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Politique Publié le mardi 13 septembre 2011 | L’Inter

Relation france-côte d`ivoire : Les leçons à tirer de l`affaire Bourgi

Coup de tonnerre ! L'avocat français, Robert Bourgi, a livré des secrets sur les pratiques de la nébuleuse françafrique, dont il était un homme du sérail. Dans une interview publiée dimanche dernier chez le confrère français, le Journal du Dimanche, l'homme des missions occultes du réseau Foccard a « balancé » tous les chefs d'Etat africains qui transféraient des fonds à l'ex-président français, Jacques Chirac et son Premier ministre, Dominique de Villepin. Ce sont près de 20 millions de dollars soit plus de 10 milliards de Fcfa en 10 ans ( 1995-2005), que des dirigeants africains ont, selon lui, convoyé à Paris pour le compte de Chirac et De Villepin. Mobutu, Bongo, Wade, Compaoré... et Laurent Gbagbo sont cités au nombre des chefs d'Etat qui convoyaient, via Robert Bourgi, des malettes de billets de banque aux autorités françaises de l'époque. De Gbagbo notamment, voici ce que dit Bourgi : « Il m'avait demandé combien donnait Omar Bongo, et j'avais dit 3 millions de dollars. Laurent Gbagbo m'a dit : « On donnera pareil alors ». Il est venu à Paris avec l'argent. Nous nous sommes retrouvés dans la suite du Plaza Athénée. Nous ne savions pas où mettre les billets. J'ai eu l'idée de les emballer dans une afffiche publicitaire d'Austin Cooper. Et je suis allé remettre le tout à Villepin, à l'Elysée, en compagnie d'Eugène Allou, alors directeur de protocole de laurent Gbagbo. Devant nous, Villepin a soigneusement déplié l'affiche avant de prendre les billets. » En jouant le jeu, tous ces dirigeants africains, y compris Laurent Gbagbo, entretenaient le réseau de la françafrique avec son corollaire de combines politiques destinées à assurer aux chefs d'Etat « généreux » l'impunité et la pérennité au pouvoir. Ces révélations de sorcier repenti revêtent un intérêt particulier pour notre pays, d'autant que, de tous les Etats mis en cause, seul la Côte d'Ivoire a pour l'instant confirmé les allégations de Bourgi. L'ancien n°2 du régime Gbagbo, Mamadou Koulibaly, a en effet admis que « Robert Bourgi a parfaitement raison, il y a eu un transfert d'argent entre Laurent Gbagbo et Jacques Chirac en 2002 ». Selon lui, c'est près de 2 milliards Fcfa qui ont été transportés par valise d'Abidjan à Paris. Il a par également avoué avoir « rencontré Robert Bourgi à la table de Gbagbo en 2002, venu solliciter de l'aide en vue d'un financement de la campagne présidentielle en France ». Par ailleurs, Bernard Houdin, un conseiller français de Gbagbo, a lui aussi confirmé ce trafic de billets entre le palais présidentiel du Plateau et l'Elysée. « C'est une réalité absolue qui, d'ailleurs, ne doit sans doute pas s'arrêter aux personnages que M. Bourgi a dénoncés, mais qui est une pratique historique », a-t-il admis. Ainsi donc, l'ancien chef de l'Etat, que ses partisans présentaient comme un héraut du nécolonialisme voire un combattant pour l'affranchissement de la françafrique, avait lui aussi pactisé avec les adeptes du réseau Foccard. Il a, pour ainsi dire, mangé de ce pain de la servitude. Première leçon à retenir des révélations de Robert Bourgi. A en croire cet avocat français et Mamadou Koulibaly, deux ans après son accession au pouvoir, Gbagbo s'est mis à l'école de ses pairs africains en trempant dans les pratiques héritées de la françafrique ; lui qui donne pourtant de lui l'image d'un souverainiste farouchement opposé à ces manigances inspirées par l'Hexagone. Est-ce pour avoir voulu sortir de cette confrérie qu'il a payé le prix de sa « rébellion » ? Une autre leçon à retenir de ces révélations de Bourgi, c'est l'opportunisme politique dont fait preuve l'ancien n°2 du régime Gbagbo, Mamadou Koulibaly, en confirmant le premier les accusations portées par Bourgi contre plusieurs chefs d'Etat africains. En avouant avoir rencontré celui-ci à la table de Laurent Gbagbo et même qu'il a convoyé des fonds d' Abidjan à Paris, Mamadou Koulibaly accable l'ancien président et en détruit un peu plus le mythe de l'indépendantiste combattant de l'anti-néocolonialisme, qu'il s'est battu durant son règne. Par cette sortie qui a fait mouche, le désormais président d'un autre parti politique (Lider), vise secrétement à effacer un peu plus les traces laissées par Gbagbo dans les esprits de ceux qui se réclament encore de lui. Koulibaly se positionne ainsi plus que jamais comme l'alternative au célèbre prisonnier de Korhogo. Ça s'appelle de l'opportunisme. Autre leçon à retenir : l'incongruité de ce trafic des chefs d'Etat africains qui préféraient renflouer les caisses personnelles des présidents français plutôt que d'utiliser ces mannes financières pour améliorer le bien-être des citoyens de leurs pays respectifs. Soucieux de préserver leurs fauteuils et partant, jouir des privilèges qui s'y rattachent, ils préféraient convoyer des mallettes de billets de banque à l'Elysée pendant que leurs peuples meurent de faim. Et comble du ridicule, ce sont les mêmes qui défilent après à Paris pour demander des prêts pour leurs Etats !

Assane NIADA
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