Le Ghana vient de donner une leçon de démocratie et de tolérance à l`Afrique entière. Avec un score serré de 50,23 %, John Atta-Mills, candidat de l`opposition (Congrès national démocratique-NDC) élu président de la République, a ainsi douché les espoirs de Nana Akufo-Addo (49,77%) du Nouveau Parti patriotique (NPP), poulain du président sortant. Le mince écart entre les deux candidats, aurait pu verser les partisans du perdant dans la rue. Et dans ces conditions de troubles, l`armée ou les friands des coups d`Etat trouveraient matière à " prendre leurs responsabilités ". Et, au lieu d`appeler au respect de la voie constitutionnelle pour l`accession au pouvoir, des voix discordantes demanderaient, comme cela a été le cas récemment en Guinée, lorsque les militaires ont tordu le coup à la constitution après la mort du Président Lansana Conté. A l`occasion, le Président sénégalais Abdoulaye Wade, s`est voulu le relais ou le ministre des Affaires étrangères de la junte qui venait de prendre le pouvoir. Ce, en disant que les militaires demandent que "les voisins de la Guinée de ne pas se mêler de leurs affaires, de les laisser traiter leur problème entre Guinéens". Or, l`opposition, légaliste, a demandé la présidentielle en février 2009, pendant que les militaires imposent une transition de deux ans. C`est le même Président sénégalais Abdoulaye Wade, alors président en exercice de la CEDEAO, pourtant démocratiquement élu, qui, plutôt que de condamner la rébellion ivoirienne, en a fait son poulain. C`est lui, Wade qui a encouragé la tenue de la table ronde de Linas-Marcoussis. Le Sénégal est un pays dont on ne peut nier le fort niveau de culture démocratique, tout comme le Ghana. Mais en terme de records, le régime de Wade a connu des troubles politiques sporadiques. Laurent Gbagbo est au-dessus de la culture démocratique dont peut être fier le Ghana. Mais autant il est plus en avance que les Ivoiriens sur le sujet, autant Abdoulaye Wade est en retard, quand il s`agit de faire la promotion de la démocratie dans la CEDEAO, en dehors de son pays, le Sénégal. En vérité, il ne faut pas donner à Wade de soutenir entre la légalité et la voix du putsch. On devine, par expérience, de quel côté va pencher son cœur : la force des armes. C`est pourquoi, les pays africains doivent éviter de lui prêter le flanc. C`est ce que le Ghana a fait, en se contentant de la mince avance de John Atta-Mills pour accepter sa victoire à la présidentielle.
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr
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