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Société Publié le mercredi 21 janvier 2009 | Islam Info

Sermon du vendredi: Ordonner le bien et dissuader du mal une obligation pour tout musulman

Louange à Allah qui a fait de la communauté musulmane lA meilleure des communautés, « vous êtes la meilleure communauté qu'on ait fait surgir pour les Hommes. Vous ordonnez le convenable, interdissez le blâmable et croyez à Allah… » Paix et salut d'Allah soit sur son Messager Mohamad et sa famille, ses compagnons et tous ceux qui le suivent avec bienfaisance.

Chers frères et sœurs,
Exhorter à faire le bien et dissuader de faire le mal est quelque chose qui fait partie des actes de bien. Le texte le plus connu à cet égard est ce Hadîth du Prophète : « Celui parmi vous qui voit un mal doit le modifier par sa main ; s'il ne le peut pas, alors par sa langue ; et s'il ne le peut pas, alors par son cœur. Et c'est là le plus faible de la foi » (Mouslim).

1/ L'objectif de l'Islam en disant de quelque chose qu'il est obligatoire ou qu'il est interdit:
En disant que quelque chose est obligatoire ou interdit, l'islam n'a nullement comme objectif d'instituer une contrainte et une privation, mais bien de préserver un certain nombre d'éléments chez l'individu comme dans la société.

2/ Un verset coranique souvent mal compris :
Un verset coranique se lit ainsi : « O ceux qui ont apporté foi, souciez-vous de vous-mêmes ; celui qui s'est égaré ne vous fera pas du tort du moment que vous êtes bien guidés.» S : 5, V : 105. Certaines personnes citent parfois ce verset et disent qu'il indique que le musulman n'a pas à rappeler à son frère ses devoirs vis-à-vis d'Allah... C'est là une compréhension erronée de ce verset. En effet, celui-ci dit bien : « du moment que vous êtes bien guidés »; or on ne peut être bien guidé que si on pratique ce que Allah a ordonné ; et, parmi ce que Allah a ordonné, se trouve le fait d'exhorter au bien et de dissuader du mal. C'est donc lorsque le musulman a fait ce qui lui incombait à ce propos aussi qu'il est « bien guidé », et non avant. (Majmoû'o ul-fatâwâ). Dès lors, ce que signifie ce verset est qu'une fois qu'il a fait ce qu'il devait en matière d'exhortation au bien et de dissuasion du mal, le musulman ne doit pas, face au refus de son frère d'agir selon son rappel, exagérer : soit le harceler, soit, à l'inverse, déprimer. Il a fait son devoir de rappel, il doit garder à l'esprit qu'il n'est responsable que de ses actes personnels au niveau de l'agir concret (Majmoû'o ul-fatâwâ).

3/ Pas d'espionnage pour "traquer" tout ce qui pourrait être fait dans les intimités :
Allah dit : « Ne vous épiez pas » S : 49, V : 12.
Ibn Taymiyat a écrit : « C'est le mal fait ouvertement qui fait l'objet d'une dissuasion, contrairement à ce qui est fait de façon dissimulée ». Cependant, si on sait de façon certaine que tel péché est fait de façon dissimulée et de façon généralisée, on pourra faire un discours public et évoquer l'enseignement de l'islam sur le sujet. Ce qui est dit ici c'est qu'on ne doit pas parler à quelqu'un personnellement d'un péché dont on a entendu dire qu'il le fait de façon dissimulée. Ibn Mas'oûd disait : « Il nous a été interdit d'espionner. Mais, si quelque chose apparaît ouvertement devant nous, nous agissons » (Aboû Dâoûd).

4/ Exhorter au bien et dissuader du mal : est-il obligatoire ou facultatif ?
Lorsqu'un musulman pose un acte qui lui est interdit ou déconseillé, les membre de la communauté ont l'obligation de reprouver ce qu'il fait. Parallèlement, un musulman qui délaisse un acte obligatoire, les musulmans sont appelés de lui exhorter à faire ce bien. Donc, en tout état de cause, ordonner le bien et interdire le blâmable est une prescription à nous. Allah nous dit dans son livre saint : « ceux qui, si Nous leur donnons la puissance sur terre, accomplissent la Salât (prière), acquittent la Zakât, ordonnent le convenable et interdissent le blâmable. Cependant, l'issue finale de toute chose appartient à Allah. » S : 22, V : 41.

5/ Devoir de tout musulman ou seulement des ulémas ?
L'Imam An-Nawawî a écrit : « N'ordonnera (de faire l'obligatoire) et n'interdira (de faire l'interdit) que celui qui est Âlim (savant) sur le sujet. Or, cela diffère en fonction de l'objet :
- s'il s'agit des obligations claires et des interdits connus - comme la prière, le jeûne, la fornication, la consommation d'alcool et choses semblables -, alors tout musulman est savant sur le sujet.
- Et s'il s'agit d'actes et de propos dont le caractère est subtil (pas évident à cerner) ou qui relèvent de l'ijtihad, alors ceux qui ne sont pas ulémas n'ont pas à s'y immiscer et à dénoncer ce genre de choses : ce sont aux ulémas que (le fait de s'en occuper) revient. Ensuite (au sein de cette catégorie) les Oulémas ne dénonceront que ce qui fait l'objet d'un consensus ; quant à ce qui fait l'objet d'avis divergents, il n'y a pas de dénonciation à son sujet car (…) celui dont l'avis est juste est un et celui dont l'avis est erroné n'est pas déterminé.

