x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 24 janvier 2009 | Le Patriote

Interview : Remous à la mairie d’Adjamé / Youssouf Sylla (Maire d’Adjamé) -“Pour le moment, c’est l’élection de ADO qui m’intéresse”

Mercredi dernier, les premier, deuxième et troisième adjoints au maire d’Adjamé ont organisé une marche sur la résidence des Maires de la commune. Ils accusent le maire d’avoir vendu cette résidence à un opérateur économique et contestent notamment sa mauvaise gestion. Le Patriote a rencontré le concerné. Il donne dans cette interview sa part de vérité.
Le Patriote : Monsieur le maire, mercredi dernier, il y a eu des remous dans votre commune. Certains de vos adjoints ont organisé une marche sur la résidence des maires. Ila accusent le maire que vous êtes d’avoir bradé cette résidence à un promoteur. De quoi s’agit-il véritablement ?
Youssouf Sylla : Je crois que j’ai affaire à des adjoints irresponsables. Puise qu’avant qu’on ne casse la résidence, j’ai eu à les informer au dernier conseil. Ils avaient les journées du vendredi, samedi, dimanche et lundi pour s’opposer. Ils ne l’ont pas fait. Personne n’a bronché. Il a fallu qu’Abou Fané vienne de Suisse pour soulever tout ce monde et dire que la résidence a été bradée. Est-ce qu’ils ont montré un papier qui prouve que la résidence appartient à la commune d’Adjamé ? Moi j’ai les preuves. Voilà les papiers (NDLR : il les brandit) qui me disent que la résidence appartient à la ville d’Abidjan. Et que tous les domaines de la ville d’Abidjan sont reversés au compte du District d’Abidjan. Le sachant, j’ai reçu plusieurs courriers depuis le ministre Paul Yao N’Dré (NDLR : ancien ministre de l’Intérieur) jusqu’à Amondji me disant que la résidence n’appartient pas à la commune d’Adjamé et qu’on ne peut même pas y être logé. La loi ne lui faisant pas cet honneur. Moi, sachant cela et compte tenu de ce que l’on dit, chaque fois j’informais le comité. Moi pour gêner un peu le Gouverneur, j’ai pris un arrêté affectant la police municipale à la résidence pour qu’on puisse nous la laisser.
LP : Et comment a réagi le Gouverneur?
Y.S : Mais le Gouverneur n’a pas accepté cela et a écrit pour me demander de libérer la résidence et le ministère de l’Intérieur m’a donné une note de délibération qui date de 1958 qui affecte la résidence au District d’Abidjan avec titre foncier qui porte le numéro 2974. Alors vous voulez que j’aille contre la loi ? J’ai cédé et j’ai cette délibération qui me protège. J’ai rétrocédé la résidence à Amondji et celui-ci a signé un contrat de bail avec un opérateur économique. Quand la résidence a été cédée, la chefferie Ebrié d’Adjamé m’a interpellé pour me dire que normalement la résidence doit revenir aux propriétaires terriens. Je leur ai présenté cette lettre. Quand on l’a lue ensemble, ils étaient tous découragés. Ils ont avoué avoir été trompés. Car on leur a dit que j’ai vendu la résidence à 600 millions de francs CFA. J’ai dit bon qu’à cela ne tienne, voilà la vérité et mon conseil a vu la vérité, voilà la délibération. Malgré cela, comme ils ont quelque chose derrière la tête…
LP : Quelle est cette chose ?
Y.S : Ils disent dans le journal Fraternité-Matin d’aujourd’hui (NDLR : l’interview a eu lieu jeudi dernier) qu’ils vont me pousser à la démission. Mais est-ce qu’ils ont souvenance que ce n’est pas la première fois qu’ils se révoltent ici. Le ministre Issa Diakité, paix à son âme, nous a reçus, et leur a dit quand on travaille avec quelqu’un qui gère mal, on démissionne pour ne pas être sale au finish. Donc, moi, j’attendais leur démission et ils ne l’ont pas fait. Le ministre Dja Blé est venu et leur a servi le même discours.
LP : A quoi répond leur attitude ? Pourquoi selon vous veulent-ils que vous démissionniez ?
Y.S : Mais, je pensais qu’au départ c’était une affaire de conseil municipal. Au conseil, il n’y pas seulement le RDR. Il y a aussi le FPI, les indépendants. Ceux-là, je ne les ai jamais vus marcher. Si c’est une affaire de conseil, ils devraient en principe marcher avec eux. Mais ils savent que ce n’est pas comme cela qu’on résout les problèmes. Donc, je crois qu’ils perdent leur temps. Ils ont pris un huissier qui va s’asseoir devant la résidence. Ils menacent de casser la résidence. Qu’ils cassent, cela ne me gêne pas du tout. Au contraire, si l’Etat décide que la résidence revienne à la mairie d’Adjamé, nous serons tous heureux. Je crois que c’est à l’issue de tout cela que je viens de recevoir une convocation du préfet qui veut nous rencontrer pour en savoir davantage.
