« L’acharnement est tel que sur quelques points, les minutions étant épuisées et les fusils brisés, on s’assomme à coups de pierres, on se bat corps à corps. Les Croates égorgent tout ce qu’ils rencontrent, achèvent les blessés de l’armée alliée et les font mourir à coups de crosse… ». Il n’y a de mots aussi effroyables pour traduire la barbarie qui a eu lieu ce 24 juin 1859 à Solférino (petite ville située entre Castiglione et Guidizzolo au cœur de l’Italie). A travers ce livret ‘’Un souvenir de Solférino’’, Henry Dunant ne croyait pas si bien décrire un souvenir d’une bataille dont il a, par un simple concours de circonstance, été un témoin. Un petit livre, souvenir de ce que le Suisse Dunant avait tenté de faire avec quelques habitants de la contrée, pour soulager cahin-caha d’innombrables souffrances de milliers de blessés. En 1863 à Genève (Suisse), rien que d’un simple récit de quelques pagnes et surtout d’un témoignage d’une barbarie humaine indescriptible, naissait un mouvement charitable, la Croix-Rouge et un an plus tard une convention internationale, la première Convention de Genève. Un condensé d’articles juridiques. Ainsi, Henry Dunant n’expose aucune doctrine, ne préconise aucun système philosophique ou social et ne propose aucun texte juridique dans ‘’Un souvenir de Solférino’’. L’auteur s’est simplement « borné » à traduire - dans cet ouvrage poignant, proche de l’animalité - par des mots très bien choisis, l’expression d’une cruauté humaine. Dunant raconte, tout bêtement, ce qu’il a vu, l’horreur dont il a été témoin oculaire : les quarante mille blessés râlant sur le champ de bataille, la soif, la douleur, l’agonie, les monticules de cadavres gisant tout le long des ruelles de Solférino et des villes avoisinantes. La hauteur d’esprit du Suisse se justifie dans sa volonté manifeste de raconter la compassion. « Ce frémissement de pitié qui s’est emparé des mères et les a fait se pencher sur leurs ennemis aussi bien que sur leurs libérateurs. De dix-sept modestes comités nationaux de secours aux blessés en 1863 et une convention de dix articles protégeant les soldats blessés ou malades en 1864. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui comptait, en 1990, 149 Sociétés nationales regroupe aujourd’hui près de 250 millions d’adhérents dans le monde.
KDM
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