La pré-campagne du Président Bédié pour les futures élections présidentielles continue de nous inspirer des réflexions à partager avec les militants du PDCI-RDA et avec tous nos compatriotes, mais surtout, cette fois-ci, avec les plus jeunes générations. Les éditions précédentes de "Le Nouveau Réveil" n° 1961 du jeudi 03 juillet 2008, de "Le Repère" n°031 du jeudi 04 juillet 2008, et encore de “Le Nouveau Réveil” du vendredi 24 octobre 2008 ont déjà levé certains pans du profil de l`homme face à son “dernier combat" politique selon ses propres termes. Le périple du Sud Comoé révèle surtout des invariants, donc une stabilité dans un discours qui tire parti des leçons d`une expérience politique et de la crise ivoirienne pour parler aux Ivoiriens. On relève cependant qu`au fil de ses tournées, Bédié prend de plus en plus à bras le corps son rôle d`opposant après avoir cerné les faiblesses du FPI, parti au pouvoir et principal adversaire qui est le parti qui doit rendre compte.
Commençons par rendre hommage au groupe de presse “Le Réveil” et à toute l`équipe chargée de renseigner le public sur le périple du leader du PDCI. Ils ont trouvé solidairement des formules efficaces de communication par l`image et les textes ; des messages parlants en Côte d`Ivoire et dans le monde, banalisant ainsi la parcimonie de l`information des média d`Etat sur les manifestations politiques du PDCI. Un grand service a été rendu aux responsables de la communication du PDCI-RDA par ce boycott qui les a stimulés. Ils ont atteint la vitesse de croisière pour soutenir une bataille des idées sur l`avenir de la Côte d`Ivoire qui intéresse aussi la communauté internationale au plus haut point, étant donné la position de la Côte d`Ivoire en Afrique de l`Ouest avant la perte progressive de son influence depuis l`arrivée calamiteuse du FPI au pouvoir.
Invariants et dynamique du discours
Voyons d`abord les questions de forme avec les éléments stables dans le discours de Bédié. Comme dans les étapes précédentes, ses adresses aux Ivoiriens continuent d`être rédigées avec soin. EIles ne sont jamais improvisées, signe d`un travail patient et rigoureux de préparation de chaque prise de parole. C`est une excellente chose pour un candidat qui cherche à retrouver son fauteuil dans un environnement national où la parole peut raviver inutilement les tensions. Autre élément stable : c`est le ton direct, souvent teinté de pointes acérées et d`images fortes, de l`opposant qui ne ménage pas, depuis le début de ses tournées, sa cible principale. Dans un réquisitoire qui est de bonne guerre, les attaques qui s`adressent à la Re-fondation et à ses ténors ne pointent jamais un individu. Le débat est dépersonnalisé, alors que Bédié est lui-même le plus souvent directement victime d`attaques acerbes. Il laisse à chaque ténor de la Re-fondation la liberté et le soin de se reconnaître dans les dérapages, les atteintes à la démocratie, à la liberté, aux valeurs et à l`éthique dans la gestion des hommes, la gouvernance des institutions et des finances publiques, chez des adversaires qui ont atteint parfois le summum de la déchéance morale par certaines de leurs attitudes. Des pointes d`humour continuent d`agrémenter les diatribes de Bédié. On y découvre parfois des effets de style littéraire chargés d`humanité et d`expressions qui égaient les militants (les jeunes Ivoiriens diraient “enjaillent”) : par exemple les " imbéciles heureux" (Dabou), la "foire à la gabegie" (Aboisso). Bédié qui abhorre le ton populiste ne descend jamais dans la poubelle ou au-dessous de la ceinture. La signature de ses discours est celle de la race des politiciens cultivés issus de partis civilisés ; quant à sa rigueur dans l`écriture, elle relève d`une habitude véhiculée depuis les bonnes écoles normales coloniales fréquentées où il s`est approprié l`art de s`exprimer avec élégance. A ce chapitre, il a glissé un bémol lyrique et romantique à l`endroit d`Henriette, dans "la capitale de la région d`origine de celle qui, depuis plus d`un demi-siècle, partage, à mes côtés, avec patience et un courage admirable, ma vie, ses heurts, et ses malheurs et qui, en compagne attentive, m`apporte les soutiens indispensables pour surmonter les difficultés auxquelles me confrontent les responsabilités qui sont miennes". Mais il se ressaisit aussitôt, suspend son arrêt sur le vol du temps et redescend dans l`arène politique, en ouvrant une page d`l`histoire sur le lien que "La Côte d`Ivoire a cimenté entre le PDCI-RDA…" et la Région Sud Comoé. Dans une peau d`historien, il évoque, à chaque étape, la mémoire des bâtisseurs - et ils sont nombreux et de qualité dans le Sud Comoé- pour un parti politique dont le passé se confond avec celui de la lutte pour notre libération de du joug colonial. Le Sud Comoé a été, de fait, intimement et précocement lié à cette lutte. En bon gardien des souvenirs du temple, il rend hommage aux premiers bâtisseurs. C`est ici que son message apporte un plus avec un ton pédagogique, didactique et émouvant, par la révélation d`une région à elle-même, à la Côte d`Ivoire et au monde. L`impact ne peut qu`être favorable dans un environnement socio-politique où les liens ethno-culturels et matrimoniaux tirent sur les cordes les plus sensibles de la psychologie sociale.
