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Sport Publié le samedi 14 février 2009 | Le Temps

Football/ Les grandes rencontres de Le Temps - Ce que Zinsou n’a jamais dit

Après plusieurs tentatives infructueuses dues au silence volontaire qu`il s`était imposé, Le Temps s`honore de recevoir ce grand dirigeant du football ivoirien et africain. En effet, le Groupe Cyclone, dans le cadre de ses conférences de presse périodiques dénommées ``Les Grandes Rencontres de Le Temps``, recevait le mardi 10 février dernier : M. Simplice Zinsou De Messé. Une conférence-vérité. Lisez plutôt.

Pourquoi avez-vous quitté votre club, l`Africa au moment où il avait le plus besoin de vous?

Je n`ai pas quitté l`Africa sport national. On m`a obligé à partir. C`est ça la différence. Vous savez, quand vous donnez une grande partie de votre vie à un club comme l`Africa, quand vous avez sacrifié beaucoup de choses, que ce soit vos intérêts personnels, la famille, que vous avez tout donné et qu`à un certain moment, vous sentez que vos relations qui étaient des relations passionnées, de fraternité et d`amour, ne le sont plus avec des personnes avec qui vous partagiez tout, vous préférez prendre la décision d`arrêter les frais.
Et vous sentiez que vos relations qui étaient détendues, amicales, deviennent des relations conflictuelles, alors je me suis dit, arrête, rends le tablier. Pendant cette période difficile, j`ai vu apparaître des présidents d`honneur, des gens qui sont sortis subitement comme des nénuphars. Des gens qui n`ont rien fait. Qui n`ont jamais acheté un ballon, un maillot. Qui n`ont jamais acheté un brancard, et ils apparaissent là pour jouer les conseillers. Voilà pourquoi le 7 septembre, j`ai convoqué une réunion et j`ai dit stop, je m`en vais et je suis parti. Vous savez, je suis parti avec beaucoup d`amertumes, de tristesses et de regrets. Mais je suis parti avec un grand soulagement. Je me suis dis enfin, vive la liberté. Beaucoup de frères et sœurs ivoiriens pensaient que Simplice aimait tellement le football, il aimait tellement l`Africa et qu`il ne pouvait pas partir. Depuis le 7 septembre 1997, je n`ai pas remis les pieds au stade Houphouët- Boigny qui était mon jardin. Je n`ai plus remis les pieds dans un stade de football en côte d`ivoire. Pour employer une expression des politiciens, Je voulais une rupture. Pour moi, c`était une rupture personnelle avec le football. Parce que j`avais donné beaucoup, et je voulais voir aussi, si j`étais capable d`assumer ma décision. Car, si j`étais revenu trois mois après, les ivoiriens allaient dire oh ! Simplice, il ne peut pas laisser l`Africa. Il aime tellement le football, il ne peut pas. Vous voyez maintenant, je suis un homme libre, je prends le temps pour moi. Je fais plein de choses que je n`avais pas le temps de faire, et je me sens soulagé. Pour employer une formule que j`avais utilisée à l`époque et qui avait fait rire beaucoup de gens, je suis sur la colline et je regarde dans la vallée. De temps en temps, il m`arrive de rencontrer quelques dirigeants quelquefois, avec qui je discute. Quelques journalistes à qui je donne mon avis. Donc, voilà pourquoi, je suis parti. J`ai vraiment pris du plaisir. Et ceux qui ont créé cette ambiance délétère au sein de l`Africa sport sont toujours là. Et ce sont les mêmes aujourd`hui, qui empoisonnent ce club. C`est pour cela que je dis aujourd`hui que l`Africa Sport reste et demeure un grand club. Que j`aime beaucoup, parce que je ne peux pas dire aujourd`hui, que je n`aime pas l`Africa. Ce serait irrationnel de ma part. Je suis très triste aujourd`hui, de voir ce club dans l`abîme. Et ce sont les mêmes qui sont là. Le président qui est là se bat avec ses moyens, il fait beaucoup de choses. Mais, Il y a autour de lui les mêmes personnes, qui m`ont empoissonné l`existence. Alors, on a l`impression que ce jeune président est un otage. Et ça me rend très triste. Parce que c`est un garçon que je connais et que j`estime beaucoup.
