Qu’est ce qui fait obstacle, au stade actuel du processus, à la tenue à temps normal, du scrutin présidentiel tant attendu par les Ivoiriens ? Du moins, qui de Laurent Gbagbo, chef de l’Etat et de Robert Beugré Mambé, président de la CEI a-t-il peur de l’organisation, à temps réel, des élections ? La réponse à cette double interrogation conditionne, en vérité, la mise en œuvre dans des délais raisonnables des prochaines élections générales ? Là-dessus, les premiers éléments d’information désignent l’actuel locataire du palais comme l’unique responsable des blocages artificiels constatés, en ce début de nouvel an, sur le chemin des élections. Si le second cité est accusé de faire preuve de nonchalance dans l’élaboration et la publication d’un chronogramme cohérent, Gbagbo est, lui, le coupable tout désigné du retard pris dans le financement des élections. Et pour cause. Par son refus de donner des instructions claires et précises à l’argentier de la République pour qu’il procède au décaissement nécessaire à la poursuite des opérations, il compromet l’ensemble du processus pourtant bien enclenché. Coût estimatif du processus en question, 36 milliards de francs CFA. Quotte part de l’Etat ivoirien ? 16,7 milliards dont 5 milliards déjà décaissés et 11,7 milliards restants à ce jour. Les 20 autres milliards étant du ressort de la communauté internationale. Celle-ci a fait sa part de sacrifice en mettant cette somme dans un compte spécial géré par le PNUD. Seulement, cette institution se refuse à procéder à un quelconque décaissement tant qu’elle n’aura pas une visibilité nette du calendrier électoral. En réalité, le problème n’est pas au niveau de la communauté internationale qui pose là des principes élémentaires de bonne gouvernance. Mais bien au niveau de Laurent Gbagbo. C’est lui et lui seul qui pose problème. En contradiction totale avec son Premier ministre, Guillaume Soro qui affirmait, courant 2008, que le budget des élections est bouclé. A l’en croire, l’argent des élections est là. A la disposition de l’Etat ivoirien et du PNUD. Reste à le mettre tout simplement à la disposition de la CEI, arbitre et principal maître d’œuvre du processus pour qu’elle organise effectivement les différents scrutins concernés. A ce niveau précis du processus, Gbagbo refuse de lever le pied. Selon les informations en notre possession, il bloque délibérément le financement des élections. Aussi curieux que cela puisse paraître, il se refuse, catégoriquement, à tout décaissement estimant, sans preuve valable, que le trésor public ivoirien n’est plus à flot et qu’il faille accorder la priorité au paiement des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat. Cela, au détriment des financements qu’exige la mise en œuvre efficace du processus électoral. Or, la part d’argent du gouvernement ivoirien, est bel et bien là, domiciliée dans les comptes du trésor public. Il suffit de donner instruction au ministre de l’ Economie et des Finances. A charge pour celui-ci de mettre à contribution le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique afin qu’il mette à la disposition de la CEI la cagnotte des 11,7 milliards restants pour le financement des opérations électorales en cours et à venir. Mais, Gbagbo s’y oppose. A quelle fin ? Dans quel but ? Aurait-il un agenda secret au détriment de la Côte d’ivoire entière et de ses partenaires de l’accord de Ouaga que sont les Forces Nouvelles ? La question reste posée. En attendant, le processus électoral continue de prendre du retard dans sa mise en œuvre. Par des blocages purement artificiels dont on peut faire l’économie. Le dernier CPC faisait obligation aux acteurs et arbitres du processus de publier le calendrier avant le 31 décembre 2008. On tire, aujourd’hui, vers la fin de la première semaine du mois de janvier 2009. Rien n’est encore fait à ce sujet. Une perte de temps. Inutile et contre-productive.
Khristian Kara
Khristian Kara