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Politique Publié le jeudi 29 janvier 2009 | Le Patriote

Après une rencontre avec le milieu des transporteurs hier/ Le Cheick Boikary Fofana crache ses vérités: "On ne bâtit pas une nation sur les groupes ethniques et religieux"

L’environnement du transport en Côte d’Ivoire baigne dans un désordre qui ne dit pas son nom. Les syndicats y poussent comme des champignons. Ce qui rend difficile la gestion du milieu. Malgré les difficultés, la Fédération nationale des syndicats des chauffeurs unis de Côte d’Ivoire (FENASCU-CI) veut jouer sa partition pour voir le milieu s’assainir. M. Diakité Yacouba et ses pairs, ont entrepris une série de rencontres pour interpeller les leaders d’opinion sur leur sort. Hier, ils ont rendu visite au Cheick Boikary Fofana. «Nous sommes des laissés-pour-compte », a indiqué d’entrée, M. Diakité Yacouba. Selon lui, les chauffeurs n’arrivent pas à vivre de leur métier. «Nous travaillons sans contrat d’embauche. Nous sommes à la merci de nos employeurs», a poursuivi le patron de la FENASCU-CI. C’est pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, que sa délégation et lui, ont effectué le déplacement pour solliciter la médiation du Cheick auprès des autorités compétentes. «Nous sommes venus vous demander de nous aider à ramener la paix dans notre milieu», a plaidé le chef de la délégation. Prenant la parole, le Cheick Boikary Fofana a dressé le tableau sombre du monde du transport. «Votre milieu souffre de formation et d’organisation», a précisé l’hôte de la FENASCU-CI. Ces maux sont, selon lui, les principaux obstacles à l’assainissement du milieu du transport. Pour illustrer ses propos, le Cheick a pris l’exemple des pays développés où les chauffeurs vivent de leur travail. «Ils ont des contrats de travail. Tout est organisé», a-t-il révélé. Ce qui n’est pas le cas ici. Selon lui, il n’est pas admissible qu’un travailleur ne vive pas de son travail. «Tout employé doit avoir un contrat de travail avec son employeur», a-t-il plaidé. Cette disposition permettra , a-t-il dit, que tout employé licencié abusivement, rentre dans ses droits. Pour le Cheick Boikary la société civile doit défendre ses droits mais selon les moyens légaux. Il a regretté aussi le fait que le milieu du transport soit un milieu d’illettrés. Avant de révéler «les syndicats dans vos milieux ont été minés. Parce que les décideurs savent que vous constituez une force, ils vous divisent pour vous affaiblir», a-t-il soutenu.
En plus, il considère que les transporteurs sont victimes d’une injustice. Pendant que tous les intrants augmentent à longueur de journée, rien n’est fait pour alléger les problèmes des transporteurs. «En affaiblissant une communauté, on affaiblit le pays», a-t-il regretté. Selon lui, les transporteurs prêtent le flanc. «Au lieu de vous mettre ensemble, vous vous tirez dessus. Vous faites régner la loi de la jungle», a-t-il dit, avant de leur conseiller : «organisez-vous en vous demandant ce que vous voulez et vous verrez les choses iront pour le mieux».
Sur sa lancée, le Cheick a indiqué que l’organisation est la base de tout succès. «Le FPI n’est pas majoritaire. C’est parce qu’ils sont organisés, qu’ils sont au pouvoir», a-t-il révélé. A contrario, selon lui l’opposition qui est majoritaire perd tout. Il faut une meilleure organisation et la formation des leaders. Il a aussi indiqué qu’on avait habitué les Ivoiriens aux conflits et que le milieu du transport n’était pas un milieu normal. «Nous vivons dans un milieu de faux», a révélé le guide religieux. Il en donne pour preuve la filière café cacao et les concours. «Mêmes les paysans ont été organisés et il y a quelques uns qui sont à la tête pour "bouffer". Aujourd’hui, ils sont là où vous savez». Il déplore aussi les pratiques malsaines des hommes politiques. «On a crée des idées qui n’ont rien à voir avec la République», a-t-il regretté. La Morale, a selon lui, foutu le camp. «Quand un peuple n’a plus de moralité, il faut préparer ses obsèques», a-t-il averti. Plus grave, il considère que le pays est mal parti. «On est parti sur des bases fausses. On ne peut pas construire une Nation en se basant sur les groupes ethniques ou religieux», a indiqué le Cheick Boikary Fofana. Pour terminer, il a invité les Ivoiriens au travail : «Ne créons pas un cadre de protection des fainéants!».

Thiery Latt
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