LP : On vous reproche également le non fonctionnement de l’hôpital général…
Y.S : Le non fonctionnement de l’hôpital général… Qui ici à Abidjan ou à Adjamé ne sait pas que le maire a remis officiellement les clés de l’hôpital général au ministre de la Santé qui est Alla Kouadio Remi ? Ils étaient invités à cette cérémonie. Quand vous remettez quelque chose au gouvernement, vous avez quelque chose encore à faire ? Au gouvernement de recruter et d’affecter les docteurs, les infirmiers et les sages-femmes. Ce n’est pas encore à moi d’aller dire au gouvernement de venir équiper l’hôpital, puisqu’on lui a demandé cela. Quand on a fini les différents lycées, le ministère de l’Education nationale a affecté les enseignants et les a équipés. Ils fonctionnent aujourd’hui. Et aujourd’hui, on veut m’imputer le non fonctionnement de l’hôpital. Une fois que j’ai donné les clés au gouvernement, ma responsabilité est dégagée dans cette affaire. S’ils veulent qu’ils aillent voir le ministre de la Santé pour en s’avoir davantage. Ils me reprochent également que je n’enlève pas les ordures. Mais qui en Côte d’Ivoire ne sait pas que l’enlèvement des ordures ne fait plus partie des prérogatives des maires ? L’enlèvement des ordures, la précollecte et le balayage sont attribués au ministre de la Ville. (…)
LP : La semaine dernière, un autre incident est survenu dans votre commune. On vous a accusé d’avoir battu à sang un militant. Qu’en est-il exactement?
Y.S : Je suis même surpris de voir une telle accusation portée contre ma personne. (…) Je ne sais pas si vous avez lu l’article. Le titre est différent de l’article qui est à l’intérieur. Le titre est politique et à l’intérieur c’est une affaire civile. Donc quand je vois cela, je sais qui est derrière. Pour trois mille francs, un journaliste a appelé Hervé et je cite nommément Bandama qui est le chargé de communication d’un de mes adjoints qui travaillent à « L’Intelligent d’Abidjan ». (…)
LP : A vous écoutez, on a l’impression que vous êtes victime d’un harcèlement de la part de vos adjoints. Qu’est-ce que cela cache ?
Y.S : Ils veulent mon fauteuil (NLDR : il répète deux fois la phrase). L’un d’eux a rencontré un de mes proches pour dire que : « Sylla, le RDR n’en veut plus comme maire. Je crois qu’ils rêvent debout (…)
LP : Qui et l’auteur de ces propos?
Y.S : C’est un de mes adjoints au maire
LP : Son nom ?
Y.S : Je n’ai pas besoin de le dire. Il se reconnaîtra et les autres vont l’interpeller. Moi, je sais qu’ils vont se battre entre eux.
LP : Quelle suite comptez-vous donner à cette affaire ?
Y.S : Moi, j’ai mes papiers. Je suis convoqué ce soir (ndlr, jeudi dernier) par le préfet d’Abidjan. Je vais l’écouter. J’ai déposé les différentes copies des lettres à la tutelle. Donc je ne me sens pas concerné par tout ce qu’ils font. Je suis serein.
LP : Vous n’envisagez pas des actions en justice ?
Y.S : Non. En justice pourquoi ? Je suis militant du RDR. Je ne me peux pas y aller avec des militants. A moins qu’on m’y entraîne. Et je leur annonce que je suis candidat à ma propre succession. Ce n’est pas la peine qu’ils gaspillent leur argent et qu’ils perdent leur temps.
LP : Donc pour vous, c’est une guerre de succession qui a commencé ?
Y.S : C’est une guerre de succession qui a commencé. Mais nous ne l’avons pas engagée à notre niveau. Nous, pour le moment ce qui nous intéresse c’est l’élection du président Alassane Dramane Ouattara. C’est pour cela que nous sommes engagés à fond dans les audiences foraines et dans le recensement, l’enrôlement. Et nous sommes en très bonne position à Adjamé. Mais où ils étaient ? On ne les a jamais vus sur le terrain. Je prépare du riz, le plat est cuit. Je dis servez vous et vous voulez prendre toute la marmite pour partir. On rêve ou quoi ? Non, qu’on nous laisse travailler pour que nous puissions faire élire notre président.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