6/ Comprendre les priorités :
Les deux points précédents, mettent en exergue qu'on ne peut se soucier d'exhorter principalement des personnes précises à faire des actes recommandés alors que ces personnes délaissent aussi les actes obligatoires. De même qu'on ne peut les dissuader de faire tel acte déconseillé alors qu'elles s'adonnent parallèlement à des actes interdits.
Pareillement, on ne peut dénoncer des actes dont le caractère interdit fait l'objet d'une divergence d'opinions et ne rien dire d'actions dont le caractère haram fait l'unanimité.

7/ Par quel moyen dissuadera-t-on du mal et exhortera-t-on au bien ?
Trois moyens ont été évoqués dans le Hadîth :
1/ Empêcher la personne de faire le mal (« doit le modifier par sa main ») .
2/ L'inviter par la langue à délaisser ce mal (« s'il ne peut pas (par sa main »), alors par sa langue »).
3/ considérer en son for intérieur ce mal comme étant un mal (« et s'il ne peut pas - par sa langue-, alors par son cœur »).
En fait seuls le deux premiers moyens sont véritablement des voies pour dissuader et exhorter. Quant à la dernière, il ne s'agit pas à proprement parler d'un moyen de dissuasion et d'exhortation, mais le Hadîth veut dire que c'est alors la seule chose qui soit en le possible de l'homme.

8/ Ne pas reprouver le mal peut entraîner une calamité générale :
Histoire de deux groupes de gens montés sur un bateau :
Un célèbre hadith, relaté du Prophète par an-Nuo'omân ibn Bashîr, compare les personnes qui font le mal et celles qui s'en abstiennent à deux groupes de gens montés sur un même bateau, ceux qui sont dans la cale étant ceux qui font le mal. Un jour ils décident de ne plus passer par le pont pour aller prendre l'eau de la rivière ou de la mer pour leurs besoins, et de percer la coque du navire pour la recueillir directement ainsi. Lorsque les gens séjournant sur le pont les voient commencer à faire cela, ils ont deux possibilités : soit ils leur expliquent et tous resteront sains et saufs, soit ils ne leur disent rien [en pensant : "Ils font ce qu'ils veulent"], et tous périront noyés (par Al-Boukharî).
Un autre hadith est celui relaté par Zaynab : Suite au fait que le Prophète a annoncé qu'un malheur s'abattrait sur les Arabes, elle demanda : « Serions-nous détruits alors que se trouvent parmi nous les pieux ? - Oui ; lorsque le mal est fait abondamment » (Al-Boukharî).
Ces hadiths montrent que Dieu peut infliger, en ce monde même, une calamité générale pour cause de forte présence des mauvaises actions (d'autres calamités peuvent avoir comme objectif la simple mise à l'épreuve).

Cela peut faire suite à deux cas de figure :
- Soit les gens qui ne font pas ce mal ne se souciaient absolument pas des autres : à ce moment, non seulement une calamité terrestre peut les englober, mais en plus, dans l'au-delà aussi, ils peuvent devoir rendre des comptes et subir une punition pour ce manquement de leur part (puisque nous avons vu, tout au long de cet article, qu'adorer Dieu n'est pas faire des actions personnelles de bien tout en se désintéressant totalement des autres) ; ce cas de figure tombe sous le coup du hadîth relaté par Jarîr : « Lorsqu'un homme se trouve parmi des gens et fait des mauvaises actions parmi eux, qu'ils ont la capacité de le modifier et qu'ils ne le font pas, Dieu leur infligera une punition avant qu'ils meurent ( dans ce monde même) (Aboû Dâoûd) ; dans une autre version, il y a ces mots : « Tout peuple au sein duquel on fait des mauvaises actions et (les gens qui ne les font pas) sont plus nombreux que ceux qui les font... » (Abû Dâoûd, Ibn Mâdjah, Ahmad).
- Soit que les gens qui s'abstenaient des mauvaises actions se sont souciés de ceux qui les faisaient et les ont exhortés à les délaisser, mais ceux-ci ne les ont pas écoutés ; à ce moment une éventuelle calamité terrestre venant sanctionner la forte présence du mal peut les englober tous, mais dans l'au-delà seuls les derniers seront fautifs ; ce cas de figure est concerné par le hadîth relaté par Ibn Omar : « Lorsque Dieu fait descendre une punition sur un peuple, celle-ci touche tous ceux qui y sont. Puis ils seront ressuscités selon leurs actions » (Al-Boukharî et Mouslim).

Il est important d'observer quand on exhorte au bien ou dissuade du mal : la sincérité.
« Tout ceci doit être fait en voulant le bien (de la personne) et par recherche de la Face de Dieu, et non par intérêt personnel vis-à-vis de l'humain. Une personne a par exemple de l'inimitié vis-à-vis de quelqu'un à cause d'une affaire de ce monde, ou à cause d'une jalousie, d'une antipathie ou d'un conflit lié au pouvoir, et elle se met à parler du mal que fait cet homme en montrant qu'elle veut le bien, alors que son objectif est en réalité de le rabaisser et de se venger. Cela relève de l'action satanique. » Qu'Allah nous guide dans son droit chemin.

Sanogo Abou Amirat

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