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Politique Publié le vendredi 30 janvier 2009 | Fraternité Matin

Laurent Gbagbo : “La justice sera sévère avec les fraudeurs”

La guerre a duré plus longtemps que nous ne l’avions pensé, mais notre pays doit sortir la tête haute. Et nous devons aller aux élections aux conditions constitutionnelles de la Côte d’Ivoire», a déclaré, hier, le Président de la République Laurent Gbagbo. C’était face au peuple tchaman qu’il a reçu en audience au Palais présidentiel. Face à ses hôtes venus lui exprimer sa reconnaissance et son soutien pour les actions menées en vue du retour de la paix, mais aussi pour lui exposer ses préoccupations anciennes qui restent d’actualité, Laurent Gbagbo s’est voulu rassurant et véridique. Parlant de la sortie de crise, il a réaffirmé aux populations venues massivement, parées de leurs plus beaux vêtements, que «la guerre est finie» et qu’il ne reste plus que les élections. «On avance, soyez sereins, tranquilles. Circulez, nous allons régler bientôt les problèmes des com’zones», a-t-il déclaré. Toujours dans le cadre de la réunification du territoire national, le Chef de l’Etat a soutenu qu’après le redéploiement de l’administration judiciaire, c’est le tour des forces de l’ordre. «Nous envoyons 2.000 gendarmes et 2.000 policiers sur l’ensemble du territoire pour quadriller les élections», a ajouté le chef suprême des armées. Répondant aux attaques de ses adversaires politiques, Laurent Gbagbo a dit philosophiquement : «Je considère cela comme des bénédictions» et des remerciements pour avoir tenu bon et qui est pour avoir ramené la paix dans le pays.

Il a également dédramatisé la question de la fraude à laquelle s’adonnent des individus et au centre d’une grande polémique depuis le début de l’opération d’identification et de recensement électoral. «Il ne faut pas avoir peur de la fraude car c’est tous les jours qu’ils fraudent. Mais c’est tous les jours aussi que nous les arrêtons». Il a promis que la justice sera «sévère» avec les fraudeurs, estimant qu’aucune raison ne peut désormais justifier ces actes dès lors que la carte de séjour a été supprimée. Parce qu’il faut une identification irréprochable pour aller aux élections pour éviter que des citoyens évoquent des arguments comme l’exclusion, la xénophobie. Même s’il déplore que cette identification revienne extrêmement et inutilement coûteuse pour les caisses de l’Etat. L’opposition politique, en voulant l’accuser de ne pas vouloir des élections, a opté, selon lui, pour des «solutions inutilement chères» et qui justifient tous le retard constaté aujourd’hui. «Nous allons tout balayer, aucun argument avancé ne va rester dans l’ombre. Parce que nous voulons que la Côte d’Ivoire sorte de la guerre très forte». Et c’est dans ce souci de «protéger» le pays qui est un bien commun et de préparer l’avenir qu’il a décidé, a-t-il expliqué, d’apurer les dettes extérieures en pleine crise. «Quand nous allons finir les élections, il faudra que la Côte d’Ivoire renoue avec le succès, la croissance».

S’agissant de la date des élections, il s’en remet à la Commission électorale indépendante. «J’ai confiance en la Cei, c’est elle qui fixe les dates des élections», a affirmé le Président Gbagbo. Pour l’heure, il se félicite de voir les acteurs politiques sillonner les villages et villes, preuve que la guerre est effectivement finie et que le pays est sécurisé et stabilisé comme l’a confirmé, a-t-il rappelé, la résolution 1865 (2009) du Conseil de sécurité de l’Onu adopté le 27 janvier.

Paulin N. Zobo



Examen du livre blanc du peuple tchaman dans une semaine

Monsieur le Président, dites un mot et faites le geste qui sauve, et l’espoir renaîtra pour le peuple tchaman». Tel est le mot de fin du porte-parole des populations, Mme Boka née Abeto Constance Marie, titulaire d’un Ph. D en Aménagement du territoire, d’autant qu’elle pense qu’«il est l’homme du renouveau de la Côte d’Ivoire». La réponse ne s’est pas faite attendre. «Dans une semaine», le Président de la République, assisté de ses collaborateurs et du préfet de la région des Lagunes, préfet d’Abidjan, Sam Etiassé, et les représentants du pays atchan se retrouveront pour des séances de travail en vue d’arriver à des propositions concrètes et durables, applicables «immédiatement» et à long terme. «Le peuple atchan a été martyrisé par l’urbanisation», a déploré Dr Abeto. Il s’agira d’examiner «le livre blanc» contenant les préoccupations de ce peuple lagunaire qui a offert ses terres pour abriter les capitales de la Côte d’Ivoire, d’abord Bingerville, ensuite Abidjan. «Trouvons de vraies solutions aux vrais problèmes qui assaillent le pays atchan», a dit le Président Gbagbo. Pour lui, l’érection des sous-préfectures de Bingerville et Songon en départements et de certains villages en communes demandée par le porte-parole des populations, n’est pas la bonne solution aux problèmes de terres et de pollution lagunaire qui préoccupent les autochtones d’Abidjan.

En attendant les séances de travail, le porte-parole a énuméré quelques contraintes qui sont les leurs. Le peuple tchaman réclame, entre autres, «le paiement d’une rente compensatrice annuelle pour les terres cédées pour la mégapole Abidjan, la réparation par restitution des terres occupées par des plantations; la réparation par indemnisation pour les terres occupées par les édifices publics; la dépollution des plans d’eau lagunaires en vue d’entreprendre des activités comme la pêche, le tourisme; la résolution des questions de sécurité et de violence…». Mme Boka a plaidé pour l’adoption d’un Plan Marshall pour Abidjan surtout que le Chef de l’Etat vient de lancer son projet pour le Grand Abidjan. Et dans la mise en œuvre de ce plan, le peuple tchaman doit «bénéficier d’un programme spécifique» prenant en compte tous les domaines d’activités de manière à prévoir «un programme de développement durable.»

Le dilemme qui est celui des propriétaires terriens de la capitale économique est fortement ressenti par le Chef de l’Etat. Heureux de voir leur ville abriter la capitale du pays mais malheureux à cause de l’expropriation née du conflit entre l’urbanisation et le foncier. Pour lui, il y a urgence à agir pour que ces populations soient intégrées dans les prises de décision. Mais aussi, pour qu’elles ne regrettent pas d’avoir offert leur cité pour en faire la capitale. Les populations se sont déplacées en masse au Palais de la Présidence, vêtues de leurs plus beaux habits. Avec les cadres, notamment le gouverneur du district d’Abidjan, Amondji Pierre, les élus, les diplomates, la chefferie traditionnelle conduite par le chef central Oga Léon. Le général Philippe Mangou, membre de cette communauté, s’est excusé auprès du Chef suprême des Armées car en mission à Korhogo. Néanmoins, le Président Gbagbo a loué ses qualités d’homme de combat qui a su tenir le front militaire durant la crise. Le Chef de l’État a reçu des présents dont des attributs de chef.

Paulin N. Zobo
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