Monsieur le président avez-vous des regrets ?
Non, aucun regret. Si j`avais des regrets, je serais revenu. Et on irait en assemblée générale. Les électeurs voteraient. Vous disiez tantôt qu`on vous a obligé de partir …
On ne m`a pas obligé. On m`a dégoutté. Je préfère cette expression. Et j`ai pris la décision de partir.
Qui vous a dégoutté ?
On ne cite pas ses contemporains. Je crois que Le Temps est un grand journal, qui est lu partout à l`international comme en côte d`ivoire. Ceux qui prendront un peu le temps de lire cette interview et qui sont Africa en ce moment, se reconnaîtront. Moi, je ne cite jamais mes contemporains. Je ne peux pas leur faire cet honneur là. Pour revenir à votre période de gestion de l`Africa, comment viviez-vous la rivalité Asec-Africa ?
Vous savez la rivalité Asec-Africa, c`était nécessaire pour le football ivoirien. Et d`ailleurs, les gens n`ont pas attendu que je sois président de l`Africa et Roger Ouegnin celui de l`Asec, pour vivre cette rivalité historique. Cette rivalité ne nous a pas attendu. Je me rappelle qu`un jour, quand j`étais au lycée, un journaliste avait écrit que l`agneau a mangé le loup. Parce que l`Asec venait de battre l`Africa. Rappelez-vous cette époque. Roger, lui a eu le courage d`être encore là. Pour un match Asec-Africa programmé pour 16h, à partir de 10h du matin déjà, le stade FHB était plein. Aujourd`hui, pour le même match, on n`entend que les mouches voler. Donc, c`est pas pareil. C`étaient de grands moments qu`on n`oubliera jamais. Ce n’est pourquoi, pour me faire plaisir, je me repasse certains des matches Africa-Asec. Cela était dû à quoi monsieur le président ? À la qualité des joueurs ? Des dirigeants ou alors des présidents de fédérations ?
Seulement à la qualité des joueurs et rien d`autre. Vous voyez, nous, les présidents de clubs, nous créions l`environnement et après, il y a les acteurs. C`est-à-dire les footballeurs. Au football, si vous avez des joueurs moyens, des bras cassés, une équipe quelconque, vous êtes un dirigeant quelconque. Mais, quand vous avez de grands joueurs, ils font de vous, de grands dirigeants. Quand vous avez de grands joueurs pendant un match Asec-Africa, comme Gadji Celi, Abdoulaye Traoré, Boubacar N`Diaye du côté de l`Asec et du côté de l`Africa des joueurs comme Maguy Serges, Tompson Olïa, Brima Camara, Sékou Bamba, Miézan Pascal et autres, c`est autre chose. J`ai réussi à faire venir de très grands joueurs en côte d`ivoire. Je ne les ai pas fait venir parce qu`il y avait un président de fédération là, non. Mais, j`ai fait venir des joueurs de valeur pour qu`ils jouent, pour donner du plaisir aux supporters de l`Africa ainsi qu`au public. Je ne faisais pas venir des joueurs pour les revendre après. Non, ce n`était pas ma vocation. C`est pourquoi, je dis que dans l`environnement du football aujourd`hui, je serais un mauvais dirigeant. Je serais un dirigeant d`une autre époque. Avec tout ce qui se passe aujourd`hui, avec la vente des joueurs. De petits enfants qui ont à peine 18 ans, qui se retrouvent en Afghanistan, Azerbaïdjan enfin, partout dans le monde. Je ne me retrouve plus sincèrement dans ce football.
Mais les parents qui sont assis ici à Abidjan et qui voient leurs enfants jouer au ballon dans la cour de récréation de l`école, comment ne pas comprendre que ces parents là rêvent que leurs enfants soient des Eto`o, des Drogba, des Yaya Touré, etc. ils vont se faire gruger par de faux agents, qui vont perdre leurs enfants dans le monde entier. Non, il faut arrêter cela. Il faut revenir à un monde plus éducatif. Pour ne pas faire rêver les parents. Vous savez, un joueur comme Yaya Touré, comme Drogba, et tous les autres, on ne les rencontre pas à chaque carrefour.
