Yao Komenan (à propos de la dissidence au sein du Synatrase) : “Nous voulons travailler, revendiquer et négocier dans la discipline”

Accusé d`usurpation et d`être de connivence avec la direction générale, il y a quelques jours, par les membres du Syndicat national des travailleurs du secteur de l`eau (Synatrase), M. Yao Bakary Komenan donne son point de vue sur ce qu`il faut qualifier aujourd`hui de l`affaire Synatrase. Il était accompagné de Dido Dali et de M. Zaï Jean Pierre, eux aussi mis en cause.

Le Synatrase qui vous accuse d`avoir usurpé le titre de Secrétaire général par intérim a déposé une plainte contre vous. Il vous accuse aussi d`être à la solde de la direction générale. Quelle est votre réaction suite à ces accusations ?
Vous savez, le Synatrase a été créé il y a de cela deux ans deux mois. Nous avons mis en place des idées pour sauvegarder des emplois, aider nos camarades travailleurs à évoluer au sein de l`entreprise, c`est-à-dire, lutter dans un respect mutuel. Depuis un certain temps, nous avons constaté des comportements déviationnistes du camarade Bilé. Nous l`avons interpellé. Mais il ne veut jamais écouter et fait preuve de cécité intellectuelle. Lorsque nous posons des problèmes, il a recours à la violence.
Avez-vous donc participé à la création du Synatrase ?
Ce sont mes deux collaborateurs qui étaient les membres fondateurs (NDLR : Parlant de Dido Dali et Zaï Jean). Moi, je n`étais qu`un simple membre. Dans le temps, compte tenu de la violence au sein du syndicat, il était difficile de s`afficher parce qu`on s`exposait à toutes sortes de répression des responsables. Et vu toutes ces déviations, nous avons dit non, trop c`est trop. Onze de nos camarades sont tombés au cours du combat parce qu`on ne pouvait rien faire pour eux. On l`a approché pour lui demander l`attitude à tenir mais il nous a demandé de payer immédiatement le droit de nos collaborateurs. Nous lui disons non, c`est un combat et nous devons nous arrêter pour faire un bilan. Nous voulons donc dire que nous voulons travailler, revendiquer et négocier dans la discipline
Vous concernant, ils affirment que vous n`êtes pas membre du Synatrase. Que répondez-vous à cela ?
Le frère Bilé est de mauvaise foi. Dans tous les secteurs, toutes les directions, les agents ont adhéré massivement. Même à la base maintenant personne ne l`écoute. Il pense que c`est la violence qui peut résoudre les problèmes. C`est lui-même qui, de ses mains, a pris la fiche pour me faire adhérer et a récupéré les mille francs, en nous faisant croire qu`il n`y a pas de problème.
Qu`en est-il de vos accointances avec la direction générale, comme l`a souligné M. Amon Bilé ?
On n`a pas de rapport personnel avec la direction générale. Vous savez, la liberté syndicale donne droit sinon oblige l`employeur à nous écouter. Nous sommes au sein d`un syndicat où il y a des problèmes. Moi, j`ai écrit une lettre pour informer la direction que Bilé n`est plus notre représentant syndical à compter de ce jour. Nous nous retirons parce que l`esprit qui nous a animé à créer le syndicat n`est plus le même. Pour cela, nous suspendons le bureau du camarade Bilé et l`obligeons à tenir une assemblée générale après notre tournée d`information pour redorer le blason.
Comment se porte la Sodeci aujourd`hui ?
Compte tenu de la crise, il y a problème partout. La Sodeci n`est pas hors de cette réalité. Mais malgré tout, les travailleurs que nous sommes, nous évertuons à doubler d`ardeur pour engranger des bénéfices afin que les responsables puissent écouter et prendre soin de nos revendications pour que nous puissions à notre tour mieux vivre.
Beaucoup de coupures d`eau ces temps-ci. Est-ce que votre syndicat a des solutions à proposer à la question générale ?
Nous avons des solutions. C`est d`abord les moyens que nous devons mettre en place pour éviter les coupures. Les coupures ne viennent pas du fait des agents. Pour l`instant, il n`y a pas de grève. Elles sont dues à nos canalisations qui sont vétustes. L`Etat nous doit 52Milliards et jusque-là, nous n`avons rien reçu. Mais quant à Amon Bilé, moi aussi, je vais l`assigner en justice.

Interview réalisée par
Djè KM
et CRA (Stagiaire)