Quel sera le sort des personnes qui ne peuvent pas se faire enrôler depuis le lancement de l'opération d'identification du fait qu'elles n'ont pas d'acte de naissance à cause des registres d'état civil détruits? La CEI invite à la sérénité puisqu'elle estime qu’aucun Ivoirien ne pourra être privé du droit de se faire enrôler. Pour ce faire, des séances complémentaires sont prévues à l'issue du processus de reconstitution des registres d'état civil disparus ou détruits du fait de la guerre. Tout en espérant que l'information donnée par les services de la CEI épouse plus tard la réalité, il faut que l’opération d’identification des populations et d’enrôlement des électeurs a pris fin dans le District d’Abidjan depuis belle lurette. Et c’est longtemps après que le processus de reconstitution des registres d’état civil a démarré. La CEI n’ignore pas que de nombreux Ivoiriens n’ont pu se faire enrôler parce que justement les originaux et les doubles des registres les concernant ont disparu ou été détruits dans les sous-préfectures, mairies et les greffes des tribunaux. Et concernant l'intérieur du pays, la fin de l'opération est prévue pour fin février. A cette date, la reconstitution des registres ne sera pas à son terme. Et donc des personnes ne pourront pas se faire enrôler. La préoccupation est donc de savoir, au moment où la reconstitution des registres est en cours, est-ce que la CEI pourra-t- elle permettre à ces personnes de se faire enrôler en autorisant à nouveau le déroulement de l’enrôlement partout? Ceux qui sont dans le cas des registres disparus ou détruits ne sont pas les seuls. Car il y a aussi ces nombreux Ivoiriens nés sans jamais être déclarés à l’état civil. Et pour lesquels des audiences foraines complémentaires sont urgentes et sont même réclamées sur toute l’étendue du territoire. Ces derniers, au nombre non négligeable, sont en âge de voter, mais étant dans l’impossibilité de se faire établir un extrait, ils risquent de ne pas voter au cas où des audiences foraines complémentaires ne seraient pas faites pour eux. Et là encore, on a de forte chance d’avoir un corps électoral qui ne reflète pas la réalité des potentiels électeurs. S’interroger sur la solution que va préconiser la CEI s'impose donc. Parce que les élections qu’on veut ouvertes à tous, ne le seront pas seulement pour les candidats, mais aussi elles doivent être ouvertes à tous les électeurs. Car c’est à partir des voix de tous les Ivoiriens en âge de voter qu’on saura si celui qui sera élu, est bien le bénéficiaire des suffrages des Ivoiriens dans leur majorité. Il n’est donc pas question de mettre à l’écart des Ivoiriens sous le prétexte qu’ils n’avaient pas la possibilité de se faire enrôler au moment où l’opération se déroulait. La CEI doit tout mettre en œuvre pour prendre en compte toute cette catégorie de personnes qui n’ont pas de leur propre chef décidé de ne pas voter. Le faire, serait priver des candidats d'une bonne partie de leur électorat. Ce qui aura sûrement des conséquences fâcheuses, parce que le suffrage ne sera pas l’émanation de tous les potentiels électeurs. Mais la structure chargée de l'organisation des élections se veut rassurante. "Les Ivoiriens n’ont pas à s’inquiéter parce que personne ne sera mis à l’écart. Dans le District d’Abidjan et à l’intérieur, la CEI donne l’assurance que tous ceux qui sont concernés par la reconstitution des registres d’état civil, se feront enrôler au cours des séances de rattrapage prévues. Si on comprend bien, l’opération d’enrôlement va reprendre pour permettre aux laissés-pour- compte de se faire enrôler", a indiqué une source proche de la CEI lundi. Cette promesse sera-t-elle tenue ? Le plus grave, serait de donner l’espoir aux Ivoiriens de se faire enrôler à l’occasion du rattrapage et au dernier moment, ne pas être en mesure de respecter cet engagement. Un faux bond aux nombreux Ivoiriens, serait impardonnable parce que préjudiciable. Ce sera une trahison lourde de conséquences. Mais comme l’homme tire sa crédibilité à partir du respect de sa propre parole, attendons et espérons que Mambé s’en sorte bien.
Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr
Benjamin Koré benjaminkore@yahoo.fr