A la veille d`un match Asec-Africa, vous n`hésitiez pas à promettre des primes exorbitantes à chaque joueur. Aujourd`hui, comment vous vous sentez quand vous voyez des dirigeants qui ne peuvent même pas payer une prime de 15.000 fcfa par match et sont séquestrés par leurs joueurs ?
J`estime que c`est une question de motivation et de volonté. chacun motive ses joueurs comme il peut. Moi, je ne mêle pas de la gestion des autres clubs. moi, je m`occupais de mes joueurs. Quand je m`occupe de la vie de mes joueurs, je fais tout pour eux, personne ne me pousse à le faire. Je pense qu`il faut pratiquer dans la vie, la politique de ses moyens, il faut avoir les moyens de sa politique plutôt et moi je l`ai fait avec plaisir. Et puis entre mes joueurs et moi il y avait, une complicité de sorte qu`on ne parlait même plus de primes avant les matches. Ils avaient une phrase que j`aimais bien : " le président a parlé c`est à nous de jouer après la suite, c`est son affaire". Vous disiez tantôt que vous n`aviez pas d`hommes de confiance…
Le mot confiance est trop grand. J`avais des collaborateurs. la confiance est difficile à acquérir, j`avais des collaborateurs, des dirigeants comme Doré et Kaba Koné deux garçons sur qui je m`appuyais beaucoup, avec qui je fonctionnais très bien et j`avais comme conseiller, M. Feh Kessé, l`actuel directeur général des impôts. C`étaient des gens de qualité. La seule fois où j`ai voulu démocratiser le comité directeur, c`est là où j`ai connu les pires problèmes. Tout le monde est entré et c`était un véritable marché. Il ne fallait pas le faire, vous savez, le pouvoir ne se partage pas. Quand vous le partagez ou le diluez, vous êtes un homme perdu. Il faut assumer la plénitude de son pouvoir. Je voudrais qu`on aborde le sujet de Maguy Serges Alain. Vous êtes le premier dirigeant à faire signer un contrat de 300 millions à un joueur en Côte d`Ivoire. Ce contrat qui devrait faire quelque chose dans l`esprit de chacun, a foiré. Avec de recul aujourd`hui comment vous vous sentez ?
Je me sens très bien, j`ai commis une grande erreur, j`avais une grande ambition pour un joueur qui n`en avait pas pour lui-même. Et le drame, la grave erreur que j`ai commise, puisque j`avais piloté cette affaire avec tellement de cœur, la grande erreur que j`ai commise c`est que je me suis trompé, je pensais que Maguy Serge était lettré. Président comment vivez-vous les incessants conflits entre l`Africa et la Fif ?
Nous aussi on a eu des conflits à l`époque, en 1992. Quand nous étions en coupe d`Afrique, nous avons souvent été victimes de l`arbitrage. On mettait la pression sur la fédération dirigée par Dieng. C`était une pression tactique mais je savais où je voulais arriver. Quand nous avons cette pression l`on nous a menacés de nous retirer du championnat. Je savais pourquoi je faisais cela parce qu`à l`époque, il y avait de nombreux challenges qui nous attendaient. Et quand les supporters ont vu qu`on était en révolte contre la fédération, ils se sont mobilisés autour de l`équipe, ils étaient auprès de moi, c`était exceptionnel, mais on a joué tout le championnat, on a joué la coupe d`Afrique, on a remporté la coupe des vainqueurs de coupe. La Fif nous a mis la pression. Elle avait même écrit à la Caf pour demander le retrait de l`Africa de la coupe d`Afrique, parce que nous boycottons le championnat.
