans notre pays, que c’est uniquement dans ce parti qu’on trouve des gens devenus tellement esclaves de l’argent qu’ils sont prêts à lui sacrifier certaines valeurs telles que la liberté, la dignité, la vérité. Toutes ces pratiques immondes, que nous réprouvons tous mais auxquelles personne n’a le courage de mettre fin, ne datent pas d’aujourd’hui. Elles ne sont pas non plus propres à un parti politique. Il est juste et bon de rappeler au FPI les promesses qu’il a faites quand il était dans l’opposition : ne pas laisser des individus sans foi ni loi détourner les deniers publics pour ouvrir des comptes à l’intérieur et à l’extérieur de la Côte d’Ivoire, ne pas regarder l’ethnie, ni la religion mais la valeur et la compétence de ceux qui désirent se mettre au service de la Côte d’Ivoire, permettre aux paysans de jouir des fruits de leur labeur, récompenser les plus méritants, doter nos villages de dispensaires, d’écoles et de châteaux d’eau, etc. Mais le PDCI peut-il se targuer d’être aussi blanc que le kaolin? Peut-il jurer, la main sur le cœur, qu’il ne s’est jamais trompé et qu’il n’a jamais trompé les Ivoiriens quand il était aux affaires ? A-t-il toujours bien traité ceux qui n’étaient pas d’accord avec la politique du «vieux» ? La télévision et la radio nationales donnaient-elles la parole à tout le monde ? Si, demain, le RDR arrivait au pouvoir, ne ferait-il pas ce qu’il reproche aujourd’hui au FPI ? La manière dont ce parti gère certains ministères et mairies n’amène-t-elle pas à penser que les militants et dirigeants du RDR ne sont ni meilleurs ni pires que ceux du FPI et du PDCI ?

L’Ecclésiaste dit : «Nihil novi sub sole» (rien de nouveau sous le soleil). Autrement dit, ce que nous voyons et décrions, c’est ce qui a toujours existé et, si l’on devait juger et sanctionner tous ceux qui ont causé du tort à notre pays, aucun parti politique ne serait épargné.

Je ne dis pas cela pour que la justice arrête de poursuivre ceux qui ont volé ou détourné le bien commun, ni pour que les Ivoiriens laissent les partis politiques faire n’importe quoi. Je me demande simplement si l’affaire Tagro, comme d’autres affaires, ne cache pas un autre agenda, si elle n’a pas pour but de nous détourner et de nous éloigner de l’essentiel : aller aux élections non pas pour que finissent nos palabres (seuls les benêts peuvent croire une chose pareille) mais au moins pour que ceux qui veulent investir et créer des emplois puissent le faire. J’ai en effet l’impression que c’est toujours à l’approche de la date des élections que certaines personnes viennent nous dire qu’il y a tel ou tel problème. De là à penser que ces personnes ont peur des élections parce que leur parti les perdrait, il y a un pas que je me refuse à franchir. Je suis évidemment pour qu’on ait des élections propres. Mais je ne vois pas très bien en quoi régler maintenant l’affaire Tagro nous aiderait à aller vite à des élections propres et justes. Je ne dis pas d’abandonner cette affaire. Je suggère simplement qu’on aille aux élections non seulement pour qu’on sache enfin qui vaut quoi mais aussi et surtout pour que prennent fin les souffrances des petites gens (tous les politiciens prétendent se battre pour elles mais qui a déjà proposé la diminution du salaire des députés, des ministres et du chef de l’Etat pour l’amélioration de leurs conditions de vie ?).

Après et seulement après, on enquêtera sur toutes les affaires sales de la République, depuis Houphouët jusqu’à Gbagbo, afin que tout un chacun puisse savoir qui a fait quoi dans ce pays et que soient arrêtés, jugés et punis ceux qui le méritent. C’est à ces conditions, me semble-t-il, que nous pourrons avancer et nous faire respecter des autres nations.
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