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Editorial Publié le lundi 12 mars 2012 | L’expression

L’Editorial : Soro, un destin d’homme

La formule est d’Amine Maalouf, homme de culture et de lettres, français d’origine libanaise : « Histoire d’un pays n’est ni une page blanche, ni une page totalement écrite ». Cette histoire, c’est donc un mouvement, un processus continue et presque jamais achevé. Les femmes et les hommes, ceux qui sont en situation à un moment donné, écrivent des lignes qui peuvent être glorieuses ou au contraire d’une médiocrité légendaire. Pour les vingt dernières années de l’histoire de la Côte d’ivoire, les notes rédigées par Soro Guillaume ne passeront pas inaperçues. L’homme, qui a démissionné de ses fonctions de Premier ministre de la Côte d’Ivoire le jeudi 8 mars 2012, aura fait des choix importants. Ils ont chacun marqué le destin du pays. Deux d’entre eux, les plus récents, ont impacté la vie nationale de façon significative. Le premier, celui de se mettre du côté de la rébellion qui, le 19 septembre 2002, lança l’assaut contre le régime de Laurent Gbagbo. Une aventure périlleuse. Elle fut longue, pénible et douloureuse. La guerre est presque toujours une mauvaise solution. Les victimes, surtout les innocentes, se comptent par dizaines voire par milliers lors des conflits armés. Celui déclenché par le Mpci en Côte d’Ivoire, à la suite de la tentative de coup d’Etat, ne fut pas l’exception. Les affrontements militaires ont certes été limités. Hormis les grandes batailles, opération de reconquête avortée de la ville de Bouaké par les forces de Gbagbo, offensive sur Man des mêmes forces pour briser, en vain, l’emprise des assaillants sur l’Ouest, combats acharnés à Daloa, Koutouba… Mais les dégâts ont été terribles. Les bombardements des combattants ont coûté des centaines de vies aux civils. Maisons, magasins, champs sont partis en fumée ou ont été pillés. C’est aux exactions non liées aux affrontements que le prix a été le plus lourd. Massacres de Monoko Zohi, de Man, de Daloa ; enlèvements et assassinats par les fameux escadrons de la mort à Abidjan, où en plein couvre-feu, des hommes en arme entraient dans les domiciles, sortaient des personnes bien ciblées et allaient les abattre froidement. Le prix social et économique reste encore à déterminer. Sans oublier le grave traumatisme causé à l’ensemble de la population… Mais l’option militaire, dix ans après les faits, pouvait-elle être évitée ? Difficile de ne pas répondre par la négative. L’homme en face des Ivoiriens s’appelait Laurent Gbagbo. Arrivé au pouvoir par la conjonction d’événements dont l’aspect militaire ne fut pas le moins disant, il a décidé de confisquer le pays. Lui et ses lieutenants, dont les sécurocrates Boga Doudou et Lida Kouasssi Moïse, au lieu de penser développement, se sont engagés dans les dédales de l’épuration et de la ségrégation. Un projet d’identification des citoyens « par le village ». Transposer et imposer à la nation la vision et les pratiques traditionnelles en cours au pays du prince : chez le Bété, l’Etat c’est le village. L’objectif était tout net et clair : se tailler une population de nationaux sur mesure. Juste pour avoir à sa disposition l’électorat naturel acquis à sa cause. Et demeurer éternellement aux affaires. Spolier du coup la majorité des citoyens du droit élémentaire d’étre national de son propre pays. Un achat massif d’armes pour des forces de défense et de sécurité nourries aux mamelles de la haine contre les populations jugées hostiles et composées presque exclusivement des jeunes patriotes, les Tontons macoutes du système. Là aussi l’objectif se passait de commentaire : domestiquer par la force toute opposition au projet de patrimonialisation de la Côte d’Ivoire. « Devait-on rester sourd à tant de grondements annonçant un asservissement total de millions de gens » ? Soro a pris la douloureuse responsabilité de se dresser contre le système monstrueux. Le glaive à la main. Quand après de laborieux arrangements politiques et diplomatiques, la Côte d’Ivoire a fini par obtenir des élections présidentielles libres et crédibles au dernier trimestre 2010, le vaincu, Gbagbo Laurent, refusa les résultats. Le choix de Soro de se ranger du côté des Ivoiriens qui ont choisi de voter massivement Alassane Ouattara a été déterminant. Par cet acte, le Premier ministre en exercice a enlevé tout crédit à l’Opa d’un homme pour qui les élections étaient juste une formalité pour blanchir un dont du ciel : son pouvoir. La guerre acharnée de Gbagbo contre son peuple, l’appel au secours des miliciens et mercenaires sont venus à postériori légitimer l’option militaire du Mpci. Si ce mouvement et ses alliés, ils formeront les Forces nouvelles, n’avaient pas agi contre le monstre, les Ivoiriens n’auraient pas gouté de sitôt aux délices de la liberté et du choix démocratique. Sans être un ange, en existe-t-il vraiment en politique ? Soro Kigbafory Guillaume a permis à son pays, la Côte d’Ivoire de faire un grand bond en avant dans la modernisation de sa vie politique. Il a assumé, tout simplement, avec détermination, un destin d’homme. Cette page ouverte n’est pas encore pleine.
D. Al Seni
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