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Société Publié le mardi 10 juillet 2012 | Boigny Express

Encadré : Evasions intempestives : A qui la faute ?

Encore une fois, des prisonniers se sont évadés de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Combien sont-ils exactement ? Personne ne peut le dire avec précision. Les sources officielles parlent de 12 personnes. Tandis que d’autres sources proches de la Maca avancent le chiffre de 17 prisonniers. Quoiqu’il en soit, des prisonniers ont pu s’échapper alors que l’on était en droit de s’attendre à une plus grande surveillance depuis le mois de mai 2012. En effet, le 4 mai dernier, ce sont une cinquantaine de prisonniers qui s’étaient évadés de cette même prison. Faut-il le rappeler, la presque totalité des prisons ivoiriennes ont connu leur temps d’évasion. Ainsi, les prisons d’Agboville, de Dimbokro, de Duekoué, de Bouna, de Korhogo et de Katiola sont-elles données en exemples. Cette autre évasion pose véritablement le problème de la porosité des prisons ivoiriennes, et notamment celle de la Maca qui est la plus grande en termes de superficie et de capacité d’accueil. Or, cette porosité n’est sûrement pas liée à une quelconque défectuosité des bâtiments. D’autant plus que la Maca a été réhabilitée à coups de milliards après la crise postélectorale. Alors, à qui la faute ? La faute, il faut certainement la rechercher avec ceux qui sont censés surveiller la prison et les prisonniers. Dimanche dernier, selon une source proche de la Maca, ce sont les détenus du bâtiment des mineurs qui ont pris la clé des champs, profitant d’un moment d’inattention des surveillants. Ils auraient profité, entre 15h et 16h, d’un moment de repos desdits surveillants. Repos, laxisme, légèreté, manque de vigilance, rapports privilégiés et tolérance coupables à l’égard de certains prisonniers sont sans doute, le mal récurrent qui ronge la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Au-delà de ce manque de vigilance, n’est-il pas nécessaire de voir aussi du côté des moyens dont disposent les surveillants pour faire leur travail? Ont-ils une maitrise totale de la sociologie du milieu carcéral ? Disposent-ils d’instruments pour mesurer la psychologie d’un détenu ? La surveillance d’une prison c’est tout cela à la fois. Un surveillant peut-il prendre en amitié un détenu, au point d’oublier qu’il demeure avant tout un être humain dont le plus grand besoin reste la conquête de sa liberté ? Autant de préoccupations que l’autorité devrait prendre en compte dans la formation des surveillants de prisons. C’est pourquoi les responsabilités sont partagées. D’un côté, il y a que l’Etat ne donne pas aux surveillants la formation et les moyens nécessaires pour faire leur travail. De l’autre, le surveillant finit avec le temps, par prendre en amitié le détenu qui en profite pour tromper sa vigilance. C’est la seule raison qui peut expliquer une évasion sans effusion de sang. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que la surveillance des maisons d’arrêt est le fait des forces républicaines de Côte d’Ivoire qui détiennent les armes. A l’opposé, les gardes pénitenciers qui ont normalement la charge de la sécurité dans le milieu carcéral sont réduits à néant, d’autant qu’ils ne disposent pas de moyens conséquents. Comment peuvent-ils alors faire face à une quelconque évasion ? C’est le lieu d’interpeller les ministres, de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice afin d’adopter de façon conjointe une nouvelle méthode de surveillance.

Jean Philippe Okann
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