Il répond à l’état civil au nom de Bahi Digbeu Honoré, Ivoirien, repris de justice, né en 1946. Escroc de renom et faussaire patenté, il s’est présenté pour les besoins de la cause et en 4 mois, sous trois identités. A savoir : Adou Yao, auquel il a joint la qualité de magistrat, Zokou Guié Michel, colonel des Forces armées nationales. Des titres pour lesquels l’homme détenait des cartes professionnelles en bonne et due forme. Sur celle de « colonel », la photo d’identité le présente en tenue militaire avec les galons appropriés. Bahi Digbeu Honoré, car c’est de lui qu’il s’agit, s’est, aussi et enfin, fait passer pour Ligué Gnamia Joseph avec de fausses pièces d’identité afférentes. Avec cet « arsenal », le sexagénaire, peu vertueux, va réussir, avec la complicité de deux banquiers, à soutirer du compte bancaire du vrai Ligué Gnamia Joseph, la somme exacte de 15 millions de francs et tenter d’escroquer plus de 255 millions à deux sociétés de la place. Bahi Digbeu Honoré, arrêté en compagnie d’un ancien caïd de la pègre, le redoutable gangster Etté Jean Claude qui a tant fait parler de lui par le passé, a été avec ce dernier, déférés hier matin au parquet d’Abidjan, ainsi que les deux banquiers complices, Kré Agbo Nikel et Gbahou Hubert Martial Tayé. Les faits se déclinent en trois étapes. En juillet dernier, M. Adou Yao, haut fonctionnaire à la retraite, a vu sa voiture en stationnement cambriolée à Marcory. Son sac, contenant deux chéquiers de la SGBCI et une somme de 500.000 F, ont été emportés par les voleurs. Peu de temps après, alors que la victime avait fait une opposition écrite sur son compte, des chèques provenant des chéquiers volés sont déposés à la banque pour retrait par plusieurs structures commerciales. Des chèques censés avoir été émis par M. Adou Yao, mais qui, en réalité, l’ont été par Bahi Digbeu Honoré. De fait, cet homme, en possession des chèques volés, s’est fait établir avec sa photo, une carte professionnelle de magistrat au nom de Adou Yao. Lequel, sous cette fausse identité de nom et de titre, dissuadait tous les responsables des commerces qui tentaient de résister à sa volonté d’achat de marchandises par chèque. Plusieurs pharmacies, des caves et la librairie de France ont été ainsi grugées à près de 4 millions de francs. Dans ce dernier établissement, le faux magistrat Adou va y laisser la photocopie de sa carte. Laquelle va booster l’enquête en cours à la Sgbci et à la police économique. Pendant que les recherches se faisaient sur ce coup, Bahi Digbeu, avec le concours de Gbahou Hubert, responsable Sog. Bourse à ladite banque, ouvre à l’agence de Koumassi, un compte au nom de Ligué Gnamia Joseph qui se trouve être un vrai client de cette banque, mais dont le compte est domicilié au siège au Plateau. Avec les données qui lui ont été fournies par le banquier Gbahou, Bahi, qui dit confectionner ses documents à l’imprimerie de la Maca, s’est fait établir des pièces au nom de Ligué Gnamia Joseph. Dès lors, il ne lui restait plus qu’à pomper sur le compte du client au siège. De ce fait, il a opéré un retrait de 12 millions de francs que vont se partager à trois les deux banquiers, Gbahou et Kré Agbo Nikel, gestionnaire du compte du vrai client de la banque, et le sieur Bahi. La dernière étape a consisté pour Bahi à ouvrir dans deux autres banques de la place, des comptes au nom de Tropival et SDV-Saga. Avec des complicités internes dans lesdites sociétés, le faussaire adresse des ordres de virement sur les nouveaux comptes de ces sociétés. Des ordres de virement faxés à partir de ces sociétés. Les montants sont de 255.947.152 F. Fort heureusement, le faussaire qui se trouvait avec Etté Jean Claude, a été appréhendé le 6 janvier dans le bureau de son complice Gbahou, chez qui il était venu s’enquérir de son opération.
Landry Kohon
Landry Kohon