Les jeunes générations doivent retenir du passage de Bédié dans le Sanwi, au-delà d`une campagne politique, ses enseignements sur la genèse d`une région et son rôle dans l`élaboration de notre nation. C`est tout à fait vrai et objectivement vérifiable que "le Sud Comoé a été la porte d`entrée de notre monde dans la modernité, la porte d`entrée du café cacao " (avec Verdier à Elima pour le café) ; de l`économie portuaire et de l`administration publique (Assinie et Bassam) ; du cocotier, et surtout de l`école en Côte d`Ivoire. Cet héritage a été enrichi, avec l`indépendance, par la culture industrielle du palmier à huile, de l`hévéa, de l`ananas, l`élevage sous palmier etc., grâce à la politique de diversification de l`agriculture. Mais la contribution la plus essentielle du Sud Comoé dans la genèse de la Côte d`Ivoire, c`est le rôle joué par des Hommes, surtout les Educateurs, les Planteurs, les Commerçants et les femmes aux heures de braise. Leurs moyens propres, et non ceux de l`Etat, ont soutenu, aux côtés d`Houphouët-Boigny, la lutte pour la libération du joug colonial.
Enfin, Bédié l`opposant devient de plus en plus incisif et même provocateur dans son quadrillage du Sud Comoé en ironisant : "Gbagbo a peur de m`affronter" (Bianouan) ; " Oui, qui peut me battre " ! Il va rejoindre Aka Aouélé dans la démonstration de force du PDCI-RDA, "un parti redoutable". Il renchérit et dénonce : " Ils veulent faire dix ans sans élection ". Voilà pour la forme. Pour le fond, il y a des messages fondamentaux et le bilan de la tournée.
Messages fondamentaux et bilan
On doit retenir comme un message fondamental dans l`adresse aux Ivoiriens à partir du Sud Comoé, la rectification, sans passion, de "l`amalgame diabolique des problèmes du Guébié et du Sanwi", fonds politique du FPI. Ces problèmes douloureux ont été réglés par les lois de la république et les efforts de conciliation avec la coutume afin d`éviter, en leur temps, la sécession du pays. L`invitation à cesser "de faire l`éloge des irrédentismes insensés, facteurs de haine et de division" est un appel sage à la raison pour éviter l`affaiblissement de la nation. C`est aussi et surtout un appel responsable au dépassement pour le rassemblement, à tous ceux qui aspirent à nous gouverner à un moment où la Côte d`Ivoire déchirée et à la cherche de ses repères a besoin de voir ses filles et ses fils se réconcilier. De tels propos honorent grandement le PDCI-RDA car la Côte d`Ivoire en crise ne cherche pas seulement un nouveau Président, mais surtout un Homme capable de dépassement pour rassembler et reconstruire la confiance entre Ivoiriens.
Le discours de Bédié dans le Sud Comoé, c`est aussi un appel vigoureux à organiser le progrès par l`aménagement volontaire des régions. Avec des exemples précis et des preuves à l`appui comme le PDCI a su toujours le faire, Bédié a montré, avec sincérité, ce qui a été fait dans le Sud Comoé et qui a été interrompu par son éviction du pouvoir en 1999. Les promesses électorales acquièrent dans ces conditions un sens ; elles deviennent alors crédibles, rassurantes, et font renaître l`espoir de la reconstruction et de lendemains moins incertains avec le retour du PDCI au pouvoir avec Bédié.
