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Société Publié le vendredi 9 janvier 2009 | Le Patriote

Enseignement privé : plus de six mois de salaires impayés - Les enseignants broient du noir

Assis sur un banc, sous un arbre, munis de deux valises, Michel K. vient d’être vidé de sa maison. Motif : loyers impayés. La tête entre ses deux mains, il est visiblement attristé par cette situation. Enseignant de Lettres dans un établissement secondaire privé à Koumassi, M.K ne sait plus à quel saint se vouer. « Je n’ai plus d’argent pour aller prendre une autre maison, même dans les quartiers pauvres d’Abidjan », confie l’infortuné enseignant. Il passe toute la journée assis sous l’arbre, méditant sur son sort. Finalement, M .K .décide d’aller « déposer » ses bagages chez une de ses cousines à Gonzagueville. Le temps pour lui de trouver un toit. Plusieurs enseignants des écoles privées de Côte d’Ivoire vivent aujourd’hui le même calvaire que M .K. Pour joindre les deux bouts, c’est la croix et la bannière. S’ils ne pas expulsés de leur maison, ils sont confrontés à de nombreux difficultés : pitance quotidienne difficilement acquise, ordonnances médicales des enfants péniblement payés…Bref, la liste est longue. « Dans notre établissement à Yopougon, nous sommes allés en congés sans avoir reçu un sou. C’est à la veille de la fête de Noël que le Fondateur de l’établissement nous a appelés pour nous remettre chacun 15000 FCFA. C’est ainsi que nous avons pu acheter nos poulets», témoigne N’Guessan Kouadio Paul, enseignant de Mathématiques au collège S.B situé à Yopougon. Avant d’ajouter que cela fait près de trois mois que les travailleurs de cet établissement n’ont pas perçu leurs salaires. Une grève de quarante huit heures avait été enclenchée en novembre dernier par le Syndicat National des Employés de l’Enseignement Privé Secondaire de Côte d’Ivoire (SYNEEPSECI) pour exiger le paiement des arriérés de frais de scolarité des établissements de l’intérieur. Lesquels arriérés une fois payés, indique le secrétaire général Yao Kouadio, les fondateurs s’acquitteront des salaires des enseignants. « Malgré notre arrêt de travail, nous n’avons rien obtenu. Le Directeur des Affaires Administratives et Financières du Ministère de l’Education Nationale qui nous avait promis de trouver une solution les jours à venir. Mais cela fait aujourd’hui près de deux mois que les promesses n’ont pas été tenues », explique M. Kouadio. Faisant remarquer que les enseignants broient noir. Et qu’ils ne sont pas payés depuis six mois. Le secrétaire général du Syneepseci annonce même que des établissements privés s’apprêtent à rentrer en grève dans quelques jours. Les enseignants sont toujours payés en fonction de la convention collective de 1994. Une convention qui, selon le premier responsable de ce syndicat, est caduque. Du moins, elle est en déphasage avec la réalité socio-économique du pays. « Avec cette ancienne convention qui ne tient pas compte de la cherté de vie, les enseignants qui ont le niveau Deug2 sont payés à 95.450 FCFA. Tandis que ceux qui ont la Licence perçoivent 103.450 FCFA », déplore Yao Kouadio, tout en préconisant l’élaboration une nouvelle convention calquée sur la grille salariale des enseignants du public. En tout cas, en attendant cette nouvelle convention, les enseignants du privé ‘’sont payés en monnaie de singe’’. Les Fondateurs accusent !
« Nous ne refusons pas de payer nos enseignants. Nous attendons que l’Etat règle nos dus avant de leur donner quelque chose. Et c’est l’Etat qui nous crée toutes ces misères », se défend la plupart des fondateurs d’établissements d’enseignement privé de Côte d’Ivoire. Ils estiment que le secteur de l’enseignement privé est relégué au second rang par l’Etat ivoirien. Selon le secrétaire général de la Fédération Nationale des Etablissements du Privé Laïc de Cote d’Ivoire (FENEPLACI), Tiemoko Gohidé, l’Etat doit aux établissements privés laïcs 9,5 milliards FCFA d’arriérés de frais de scolarité des élèves affectés. Ce, au titre de l’année 2008. « Chaque jour, le Trésor public promet nous donner quelque chose. Mais jusqu’ à ce jour nous n’avons rien obtenu» se plaint M.Gohidé. Il ajoute qu’à la veille des fêtes de fin d’année, des fondateurs se sont ‘’décarcassés’’ pour trouver de l’argent pour leurs enseignants. « Mais depuis la rentrée des classes du 05 janvier dernier, beaucoup d’entre eux ne viennent plus au cours, faute d’argent pour assurer leur transport. Nous souhaitons que l’Etat paie nos dettes pour que nous puissions régler les salaires de nos enseignants » a plaidé le secrétaire général de la Feneplaci (structure des fondateurs). Les enseignants des établissements confessionnels ne sont pas également mieux lotis. Ils accusent, eux aussi, plusieurs mois d’arriérés de salaires. A en croire le président du Réseau des Ecoles Confessionnelles de Côte d’Ivoire (REC), David Kangah Kouadio, l’Etat doit leur verser 3,541 milliards FCFA. Ce, au titre des arriérés de frais d’écolage pour l’année scolaire précédente. En tout cas, l’Etat gagnerait à accorder une importance à cet ordre d’enseignement à l’effet d’y garantir une bonne qualité d’enseignement.

Anzoumana Cissé
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