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Politique Publié le vendredi 6 février 2009 | Notre Voie

Le 28 février annoncé comme la fin de l`enrôlement : Les organisations féminines disent non à Mambé

Réunies depuis hier en atelier à l’hôtel Manhattan Suite d’Abidjan-Attoban, plusieurs leaders des organisations féminines ont donné leur point de vue sur le processus d’identification en cours. Elles ont dénoncé les dysfonctionnements de l’opération et demandé à la Commission électorale indépendante (CEI) de revoir sa position quant à la date de la fin de l’enrôlement fixée au 28 février.

Insatisfaction et plaidoyer ! Hier, à l’hôtel Manhattan Suite d’Abidjan-Attoban, plusieurs femmes leaders d’organisations féminines ont relevé les insuffisances des structures chargées de l’opération d’enrôlement et d’identification, mis en exergue les difficultés auxquelles sont confrontés les pétitionnaires et lancé un appel à la Commission électorale indépendante (CEI) de prendre le temps qu’il faut pour le recensement de tous les Ivoiriens. Elles ont donné ces points de vue au cours de la cérémonie d’ouverture de l’atelier sur le thème “La promotion de la citoyenneté féminine et égalité du genre en Côte d’Ivoire” ; atelier organisé par West Africa Network for Peacebuilding (WANEP-Côte d’Ivoire ) ou Réseau ouest africain pour l’édification de la paix, en collaboration avec la Coordination des femmes de Côte d’Ivoire pour les élections et la reconstruction post-crise (COFEMCI-REPC).


“L’une des raisons de la guerre”

“Arrêter le processus le 28 février, c’est un peu gênant. Dans plusieurs villages, il n’y a ni électricité, ni photocopie pour faire les doubles des extraits de naissance. Le manque de pièce a été l’une des raisons de la guerre. On a évoqué le fait que des gens n’avaient pas d’existence juridique parce qu’ils n’avaient pas de papiers. Alors, c’est vrai que continuer l’opération au-delà du 28 février, c’est beaucoup d’argent, mais on peut encore en chercher. Si nous avons déployé tant d’efforts pour ce qui a été déjà fait, ces efforts seraient vains si beaucoup d’autres personnes doivent être en marge de l’opération indépendamment de leur volonté. Alors, il faut une prorogation après le 28 février. C’est un plaidoyer”, a souligné Salimata Porquet, présidente d’honneur de COFEMCI-REPC. La tantie, comme l’appellent toutes les participantes à l’atelier, a aussi regretté le manque de soutien financier promis par des bailleurs de fonds pour aider les structures féminines à aller faire la sensibilisation de proximité sur l’opération selon les recommandations d’un séminaire organisé à Grand-Bassam.

“J’étais sur le terrain à Séguéla il y a trois semaines pour sensibiliser. Mais les autorités préfectorales m’ont demandé un mandat. Alors, si nous devons travailler, il faut qu’on ait les papiers qu’il faut. Par ailleurs, je voulais aider une dame à se faire s’enrôler. Elle avait un extrait de naissance dument signé par l’autorité avec un timbre authentique mais qui n’avait aucun numéro. Celle-là, est-ce sa faute ? Et pourtant elle ne peut pas se faire enrôler. Il faut qu’on règle son problème. Donc un report serait bienvenu”, a réagi Alimata Diomandé de la COFEMCI.
Pour Elène Baudoua, présidente des femmes de l’UDCY, vice-présidente de la COFEMCI et présidente de la Coalition de la plate-forme des partis politiques, la sensibilisation a été insuffisante dans la mesure où elle s’est essentiellement faite à la télévision à laquelle n’a pas accès la majorité des populations rurales. “A Béoumi, beaucoup de personnes n’avaient même pas eu accès aux audiences foraines. L’un des problèmes soulevés par la rébellion était relatif à l’identification. Il faut donc prendre le temps de bien faire cette identification. On dit que la sortie de crise doit se faire par des élections ouvertes à tous. Alors des personnes ne doivent pas être privées de leur droit de vote. Alors il n’est pas bien de dire que l’opération prend fin le 28 février”, a insisté Mme Baudoua.

Quant à Mme Diallo Sissoko de l’Association des femmes juristes, elle a dit qu’après une tournée à Grand-Lahou, Sassandra, Soubré, etc. le constat est que des zones sont inaccessibles. Il est donc à craindre que les équipes d’enrôlement n’y arrivent pas.

Toutes ces interventions ont fait suite au discours de Fatoumata Traoré Diop, elle-même présidente d’honneur de la COFEMCI et vice-présidente de la CEI. Elle s’est d’abord félicitée du succès de l’opération d’identification. Selon elle, c’est une prouesse que 4 millions de personnes aient été déjà enrôlées. Elle a loué les compétences des responsables de la CEI.

Pour ce qui concerne la sensibilisation, elle a estimé que la campagne institutionnelle s’est bien faite et que c’est la sensibilisation de proximité qui a fait défaut. Or elle a affirmé qu’à ce niveau, ce sont les cadres qui n’ont pas joué leur rôle. Elle a réitéré la décision de sa structure d’arrêter le 28 février. “L’identification sera arrêtée. Elle est coûteuse. Elle se poursuivra au niveau du ministère de l’Intérieur via l’ONI pour donner des CNI aux retardataires. Concernant ceux qui n’ont pas pu être identifiés à Abidjan, qu’ils se rabattent sur des zones où ce n’est pas encore fini. Concernant l’élection, il faut dire qu’elle n’est pas obligatoire, donc nous ne pouvons pas perdre le temps avec des gens qui ne se sentent pas concernés et sont assis chez eux”, a déclaré Mme Fatoumata Diop. Elle avait ensuite demandé à ce que les participantes soient le relais de la CEI auprès des populations.

Les réactions ci-dessus ont prouvé que son discours n’était pas partagé.


“Soyez leur porte parole pour une prorogation”

Mais reprenant la parole, la vice-présidente de la CEI a tenté à nouveau de se faire mieux comprendre en apportant des réponses à certaines inquiétudes. Qu’à cela ne tienne, Matenin Coulibaly, experte en genre au Fonds de développement des Nations unies pour la femme(UNIFEM), a repris la parole pour dire : “Ce que ces femmes ont dit est un plaidoyer. Je souhaite que vous soyez leur porte-parole auprès de la CEI pour la prorogation de la date d’enrôlement afin que toutes les femmes de Côte d’Ivoire puissent se faire identifier”.

Quelques instants plus tôt, elle avait exprimé l’engagement de la structure onusienne à accompagner WANEP-Côte d’Ivoire et la COFEMCI-REPC dans leur combat pour la promotion de la femme.

L’atelier prend fin cet après-midi. Ses objectifs sont d’enrichir un manuel relatif aux instruments sous-régionaux et en Afrique pour la promotion de la citoyenneté de la femme, enrichir un manuel relatif au plan d’action national élaboré sur l’intégration de l’égalité de genre, permettre à la COFEMCI-REPC de valider et de se doter d’un plan d’activités pour l’année 2009.

Plusieurs communications et des travaux en atelier constituent la substance de l’atelier. Dr. Marie-Paule Kodjo, présidente de la COFEMCI-REPC, et Mme Boussou Coulibaly vice-présidente de WANEP-Côte d’Ivoire, ont exprimé les ambitions de leurs structures respectives et ont appelé à la solidarité de toutes les femmes pour relever les défis . “Femmes de Côte d’Ivoire, ensemble, tout est possible”, dit d’ailleurs le slogan de la COFEMCI-REPC plusieurs fois répété hier.

Dan Opéli
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