Nous n`insisterons pas outre mesure sur ce qui a été excellemment dit sur les asthénies du FPI et surtout sur ses dérives totalitaires. A quoi sert-il de faire une campagne électorale si dans la posture d`opposant qui est celle du Président Bédié, il ne peut pas stigmatiser un comportement aux antipodes des promesses électorales ? La répétition est pédagogique, même et surtout dans une campagne électorale, d`autant que ce qui est dit est non démagogique et loin du ton populiste. Les militants des régions non encore visitées : Zanzan, indénié, Ouest, Savanes, worordougou, Denguélé, etc. attendent les mêmes propos sur le piteux état dans lequel les Re-fondateurs ont mis notre pays et notre l`école. Quand cela sort de la bouche d`un ancien Président de la République qui a contribué à placer la Côte d`Ivoire là où elle était avant la perte actuelle de son audience internationale, ça retentit comme une parole d`évangile pour les masses rurales qui ne savent pas lire, et qui n`ont pas de radio et de télévision.
Alors, ça fait quoi de dire que depuis son avènement au pouvoir, le FPI rame à contre-courant des promesses faites lorsque le PDCI était au pouvoir ? Toutes les condamnations relatives au culte de la personnalité, au budget de souveraineté, à l`affairisme du pouvoir, à la mauvaise gouvernance, au cabinet présidentiel pléthorique, aux promesses sur la réduction des fonds de souveraineté, aux milliards pour redresser l`université, à l`école gratuite, à l`assurance maladie universelle, à la rémunération du travail du monde paysan, à l`industrialisation, à l`impunité, aux libertés individuelles, à la démocratie etc. se retournent contre le FPI et sa Re-fondation. Le bilan de la tournée dans le Sud Comoé, dans ce qui intéresse et stimule le militant du PDCI se résume comme suit :
Il y a d`abord une démonstration de force et la preuve, dans le Sud Comoé et ailleurs, de la capacité de mobilisation des délégations départementales et communales, des secrétaires de sections et des comités de base du PDCI-RDA, ainsi que l`existence de milliers de militants d`un parti difficile à réduire. Le Sud Comoé a révélé un Bédié vraiment populaire, rassembleur, qui fait l’unité de son parti, au regard de la qualité et du nombre des plus hauts dirigeants du PDCI qui l`ont soutenu dans le quadrillage du Sud Comoé, ainsi que des vagues de militants de toutes conditions et de tous âges qui déferlaient pour écouter ses messages. Le Sud Comoé a mis en exergue de la vitalité d`un parti et le caractère sympathique des meetings du PDCI, dans une campagne colorée où la Présidente de Servir a semé la joie. Alors que le climat politique est morose, le PDCI continue de demeurer un Parti joyeux. C`est un signe de sérénité. Le bouquet final d`Assinie en a administré la preuve.
Dans le Sud Comoé, Bédié “révolté” a confirmé un art consommé, avec son style dans l`écriture des discours. Il laisse à chaque étape, pour la postérité, des pages de littérature politique, à l`instar d`un André Gide, grand bourgeois de l`injustifié dans sa révolte, au Congo, contre le caractère inhumain des travaux forcés sous le régime colonial.
Le Sud Comoé a surtout révélé des signes de panique, de l`autre côté, avec le mensonge (sans photos à l`appui) sur la chute et l`évanouissement de Bédié. Cette galéjade a, comme toute clownerie, accru la sympathie pour le candidat du PDCI. La mobilisation dans le Sud Comoé est enfin de nature à galvaniser les militants des régions non encore visitées pour faire mieux. Au total, petit à petit, l`oiseau fait peur et fait son nid ; et le Président Bédié se hâte lentement et tisse patiemment et pacifiquement la toile de son retour au pouvoir avec la sérénité d`un sphinx.
Bédié n`est pour le moment qu`à l`étape du diagnostic sur le malaise ivoirien créé par les faiblesses et l`incompétence du FPI, et sur la conscientisation à propos des menaces qui nous guettent si ce parti est reconduit au pouvoir. Il n`a pas encore livré à la nation la quintessence de son message et les lignes de force de sa nouvelle vision et des sentiers pour le rassemblement des Ivoiriens et la Reconstruction post-crise. La campagne est encore longue ; la sortie du sombre tunnel qui mène aux élections demeure encore problématique et incertaine.
