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Politique Publié le mercredi 21 janvier 2009 | Le Temps

Election présidentielle - Bédié décide de sauter dans le vide

Le candidat du Pdci, ancien Président de la République de 1993 à 1999, rêve de revenir au pouvoir. Le 24 décembre de la dernière année du 20e siècle, abandonnant le pouvoir entre les mains des “jeunes gens” armés de fusils, il quitte précipitamment le palais présidentiel. Destination, Lomé (Togo) puis Paris plus tard. Aujourd'hui, une décennie après, Henri Konan Bédié clame qu'il a “reculé pour mieux sauter”. L'ivresse politicienne ! Pourvu qu'il ne saute pas dans …le vide.
Au deuxième jour des revendications des insurgés sans véritable armada militaire, devant une délégation de sous-officiers et soldats du rang, Bédié n'a pu convaincre encore moins s'entendre sur une plate-forme minimale de discussions, pour préserver la paix léguée par Houphouët-Boigny. Devant les " jeunes gens " du général feu Robert Guéi, Bédié, selon ses propres termes, a " reculé ". Le faisant, la junte militaire s'accapare les institutions de la République avec tous les dérapages. Le coup d'Etat est ainsi consommé. Et le peuple de Côte d'Ivoire, trahi, vit encore les lourdes conséquences de ce putsch. Pourquoi donc Bédié, ayant plein pouvoir, a-t-il " reculé " ?
Le " recul " du poltron s'est fait dans le déshonneur total et surtout dans la précipitation. C'était le " sauve qui peut " ce 24 décembre 1999. Il faut le savoir. Dans un hélicoptère, d'Abidjan à Lomé, Bédié, lui, le Président de la Côte d'Ivoire, assis sur un caisson près du pilote, son épouse, Henriette Bédié, Première Dame de Côte d'Ivoire, vêtue d'un ensemble blue-jean, se contente du châssis de l'hélico, en quelque sorte " parterre ". Le couple est accueilli à Lomé par les autorités togolaises d'alors, démuni de vêtements. Il était dans un état lamentable, regard hagard, dépassé par ce qui lui arrive quand on abandonne les plus précieux des héritages que Houphouët lui a laissé, le palais présidentiel et la paix. Le couple va alors bénéficier du gîte et du couvert offerts par son hôte togolais pendant un temps avant de " s'exiler " à Paris. Il reviendra à Abidjan comme simple citoyen en 2001, à la faveur du forum de réconciliation nationale initié et organisé par Laurent Gbagbo, élu Président de la République en octobre 2000, qui avait mis fin au pouvoir des " jeunes gens ".
Henri Konan Bédié, élu à la présidence du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci) en avril 1994, a donc abandonné ses camarades militants et sympathisants sur les bords de la lagune Ebrié, à la merci de la junte militaire. Essy Amara, Emile Constant Bombé, Laurent Dona Fologo, Lamine Fatiga, Théophile Ahoua N'guetta, Guy Alain Gauze, etc.. Ils ont tous été humiliés au camp d'Akouédo avant de recouvrer la liberté … sous surveillance. Le 25 décembre 1999, Bédié fait convoyer par un avion militaire français un bataillon de gens de son premier cercle, la quarantaine de personnes dont le Premier ministre Kablan Duncan et le ministre de la défense, Bandama N'Guetta. Son ministre de l'Economie et des Finances, lui, s'en ira par voie terrestre, dans un coffre. Le temps a passé. Les putschistes récidivent les 7 et 8 janvier 2001 et échouent. Ils reviennent à la charge le 19 septembre 2002, bien entrainés et plus équipés. Mais, cette fois-ci, plus qu'un simple chef d'Etat, l'homme d'Etat Laurent Gbagbo résiste. De Rome où il était en visite officielle, Gbagbo rentre au pays pour être aux côtés du peuple ivoirien et sauver la République. Trois ans plus tôt, Bédié avait plutôt préféré " reculer " au lieu de défendre la République, violant le pacte républicain qu'il avait signé avec le peuple en octobre 1995. La formule du serment est : " Devant le peuple souverain de Côte d'Ivoire, je jure solennellement et sur l'honneur de respecter et de défendre fidèlement la Constitution, de protéger les Droits et Libertés des citoyens, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge dans l'intérêt supérieur de la Nation. Que le peuple me retire sa confiance et que je subisse la rigueur des lois, si je trahis mon serment ". Et Bédié trahit ce serment.
Aujourd'hui, il veut " mieux sauter ". Pourquoi sauter quand l'hélico peut atterrir en douceur au 43e Bima comme il a décollé un 24 décembre 1999 ? Le risque, monsieur le président du Pdci, c'est que le 43e Bima n'existant plus, le contact avec la terre ferme sera plus douloureux. Attention, Bédié à 75 ans veut décidément " sauter " dans le …vide.

Richard Konan
Une correspondance particulière
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