Parcours du combattant pour l’établissement d’un extrait d’acte de naissance à la sous-préfecture de Yamoussoukro. Le sous-préfet de Yamoussoukro refuse de signer les extraits d’acte de naissance; le sous-préfet boycotte le processus d’identification de la population; on se fout des gens à la sous-préfecture!» Telles sont, parmi tant d’autres, les plaintes que nous recevons régulièrement par téléphone. Pour en savoir davantage sur ce que l’on qualifie de «complot du sous-préfet», nous nous sommes rendu mardi dernier à la sous-préfecture.
Il est 16h30, quand nous entrons dans la cour. Celle-ci grouille de monde. A l’état-civil, un attroupement s’est formé. Devant le bureau du sous-préfet, c’est le même décor. Certaines personnes vocifèrent: «Nous sommes là depuis, mais on ne nous dit rien de bon!».
Informé de notre présence, le sous-préfet nous reçoit. Plutôt qu’une discussion à bâtons rompus, il préfère un tour dans les différents locaux, pour que nous puissions nous imprégner du processus de délivrance des extraits d’acte de naissance. La visite commence par le secrétariat. Deux agents travaillent sur leurs ordinateurs. Ils enregistrent des données et tirent des extraits de naissance. A côté, nous comptons 138 registres contenant des extraits qui viennent d’être saisis. Ils seront déposés d’un moment à l’autre sur la table du premier responsable des lieux pour signature. De là, nous nous retrouvons dans le bureau de l’état civil. Une dame et un homme font l’appel. Ceux-ci nous montrent près de 2000 extraits non retirés entassés dans deux tiroirs. Ils ont été établis en 2008. Nous continuons notre marche jusqu’à la salle des archives. C’est une maison détachée derrière le local de l’état civil. A l’intérieur, nous sommes accueillis par une odeur de papier et de moisissure. Il se dégage une forte chaleur. La salle est moins aérée. Les registres sont rangés sur des étagères. Un agent commis à la tâche, fouille ces archives pour retrouver les copies conformes des extraits demandés. C’est ici que la préoccupation qui nous a conduit vers l’administrateur trouve réponse. En effet, de nombreux registres sont partiellement détruits. A titre d’exemple, il nous présente un registre de 1972. Ici, c’est le feuillet 46 avec l’extrait n°2948 qui en constitue la première page de ce registre. Ce qui veut dire que les feuillets 1 à 45 ont disparu. Dans ce cas, le demandeur de l’extrait n° 2947 ne peut obtenir satisfaction. Parce que ne figurant pas dans le registre. «Vous voyez vous-même. Je ne peux pas signer un extrait dont on ne retrouve pas les traces dans le registre. Je ne peux pas inventer un extrait. Seul le juge peut ordonner au Sous-préfet que je suis de retranscrire cet extrait ».
A notre sortie de la salle des archives, un vieil homme, tout furieux, se fait entendre. «Nous ne comprenons rien. Le commandant est là et on ne signe pas nos papiers! Depuis novembre, décembre, je ne fais que défiler.» Froidement, le sous-préfet prend l’extrait du vieil homme et constate de nombreuses irrégularités. De plus, ce papier n’a aucune trace dans les registres.
Dans ce cas, celui-ci, muni d’un «certificat de recherches infructueuses», doit se rendre au tribunal pour l’établissement d’un nouvel extrait. Comme pour ce vieux, indique le sous-préfet, de nombreux faux extraits ont été établis en son temps par des agents véreux. Certains avaient été arrêtés. Ils avaient imité la signature de son prédécesseur. Ce qui explique les nombreuses plaintes. M. Youssouf Traoré révèle aussi les conditions difficiles dans lesquelles ses agents et lui travaillent. «La sous-préfecture ne compte que 8 agents. Face à la forte demande, nous sommes obligés de transformer les gardes et manœuvres en agents d’état civil. Nous travaillons les samedis et dimanches. Malgré les conditions difficiles, nous enregistrons plus de 200 demandes par jour.», a-t-il affirmé en substance, pour battre en brèche toutes les accusations portées contre sa personne et son service. Il a, de ce fait, invité la population à s’intéresser au programme de reconstitution des registres de l’état civil qui démarre très bientôt.