La Caf après réception de la lettre, lui a dit de régler ce problème entre nous car c`est une affaire ivoiro-ivoirienne et qu`elle ne peut pas nous suspendre. Et nous avons continué notre aventure africaine. Pour moi, c`est impensable aujourd`hui, l`Africa est dans la rue. Je pense que dans la vie, il faut garder de la mesure. J`ai lu des articles disant que l`Africa boycotte la finale de la coupe Houphouët-Boigny, et que c`est la deuxième mort d`Houphouët, mais je dis qu`il faut arrêter. Cette coupe n`est plus la même qu`avant. La coupe Houphouët-Boigny que nous avons remportée à 11 reprises, c`était le champion de Côte d`Ivoire contre le vainqueur de la coupe nationale le jour de l`indépendance sous la présidence du chef de l`Etat. Mais maintenant, cette coupe est dénaturée. Elle ne représente plus rien. Evitons donc de faire des amalgames.
L`Africa a commis une faute, on n`abandonne pas une compétition dans laquelle on s`engage. Elle avait le droit de continuer ce combat, jouer son match et le lendemain du match, continuer son combat. Ils avaient ce pouvoir de le faire. Mais ce qu`ils ont fait, est une grave erreur qui n`honore pas notre club. Ou bien ils avaient peut-être peur d`affronter l`Asec, ça peut être une hypothèse aussi. Donc je crois que c`est une mauvaise décision prise par les dirigeants de l`Africa. Vous savez, j`ai une grande estime pour le président Kuyo, il parle très peu, mais ce sont les autres qui n`ont pas de responsabilités qui parlent. Il y en a qui pensent que quand ils font des réunions au baron de Yopougon et prennent des décisions, ils pensent que celles-ci ont force de loi, c`est faux. Il y a des règles, aujourd`hui le football est organisé. La fédération ivoirienne de football comme toutes les autres fédérations africaines est sous le contrôle de la Fifa. La Fifa édicte des règles que toutes les fédérations sont tenues de respecter, l`Africa ne peut pas faire des règlements pour elle toute seule. Là ils ont commis une grave erreur qui n`honore pas un grand club comme l`Africa. Quel est l`état de vos rapports avec le président Roger Ouégnin de l`Asec ?
Ecoutez, nous avons de très bons rapports, on essaie de se voir souvent pour échanger. A notre époque cette rivalité était sportive ce n`était pas la guerre. On s`appelle souvent et je lui dis qu`il a beaucoup de courage de continuer encore son combat. Aujourd`hui, il est le dirigeant moderne. Moi, j`étais celui d`hier. Ouégnin fait un travail magnifique. Là aussi, les gens ont manqué de réalisme et de culture des textes qui régissent la Fifa, en l`accusant de ne pas être patriote, nationaliste. C`est un faux débat. Les journalistes ne connaissent pas les règlements. Les règlements de la Fifa stipulent que pour une compétition officielle, les joueurs doivent être libérés quatorze (14) jours avant la compétition. Il ne fait qu`appliquer les textes de la Fifa, c`est tout. En Afrique, les gens pensent que quand on prépare une compétition, il faut avoir les joueurs trois ou quatre mois avant, ça c`est du folklore. Le joueur qui joue tous les jours dans son club n`a pas besoin de trois mois pour être à niveau, là encore Ouégnin était dans son droit le plus absolu. Et là le président de la Fif mon frère Jacques Anouma, a été trompé par ses collaborateurs, qui écrivent au président de l`Asec " en vertu des règlements " qui ne correspondent pas à la réalité.
Lui, il connaît mieux les règlements que les collaborateurs du président de la Fif. Il les a renvoyés dans leur 18 mètres. Donc c`était plus intéressant de laisser ses joueurs à l`Asec, jouer la coupe Houphouët-Boigny, ils sont en compétition plutôt que de les laisser sous les ordres du sélectionneur national au stade de Blohorn pour un stage externe et de les, récupérer après la compétition en état de marche. Bon nombre de journalistes et de dirigeants ivoiriens ne connaissent pas les règlements internationaux. Vous savez, c`est Senghor qui a dit que la raison est Hélène, l`émotion est nègre. Vous écrivez de façon émotionnelle, parfois quand je vous lis, je dis ah les jeunes gens sont encore à côté de la plaque sur tel sujet. Allez vers les règlements internationaux, étudiez-les. Président, quel est votre regard sur le football national ?
