x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Région Publié le jeudi 5 février 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Un milliard et demi dans la nature

A Biankouma, la guerre des routes est entrée dans une phase de tension.. Entre les supporters de Bertine Tia Monnet, la présidente du conseil général de Biankouma à qui il ne reste plus que 30 kilomètres à reprofiler, y compris la pose de buses pour permettre la traversée de rivières sur cet axe et ceux de Soumahoro Siguidé un ancien ministre qui vise le poste de la présidente. Les protagonistes menacent même d'en venir aux mains pendant que la question du milliard et demi de l'Etat est toujours à la marge, son utilité étant d'ailleurs devenu problématique. Car l'entreprise E.E.C.T a levé le camp depuis, sous la pression du conseil général qui, lui, a pris les choses en main.
Selon sa présidente, il ne reste plus que trois mois au maximum à ses techniciens pour livrer l'axe Biankouma-Sipilou pour lequel elle est déjà à 300 millions de Fcfa d'investissements. Des graders stationnés pour défaut de pièces reprennent même leur travail dès la semaine prochaine et il ne restera plus qu'à poser les buses pour réaliser les ponts qui sont nécessaires sur certains axes. Mais à l'achèvement de tous ces travaux, le conseil général devrait être à un niveau d'investissements de l'ordre de 600 millions. Très loin donc du milliard et demi demandé par E.E.C.T de l'ancien ministre des Sports d'Henri Konan Bédié.
Certes, les contraintes d'une entreprise ne sont pas celles d'une collectivité décentralisée, notamment en matière d'immobilisation d'engins, de salaires et d'impôts à payer. Mais, le problème est bien ailleurs. Car depuis que le conseil général de Biankouma s'est précipité à réhabiliter ce tronçon, E.E.C.T n'a plus de travail à faire. Alors à quoi sert le milliard et demi de l'Etat ?
Bertine Tia Monnet, elle, ne fait guère dans la dentelle. Sans le dire, elle laisse penser que cette situation arrange bien E.E.C.T, l'Ageroute, y compris le Préfet de Biankouma, Evariste Pierre Ahonon pour lesquels elle ne trouve pas de propos assez durs (lire son interview).
Elle dénonce d'ailleurs leur collusion comme une voie détournée pour détrousser l'Etat.
Tendue comme un arc, cette petite dame rousse qui ramène ses cheveux en arrière comme les guérilleros d'Amérique latine ne craint rien. Le week-end dernier, une marche de supporters de Siguidé a eu pourtant lieu à Biankouma. Avant celle-ci, ses adversaires s'étaient réunis à Abidjan pour dénoncer son attitude anti-communautaire qui bloque le désenclavement de cette zone totalement sinistrée.
Mais face à ces menaces, les autorités légalement compétentes restent sourdes. Elles n'ignorent pourtant rien de ce qui se passe à Biankouma. Le conseil général a, en effet, saisi le ministre de l'Intérieur, celui des Infrastructures et le ministre de l'Economie et des Finances pour demander que l'entreprise E.E.C.T cesse ses activités. La loi sur la décentralisation impose que son avis soit requis et Mme Tia, qui joue aussi bien de ruse, table à fond sur ses droits pour disqualifier un adversaire politique.
Cela dit, rien n'empêche l'Etat de mettre un terme à cette cacophonie en redéployant cet argent vers d'autres dépenses. Car les cadres de l'Ouest ont la fâcheuse habitude de se faire payer des dépenses qu'ils n'ont pas effectuées. Blaise Siki Blon, le président du conseil général de Man à qui l'Etat a donné 135 millions de carburant pour reprofiler les axes de cette région s'est rétracté, en raison de l'hostilité des élus locaux. Bref, à l'Ouest, la route relève d'un casse-tête régional.
Joseph Titi
joseph.titi@yahoo.fr
Qu'est-ce qui peut expliquer qu'une route qui devait pouvoir rapprocher les populations soit un objet d'affrontements ?
Je ne comprends pas pourquoi cela peut faire l'objet d'affrontements. Mais ce que je peux dire en ce qui concerne cette route, c'est que le préfet du département, quelques cadres, quelques élus et le Dg d'EECT entendaient avoir des moyens pour financer leur campagne électorale. Donc escroquer l'Etat de Côte d'Ivoire. Et le préfet est impliqué dans cette affaire. Parce lorsque j'étais en train de faire cette route l'année dernière et ce même préfet m'a dit d'arrêter les travaux.
A qui était confiée la réfection de cette route ?
L'article 73 de la loi 2000 n° 2001 477 du 9 août 2001 stipule que « le Conseil général est obligatoirement appelé à donner son avis sur les projets relatifs aux voies de communication, aux réseaux divers d'intérêts nationaux à réaliser sur le territoire du département. Et l'article 72 stipule «le conseil général exerce les attributions dévolues par les lois et règlements et notamment celle énumérée à l'article 7. En ma qualité de présidente du Conseil général, il m'appartient de refaire toutes ces voies. E t la voie de Sipilou était pour nous un souci avant l'avènement des conseils généraux. Ainsi avec leur arrivée, les populations de cette contrée m'ont maintes fois envoyé des délégations. Et lorsque je me suis rendue dans cette localité, ce sont les mêmes problèmes de route qui ont été évoqués.
En tout cas vos adversaires affirment que cette voie n'était pas encore reprofilée quand elle a été cédée par l'Ageroute à l'entreprise EECT.
Mais nous sommes là bas depuis mi-janvier 2008. L'entreprise EECT a eu son autorisation si je ne m'abuse, le 12 févier. Et l'entreprise EECT ne s'est pointée qu'en avril 2008. Et c'est là que l'Ageroute et nous avons eu une confrontation devant le directeur des marchés publics de Côte d'Ivoire. Ainsi le directeur leur a fait remarquer qu'il faut l'avis du Conseil général.
L'urgence de la visite du Chef de l'Etat ne justifiait-elle pas que les travaux de cette route soient confiés à l'entreprise EECT ?
EECT n'est pas plus équipée que nous. En plus, elle ne peut pas faire ce travail en un mois. Cette route était hermétiquement fermée. Depuis que les colons ont fait cette voie, elle n'a jamais connu de réfection comme ce que nous faisons actuellement.
Donc vous n'êtes pas en train de combattre un adversaire politique ?
Non je ne combats personne. Mon adversaire, c'est celui que je vais trouver sur le terrain.
Vous avez quand même dit qu'EECT ne doit pas travailler dans votre département ?
J'ai dit que ce travail est déjà fait. Donc EECT ne pouvait pas venir sur ce terrain. Je ne peux plus accepter que cette entreprise vienne travailler.
Le conseil général n'est pas une entreprise. Pourquoi capte-t-il des marchés ?
Nous ne sommes pas une entreprise. Nous sommes un organe de développement.
En principe ce sont les entreprises qui souscrivent à ce type de marchés ?
Je suis d'accord, mais sachez que nous sommes dotés d'engins pour suivre toutes nos routes dans le département. Nous faisons les reprofilages lourds comme légers. En ce qui concerne les ouvrages, nous faisons un appel d'offres pour les confier aux entrepreneurs. C'est ce qui est fait sur cette route.
Pourquoi les ponts ne sont pas encore faits ?
Nous les avons attribués à des entrepreneurs. Ceux-ci vont démarrer très bientôt les travaux. Si vous partez à Biankouma à l'entrée du premier pont juste après Gouessesou, il ya une première rivière et là se trouve une pancarte de CAO qui dit qu'ils doivent traiter les points sensibles et faire le remblai avant de poser les ouvrages.

Recueilli par Joseph Titi
Coll : Benjamin Soro
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