Les idées et la créativité novatrice n`ont pas d`âge. Pour les bons gouvernants dans notre monde de l`accélération du changement et des incertitudes croissantes, seule compte l`aptitude à organiser des équipes gagnantes, capables de mutualiser leurs expériences et leurs compétences pour construire un avenir qui s`inspire du passé sans être un prolongement du passé. Bédié sait qu`il est attendu plus loin au chapitre des idées nouvelles pour rassembler, réconcilier, redynamiser et relever le pays. La culture du rassemblement, du dialogue, de la non-violence et de l`organisation de stratégies volontaristes et réalistes de développement est con-naturellle aux Héritiers de Félix Houphouët-Boigny. Les Ivoiriens ne seront donc pas déçus, comme le 25 août 1995, à Yamoussoukro.
Pr KOBY Assa Théophile
Secrétaire National chargé des Etudes et Prospectives du PDCI
Commençons par rendre hommage au groupe de presse “Le Réveil” et à toute l`équipe chargée de renseigner le public sur le périple du leader du PDCI. Ils ont trouvé solidairement des formules efficaces de communication par l`image et les textes ; des messages parlants en Côte d`Ivoire et dans le monde, banalisant ainsi la parcimonie de l`information des média d`Etat sur les manifestations politiques du PDCI. Un grand service a été rendu aux responsables de la communication du PDCI-RDA par ce boycott qui les a stimulés. Ils ont atteint la vitesse de croisière pour soutenir une bataille des idées sur l`avenir de la Côte d`Ivoire qui intéresse aussi la communauté internationale au plus haut point, étant donné la position de la Côte d`Ivoire en Afrique de l`Ouest avant la perte progressive de son influence depuis l`arrivée calamiteuse du FPI au pouvoir.
Invariants et dynamique du discours
Voyons d`abord les questions de forme avec les éléments stables dans le discours de Bédié. Comme dans les étapes précédentes, ses adresses aux Ivoiriens continuent d`être rédigées avec soin. EIles ne sont jamais improvisées, signe d`un travail patient et rigoureux de préparation de chaque prise de parole. C`est une excellente chose pour un candidat qui cherche à retrouver son fauteuil dans un environnement national où la parole peut raviver inutilement les tensions. Autre élément stable : c`est le ton direct, souvent teinté de pointes acérées et d`images fortes, de l`opposant qui ne ménage pas, depuis le début de ses tournées, sa cible principale. Dans un réquisitoire qui est de bonne guerre, les attaques qui s`adressent à la Re-fondation et à ses ténors ne pointent jamais un individu. Le débat est dépersonnalisé, alors que Bédié est lui-même le plus souvent directement victime d`attaques acerbes. Il laisse à chaque ténor de la Re-fondation la liberté et le soin de se reconnaître dans les dérapages, les atteintes à la démocratie, à la liberté, aux valeurs et à l`éthique dans la gestion des hommes, la gouvernance des institutions et des finances publiques, chez des adversaires qui ont atteint parfois le summum de la déchéance morale par certaines de leurs attitudes. Des pointes d`humour continuent d`agrémenter les diatribes de Bédié. On y découvre parfois des effets de style littéraire chargés d`humanité et d`expressions qui égaient les militants (les jeunes Ivoiriens diraient “enjaillent”) : par exemple les " imbéciles heureux" (Dabou), la "foire à la gabegie" (Aboisso). Bédié qui abhorre le ton populiste ne descend jamais dans la poubelle ou au-dessous de la ceinture. La signature de ses discours est celle de la race des politiciens cultivés issus de partis civilisés ; quant à sa rigueur dans l`écriture, elle relève d`une habitude véhiculée depuis les bonnes écoles normales coloniales fréquentées où il s`est approprié l`art de s`exprimer avec élégance. A ce chapitre, il a glissé un bémol lyrique et romantique à l`endroit d`Henriette, dans "la capitale de la région d`origine de celle qui, depuis plus d`un demi-siècle, partage, à mes côtés, avec patience et un courage admirable, ma vie, ses heurts, et ses malheurs et qui, en compagne attentive, m`apporte les soutiens indispensables pour surmonter les difficultés auxquelles me confrontent les responsabilités qui sont miennes". Mais il se ressaisit aussitôt, suspend son arrêt sur le vol du temps et redescend dans l`arène politique, en ouvrant une page d`l`histoire sur le lien que "La Côte d`Ivoire a cimenté entre le PDCI-RDA…" et la Région Sud Comoé. Dans une peau d`historien, il évoque, à chaque étape, la mémoire des bâtisseurs - et ils sont nombreux et de qualité dans le Sud Comoé- pour un parti politique dont le passé se confond avec celui de la lutte pour notre libération de du joug colonial. Le Sud Comoé a été, de fait, intimement et précocement lié à cette lutte. En bon gardien des souvenirs du temple, il rend hommage aux premiers bâtisseurs. C`est ici que son message apporte un plus avec un ton pédagogique, didactique et émouvant, par la révélation d`une région à elle-même, à la Côte d`Ivoire et au monde. L`impact ne peut qu`être favorable dans un environnement socio-politique où les liens ethno-culturels et matrimoniaux tirent sur les cordes les plus sensibles de la psychologie sociale.