Pour avoir un regard, il faut regarder. J`avoue vraiment que je ne regarde pas. Mais quelquefois quand je zappe pour chercher une chaîne, je jette un œil sur quelques matches, c`est un peu triste, c`est faible. On s`étonne qu`il n`y a pas de public au terrain, mais il n`y a pas de public parce qu`il n`y a pas de grands artistes sur le terrain. Le public va au stade pour passer des après-midi de rêve. Le championnat actuel est très faible. Mais ce n`est pas par la faute de la Fif. Les meilleurs joueurs ne sont plus là, ils sont partis. Regardez la composition de l`équipe nationale de Côte d`Ivoire. Sur 25 joueurs, il y a combien de locaux ? Ils ne sont même pas deux ou trois. Nos meilleurs joueurs sont dehors et ceux qui sont ici se débrouillent. Bon nombre pensent qu`avec le Chan qui arrive, ce sera une vitrine pour eux de s`exprimer, pour dire qu`ils sont là. Ce sera très amusant de voir des joueurs qui mangent de l`attiéké, du garba, voir ce qu`ils sont capables de faire et de faire aussi bien que les joueurs européens qui mangent du jambon, de la purée, la pomme de terre avant les matches, on va voir. C`est à eux de prouver leur existence face aux recruteurs qui seront là. Quel management pour l`équipe nationale de côte d`ivoire ?
Mais ils ont un management qui fonctionne, ils sont allés à la Can, au mondial 2006. Vous savez, il n`y a pas de management type, ce sont les hommes. Il faut inculquer à cette équipe la culture de la victoire, du dépassement de soi. Il faut leur faire comprendre que malgré leur statut de grand joueur, ils n`ont rien gagné de leur vie. C`est tout. Il faut que l`entraîneur ait de l`autorité sur ces joueurs, il faut une personnalité forte pour leur parler. Il ne faut pas que ceux qui entourent cette équipe nationale-là, à qui le président de la Fif a fait confiance pour s`occuper de ces garçons, il ne faut pas qu`ils aient des relations d`amitié avec les joueurs. Ils partent en boîte de nuit avec eux, ils dansent ensemble. Quand vous avez les mêmes plaisirs que les joueurs, vous n`avez plus d`autorité. Voilà une équipe, si on ne fait pas attention, elle va traverser l`histoire du football africain sans rien gagner. Il y a eu des équipes comme ça, ce sera une équipe intermédiaire. Il faut remettre le compteur à zéro, une grande autorité pour reprendre cette équipe en main et qui s`impose aux joueurs d`abord et que les joueurs respectent ensuite. Participer à une Can, c`est un minimum pour la Côte d`Ivoire, ce n`est pas un évènement, jouer la coupe du monde, c`est un exploit, mais participer pour participer, ce n`est pas suffisant. Président, la présence de Vahid à la tête de la sélection vous rassure-t-elle ?
J`ai connu Vahid entraineur à Lille, je l`ai connu surtout joueur. C`était l`un des meilleurs avants-centres européens. Il a été soulier d`or et soulier d`argent du football européen. Maintenant, c`est comment il fonctionne avec qui il fonctionne dans quel environnement il fonctionne. Je ne peux rien dire parce que je ne suis pas là-bas, donc c`est difficile de parler de quelque chose qu`on ne connaît pas. Sinon, en principe, il devrait pouvoir réussir. Parce que quand même sur papier, on a aujourd`hui ce qui se fait de mieux en Europe comme joueur. Vous avez Drogba, vous avez un des meilleurs milieux de terrain défensifs du monde, qui est Yaya Touré. Quand vous le voyez donner des consignes de replacement à Messi, vous vous dites mais le petit est un peu gonflé. Mais ça prouve qu`il a de l`autorité et pour moi c`est un joueur monumental. Donc on a sous la main de quoi construire une grande équipe. Maintenant, est-ce que tous les hommes qui entourent cette équipe ont la capacité de se faire respecter par ces joueurs et établir une autorité sur eux pour les faire avancer ? Voilà la question de l`équipe nationale de Côte d`Ivoire. Parce que le président de la Fif, il ne peut pas tout faire, il créé les conditions, il organise, il créé les infrastructures, il met les moyens à la disposition des joueurs. Mais ce n`est pas lui qui s`occupe de l`équipe nationale. A-t-il les hommes qu`il faut pour s`occuper de cette équipe ? Quand les joueurs sont au vert et que certains ont des passe-droits, ils reçoivent leurs petites amies dans leurs chambres alors que d`autres ne peuvent pas le faire. Alors que ces derniers savent qu`on a laissé la latitude à X ou Y de faire ce qu`il faut, c`est ``une discipline magnifique`` !