Koffi Kouamé
Correspondant régional
Il est 16h30, quand nous entrons dans la cour. Celle-ci grouille de monde. A l’état-civil, un attroupement s’est formé. Devant le bureau du sous-préfet, c’est le même décor. Certaines personnes vocifèrent: «Nous sommes là depuis, mais on ne nous dit rien de bon!».
Informé de notre présence, le sous-préfet nous reçoit. Plutôt qu’une discussion à bâtons rompus, il préfère un tour dans les différents locaux, pour que nous puissions nous imprégner du processus de délivrance des extraits d’acte de naissance. La visite commence par le secrétariat. Deux agents travaillent sur leurs ordinateurs. Ils enregistrent des données et tirent des extraits de naissance. A côté, nous comptons 138 registres contenant des extraits qui viennent d’être saisis. Ils seront déposés d’un moment à l’autre sur la table du premier responsable des lieux pour signature. De là, nous nous retrouvons dans le bureau de l’état civil. Une dame et un homme font l’appel. Ceux-ci nous montrent près de 2000 extraits non retirés entassés dans deux tiroirs. Ils ont été établis en 2008. Nous continuons notre marche jusqu’à la salle des archives. C’est une maison détachée derrière le local de l’état civil. A l’intérieur, nous sommes accueillis par une odeur de papier et de moisissure. Il se dégage une forte chaleur. La salle est moins aérée. Les registres sont rangés sur des étagères. Un agent commis à la tâche, fouille ces archives pour retrouver les copies conformes des extraits demandés. C’est ici que la préoccupation qui nous a conduit vers l’administrateur trouve réponse. En effet, de nombreux registres sont partiellement détruits. A titre d’exemple, il nous présente un registre de 1972. Ici, c’est le feuillet 46 avec l’extrait n°2948 qui en constitue la première page de ce registre. Ce qui veut dire que les feuillets 1 à 45 ont disparu. Dans ce cas, le demandeur de l’extrait n° 2947 ne peut obtenir satisfaction. Parce que ne figurant pas dans le registre. «Vous voyez vous-même. Je ne peux pas signer un extrait dont on ne retrouve pas les traces dans le registre. Je ne peux pas inventer un extrait. Seul le juge peut ordonner au Sous-préfet que je suis de retranscrire cet extrait ».
A notre sortie de la salle des archives, un vieil homme, tout furieux, se fait entendre. «Nous ne comprenons rien. Le commandant est là et on ne signe pas nos papiers! Depuis novembre, décembre, je ne fais que défiler.» Froidement, le sous-préfet prend l’extrait du vieil homme et constate de nombreuses irrégularités. De plus, ce papier n’a aucune trace dans les registres.
Dans ce cas, celui-ci, muni d’un «certificat de recherches infructueuses», doit se rendre au tribunal pour l’établissement d’un nouvel extrait. Comme pour ce vieux, indique le sous-préfet, de nombreux faux extraits ont été établis en son temps par des agents véreux. Certains avaient été arrêtés. Ils avaient imité la signature de son prédécesseur. Ce qui explique les nombreuses plaintes. M. Youssouf Traoré révèle aussi les conditions difficiles dans lesquelles ses agents et lui travaillent. «La sous-préfecture ne compte que 8 agents. Face à la forte demande, nous sommes obligés de transformer les gardes et manœuvres en agents d’état civil. Nous travaillons les samedis et dimanches. Malgré les conditions difficiles, nous enregistrons plus de 200 demandes par jour.», a-t-il affirmé en substance, pour battre en brèche toutes les accusations portées contre sa personne et son service. Il a, de ce fait, invité la population à s’intéresser au programme de reconstitution des registres de l’état civil qui démarre très bientôt.
Koffi Kouamé
Correspondant régional