Les jeunes générations doivent retenir du passage de Bédié dans le Sanwi, au-delà d`une campagne politique, ses enseignements sur la genèse d`une région et son rôle dans l`élaboration de notre nation. C`est tout à fait vrai et objectivement vérifiable que "le Sud Comoé a été la porte d`entrée de notre monde dans la modernité, la porte d`entrée du café cacao " (avec Verdier à Elima pour le café) ; de l`économie portuaire et de l`administration publique (Assinie et Bassam) ; du cocotier, et surtout de l`école en Côte d`Ivoire. Cet héritage a été enrichi, avec l`indépendance, par la culture industrielle du palmier à huile, de l`hévéa, de l`ananas, l`élevage sous palmier etc., grâce à la politique de diversification de l`agriculture. Mais la contribution la plus essentielle du Sud Comoé dans la genèse de la Côte d`Ivoire, c`est le rôle joué par des Hommes, surtout les Educateurs, les Planteurs, les Commerçants et les femmes aux heures de braise. Leurs moyens propres, et non ceux de l`Etat, ont soutenu, aux côtés d`Houphouët-Boigny, la lutte pour la libération du joug colonial.
Enfin, Bédié l`opposant devient de plus en plus incisif et même provocateur dans son quadrillage du Sud Comoé en ironisant : "Gbagbo a peur de m`affronter" (Bianouan) ; " Oui, qui peut me battre " ! Il va rejoindre Aka Aouélé dans la démonstration de force du PDCI-RDA, "un parti redoutable". Il renchérit et dénonce : " Ils veulent faire dix ans sans élection ". Voilà pour la forme. Pour le fond, il y a des messages fondamentaux et le bilan de la tournée.
Messages fondamentaux et bilan
On doit retenir comme un message fondamental dans l`adresse aux Ivoiriens à partir du Sud Comoé, la rectification, sans passion, de "l`amalgame diabolique des problèmes du Guébié et du Sanwi", fonds politique du FPI. Ces problèmes douloureux ont été réglés par les lois de la république et les efforts de conciliation avec la coutume afin d`éviter, en leur temps, la sécession du pays. L`invitation à cesser "de faire l`éloge des irrédentismes insensés, facteurs de haine et de division" est un appel sage à la raison pour éviter l`affaiblissement de la nation. C`est aussi et surtout un appel responsable au dépassement pour le rassemblement, à tous ceux qui aspirent à nous gouverner à un moment où la Côte d`Ivoire déchirée et à la cherche de ses repères a besoin de voir ses filles et ses fils se réconcilier. De tels propos honorent grandement le PDCI-RDA car la Côte d`Ivoire en crise ne cherche pas seulement un nouveau Président, mais surtout un Homme capable de dépassement pour rassembler et reconstruire la confiance entre Ivoiriens.
Le discours de Bédié dans le Sud Comoé, c`est aussi un appel vigoureux à organiser le progrès par l`aménagement volontaire des régions. Avec des exemples précis et des preuves à l`appui comme le PDCI a su toujours le faire, Bédié a montré, avec sincérité, ce qui a été fait dans le Sud Comoé et qui a été interrompu par son éviction du pouvoir en 1999. Les promesses électorales acquièrent dans ces conditions un sens ; elles deviennent alors crédibles, rassurantes, et font renaître l`espoir de la reconstruction et de lendemains moins incertains avec le retour du PDCI au pouvoir avec Bédié.
Nous n`insisterons pas outre mesure sur ce qui a été excellemment dit sur les asthénies du FPI et surtout sur ses dérives totalitaires. A quoi sert-il de faire une campagne électorale si dans la posture d`opposant qui est celle du Président Bédié, il ne peut pas stigmatiser un comportement aux antipodes des promesses électorales ? La répétition est pédagogique, même et surtout dans une campagne électorale, d`autant que ce qui est dit est non démagogique et loin du ton populiste. Les militants des régions non encore visitées : Zanzan, indénié, Ouest, Savanes, worordougou, Denguélé, etc. attendent les mêmes propos sur le piteux état dans lequel les Re-fondateurs ont mis notre pays et notre l`école. Quand cela sort de la bouche d`un ancien Président de la République qui a contribué à placer la Côte d`Ivoire là où elle était avant la perte actuelle de son audience internationale, ça retentit comme une parole d`évangile pour les masses rurales qui ne savent pas lire, et qui n`ont pas de radio et de télévision.
