Retard dans l`opération d`identification : Les FN accusent la CEI

Polémique autour des retards que connaît l’opération d’identification en vue des élections. Alors que la Commission électorale indépendante (CEI) réclame les fonds nécessaires à l’accomplissement de sa mission, les Forces nouvelles, sur leur site Internet, crie à l’incompétence de la structure dirigée par Robert Beugré Mambé.

Ce n’est pas une déclaration officielle du porte-parole attitré des Forces nouvelles, mais c’est tout comme. «C’est parce que la CEI n’a pas fait, sinon, ne fait pas correctement son travail que l’opération d’identification a du mal à avancer. Et ce, malgré les milliards qui y sont déversés. Car, si le travail avait été bien fait, la Côte d’Ivoire aurait eu droit à des élections depuis fin 2008». Tel est le diagnostic fait par les Forces nouvelles sur leur site Internet officiel (www.fn-ci.com) le diman-che 4 janvier. C’est pourquoi elles révèlent que le Premier ministre Guillaume Soro, par ailleurs secrétaire général des ForcesNouvelles, vient prendre les choses en main après un repos d’un mois en France. «Guillaume Soro devra, dès lundi, à sa reprise du service, reprendre les choses en mains. Il s’agit notamment du processus d’identification au terme duquel la Côte d’Ivoire aura droit à des élections démocratiques, libres et transparentes. Car cette opération pilotée par la Commission électorale indépendante (CEI), faut-il le dire, traîne encore les pieds», constatent les F.N. «Sur le terrain, rien n’avance. Et pourtant, la CEI et les autres structures nationales commises à la tâche ont été et continuent d’être financées par l’Etat de Côte d’Ivoire pour identifier et bien identifier les Ivoiriens afin de sortir notre pays de la crise, surtout identitaire, qui secoue le pays depuis plusieurs décennies», poursuivent les responsables des Forces Nouvelles. Et ces derniers d’enfoncer le clou en ces termes : «Est-il besoin de rappeler que la Côte d’Ivoire n’est pas l’Afrique du Sud, le Japon, les Etats-Unis… ? La Côte d’Ivoire est un pays pauvre qui sort de crise. Et le peu d’argent qui existe doit être utilisé à bon escient. Il n’est point besoin de dilapider cet argent».

Ces écrits sont publiés à un moment où la CEI donne de la voix pour réclamer que les fonds promis soient enfin mis à sa disposition pour faire son travail. En effet, dans un communiqué rendu public le même dimanche et signé d’Auguste Séverin Miremont, son porte-parole, la CEI souhaite que la volonté de tous d’aller aux élections soit «suivie d’actes concrets tels que la mise à disposition des fonds et de la logistique nécessaires à toutes les structures nationales et à l’opérateur privé». Le communiqué ajoute que «la CEI et les structures nationales qui comportent en leur sein les compétences et l’expertise espèrent, de tous leurs vœux, disposer en cette année 2009 des ressources financières nécessaires et à temps réel…».

Selon un proche du premier ministre Guillaume Soro, ce dernier devrait avoir une série de rencontres cette semaine avec les responsables d’un certain nombre de structures, dont la CEI.

Ce sera certainement l’occasion pour les deux parties de se dire les vérités tout en situant les responsabilités.

Il faut, cependant, noter que le discours des Forces nouvelles est tout à fait nouveau. En effet, jusqu’à présent, il n’avait pas été question d’accuser la CEI d’incompétence et de mauvaise gestion, mais plutôt de dire que les partenaires internationaux se faisaient prier pour concrétiser leurs promesses de financement de l’opération d’identification. Qu’est-ce qui pourrait alors justifier ce virage à 180° ? En attendant de comprendre les tenants et les aboutissants de ces accusations, on peut dire que des heures chaudes s’annoncent entre la Primature et la CEI.

Augustin Kouyo