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Politique Publié le samedi 19 septembre 2009 | Notre Voie

Dîner-gala en l’honneur du président du Burkina Faso - Les révélations de Gbagbo sur Compaoré

Au plus fort de la lutte pour la conquête du pouvoir, au début des années 90, une affaire de gros sous a fait jaser adversaires et partisans de Laurent Gbagbo et du Front populaire ivoirien (FPI). M. Louis-André Dakoury-Tabley, actuel ministre de la Solidarité, alors secrétaire national à la Sécurité du FPI, avait été pris avec la somme de 20.000.000 FCFA (vingt millions) à l’aéroport d’Abidjan. En ce début du multipartisme mal accepté par le président Houphouët et son parti, l’opinion ivoirienne s’était laissée convaincre par l’ancien parti unique, le PDCI-RDA, que Laurent Gbagbo et son parti étaient l’incarnation même de la pauvreté. Alors, la découverte de cette somme sur Louis Dakoury a été montée en épingle par le pouvoir, en piétinant toute logique judiciaire et règlementaire, juste pour espérer détruire la crédibilité de l’unique adversaire de Félix Houphouët-Boigny à la présidentielle en Côte d’Ivoire. «Ces 20 millions trouvés sur Dakoury, c’était de l’argent donné par Blaise pour nous aider !». Cette révélation a été faite, jeudi, au palais présidentiel au Plateau par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, lors du dîner gala organisé en l’honneur du président Blaise Compaoré. Devant le parterre de personnalités qui se tordaient de rires - cette «affaire» a défrayé la chronique en son temps - le président Gbagbo a continué, solennel : «Oui, Blaise Compaoré nous a aidé, mon parti et moi-même, lorsque nous étions dans l’opposition». Les preuves de cette aide, selon le président Gbagbo sont multiples. En 1982, c’est gâce à des amis de Blaise Compaoré et de Thomas Sankara que Laurent Gbagbo part de Ouagadougou pour l’exil en France. En 1984, quand les capitaines Sankara et Compaoré prennent le pouvoir, Laurent Gbagbo se voit proposer de venir faire son exil à Ouagadougou pour donner des cours à l’université, ce qu’il refuse pour une question de proximité géographique entre Abidjan et Ouaga. En 1988, de retour d’exil et sans argent pour continuer la lutte, c’est Bognissan Yé qui introduit Louis Dakoury-Tabley auprès de Blaise Compaoré pour obtenir de l’aide. C’est une tranche de cette aide qui a été prise sur Dakoury au début des années 90. «Mais, même quand je suis arrivé au pouvoir, Blaise a donné de l’argent pour construire la clôture de ma résidence pour des raisons de sécurité», a précisé le président ivoirien. A coup sûr, le président Laurent Gbagbo tenait à faire ces révélations pour solder deux comptes moraux. D’abord montrer que Blaise Compaoré et lui sont des amis, qu’ils se connaissent et s’entre-aident depuis très longtemps. Mais le chef de l’Etat ivoirien voulait, certainement aussi, montrer à Blaise Compaoré que c’est au nom de cette amitié qu’il a organisé l’assistance aux populations du Faso récemment sinistrées par des inondations, geste pour lequel le président du Faso ne cessait de témoigner sa reconnaissance depuis son arrivée en terre ivoirienne, le 15 septembre dernier. Alors, dans une telle situation, qu’est-ce qui a pu provoquer les brouilles entre Gbagbo et Compaoré, suite au déclenchement de la crise armée de septembre 2002 en Côte d’Ivoire ? Réponse du président ivoirien : «Mais on s’est engueulés parce que nous sommes des amis ! Et là-dessus, Blaise m’a donné une explication que je retiens. Il m’a dit : Gbagbo et moi, nous sommes des hommes de caractère. Quand on veut d’une chose, on va jusqu’au bout». Du coup, selon Laurent Gbagbo, les perspectives ne peuvent qu’être bonnes : «Aujourd’hui, je suis heureux de recevoir Blaise parce que c’est mon ami, mais surtout parce que l’histoire nous a placés côte-à- côte et que nous sommes décidés à aller jusqu’au bout pour construire le socle de la démocratie et de l’intégration», a conclu Laurent Gbagbo. «Nous sommes justement en Côte d’Ivoire pour parler d’amitié, de paix et d’intégration. Cette ambition commune a été confirmée avec le traité du 30 juillet 2008. Nous sommes là pour faire bouger les choses et désormais, les choses ne seront plus comme avant», a déclaré d’emblée le président du Faso, en réponse à son homologue ivoirien. Puis, Blaise Compaoré a continué, sûrement pour rassurer sur la qualité des relations entre les deux hommes et entre les deux peuples respectifs : «Oui, depuis 1980, Laurent Gbagbo et moi, nous nous parlons. Même au plus fort de la crise, nous avons continué de nous parler parce que nous étions convaincus que cette crise était passagère, qu’elle était une étape, une épreuve dans la construction de notre destin commun. A présent, nous avons le devoir historique de donner l’exemple, d’aller au-delà des unions économiques pour atteindre l’intégration». Le dîner-gala a été offert en l’honneur du président du Burkina Faso par le couple présidentiel ivoirien, M. et Mme Gbagbo. En présence des Premiers ministres ivoirien et burkinabé, Guillaume Soro et Tertius Ouédraogo, des membres de leurs gouvernements respectifs, ainsi que des responsables d’institution, des ambassadeurs, des députés et bien d’autres autorités, le président Compaoré a été élevé à la dignité de Grand Croix. L’animation culturelle et musicale du dîner-gala a été assurée par des artistes (Aïcha Koné, Gadji Céli et Adama Dahico) ou groupes artistiques (Magic System, Ballet national) pour la partie ivoirienne et par George Ouédraogo pour la partie burkinabé. La cérémonie a pris fin par des dons offerts au président du Faso et à son épouse qui n’était pas du voyage.

César Etou
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