Alors, ça fait quoi de dire que depuis son avènement au pouvoir, le FPI rame à contre-courant des promesses faites lorsque le PDCI était au pouvoir ? Toutes les condamnations relatives au culte de la personnalité, au budget de souveraineté, à l`affairisme du pouvoir, à la mauvaise gouvernance, au cabinet présidentiel pléthorique, aux promesses sur la réduction des fonds de souveraineté, aux milliards pour redresser l`université, à l`école gratuite, à l`assurance maladie universelle, à la rémunération du travail du monde paysan, à l`industrialisation, à l`impunité, aux libertés individuelles, à la démocratie etc. se retournent contre le FPI et sa Re-fondation. Le bilan de la tournée dans le Sud Comoé, dans ce qui intéresse et stimule le militant du PDCI se résume comme suit :
Il y a d`abord une démonstration de force et la preuve, dans le Sud Comoé et ailleurs, de la capacité de mobilisation des délégations départementales et communales, des secrétaires de sections et des comités de base du PDCI-RDA, ainsi que l`existence de milliers de militants d`un parti difficile à réduire. Le Sud Comoé a révélé un Bédié vraiment populaire, rassembleur, qui fait l’unité de son parti, au regard de la qualité et du nombre des plus hauts dirigeants du PDCI qui l`ont soutenu dans le quadrillage du Sud Comoé, ainsi que des vagues de militants de toutes conditions et de tous âges qui déferlaient pour écouter ses messages. Le Sud Comoé a mis en exergue de la vitalité d`un parti et le caractère sympathique des meetings du PDCI, dans une campagne colorée où la Présidente de Servir a semé la joie. Alors que le climat politique est morose, le PDCI continue de demeurer un Parti joyeux. C`est un signe de sérénité. Le bouquet final d`Assinie en a administré la preuve.
Dans le Sud Comoé, Bédié “révolté” a confirmé un art consommé, avec son style dans l`écriture des discours. Il laisse à chaque étape, pour la postérité, des pages de littérature politique, à l`instar d`un André Gide, grand bourgeois de l`injustifié dans sa révolte, au Congo, contre le caractère inhumain des travaux forcés sous le régime colonial.
Le Sud Comoé a surtout révélé des signes de panique, de l`autre côté, avec le mensonge (sans photos à l`appui) sur la chute et l`évanouissement de Bédié. Cette galéjade a, comme toute clownerie, accru la sympathie pour le candidat du PDCI. La mobilisation dans le Sud Comoé est enfin de nature à galvaniser les militants des régions non encore visitées pour faire mieux. Au total, petit à petit, l`oiseau fait peur et fait son nid ; et le Président Bédié se hâte lentement et tisse patiemment et pacifiquement la toile de son retour au pouvoir avec la sérénité d`un sphinx.
Bédié n`est pour le moment qu`à l`étape du diagnostic sur le malaise ivoirien créé par les faiblesses et l`incompétence du FPI, et sur la conscientisation à propos des menaces qui nous guettent si ce parti est reconduit au pouvoir. Il n`a pas encore livré à la nation la quintessence de son message et les lignes de force de sa nouvelle vision et des sentiers pour le rassemblement des Ivoiriens et la Reconstruction post-crise. La campagne est encore longue ; la sortie du sombre tunnel qui mène aux élections demeure encore problématique et incertaine.
Les idées et la créativité novatrice n`ont pas d`âge. Pour les bons gouvernants dans notre monde de l`accélération du changement et des incertitudes croissantes, seule compte l`aptitude à organiser des équipes gagnantes, capables de mutualiser leurs expériences et leurs compétences pour construire un avenir qui s`inspire du passé sans être un prolongement du passé. Bédié sait qu`il est attendu plus loin au chapitre des idées nouvelles pour rassembler, réconcilier, redynamiser et relever le pays. La culture du rassemblement, du dialogue, de la non-violence et de l`organisation de stratégies volontaristes et réalistes de développement est con-naturellle aux Héritiers de Félix Houphouët-Boigny. Les Ivoiriens ne seront donc pas déçus, comme le 25 août 1995, à Yamoussoukro.
Pr KOBY Assa Théophile
Secrétaire National chargé des Etudes et Prospectives du PDCI