Président, trouvez-vous décevant de voir que la relève en côte d`Ivoire soit à la traine. Cela fait deux ans que les cadets ne piquent plus, les juniors pareils ?
Mais c`est un problème organisationnel, il faut se poser la question de savoir est-ce que la Dtn actuelle est à la hauteur de la responsabilité que le président jacques anouma lui a confiée ? Voilà la vraie question à poser au responsable du football ivoirien. Ce n`est pas à moi de répondre.
Mais avez-vous une réponse ?
Oui j`ai une réponse, la Dtn n`est pas à la hauteur c`est clair et net. Il ne faut pas se raconter des histoires, s`ils étaient à la hauteur, ils auraient aidé le président de la FIF à mieux organiser le football de jeunes, ils auraient dit au président qu`il y a une prolifération de centres de formation en Côte d`Ivoire, mais qui ne sont que des centres pour vendre des enfants à l`étranger. Dans le football, des gens qui vont prendre des enfants, des gens à qui les parents font confiance, ils leur confient leurs gamins, ces centres de formation. Des parents qui paient espérant voir leurs enfants aller en Europe aussi. Moi j`ai rencontré des ivoiriens perdus en Europe, des enfants de 16, 17 ans qui trainaient dans les rues de Paris qu`on a ramenés. Il y en a qui sont en Azerbaïdjan, en Turquie etc. mais ils sont perdus là-bas. Le seul endroit où peut-être il n`y a pas d`Ivoiriens c`est en alaska. Alors tous ces centres de formation, ce sont des négriers. S`il y avait une vraie Dtn, elle aurait fixé les conditions de création d`un centre de formation. Aujourd`hui, le véritable centre de formation est celui de l`Asec et à un degré moindre celui de l`Efym.
Qu`est-ce qu`il a de particulier ce centre de l`Asec ?
Mais il y une formation qui est suivie, ils vont à l`école, c`est codifié, c`est sérieux. Rendons à César ce qui est à César. Vous avez vu les joueurs qu`on a à la sélection nationale, ils sont issus de l`Asec en grande partie. Les autres centres font du commerce. C`est le travail de la Dtn de faire l`inventaire de tous ces centres, et dire : voilà ceux qui ont l`autorisation et ceux qui n`en ont pas. Il n`y a pas que la Fif qui est concernée, c`est de la responsabilité première du gouvernement de la République de Côte d`Ivoire, notamment du ministre de l`Intérieur qui a le pouvoir de fermer tous ces centres-là. Parce que c`est une traite, c`est la commercialisation de nos petits enfants à travers le monde. C`est dangereux, le ministère de l`Intérieur doit arrêter ça rapidement. En cela il va aider la Fif.
El l`affaire Gbonké Tia-Africa ?
Vous savez, l`histoire de l`Africa, dont l`argent a servi à payer Gbonké, mais la Fif était dans son droit. C`est normal ce qu`elle a fait. La Fifa interdit que les clubs aillent porter leurs affaires devant la justice, cela doit se régler à l`intérieur de la famille du football.
Mais les gens ne savent pas, il y a pire encore qui attend l`Africa, avec l`entraineur Moreiro. Il a saisi la Fifa pour réclamer près de 200 millions Fcfa à ce club. La Fifa a dû saisir la FIF pour demander à l`Africa de payer. Le problème de Gbonké a été réglé au bord de la lagune Ebrié, lais celui de Moreiro se réglera à Zurich contre l`Africa. J`ai été saisi par les gens de la Fifa pour voir ce qu`on peut faire avec la fédération en vue de négocier. Mais les gens de l`Africa, pensent qu`ils ont le droit pour eux avec une flopée de dirigeants qui se répandent dans les journaux. Ce problème peut amener l`Africa à être interdit de compétitions africaines, et d`être relégué en deuxième division. Il faut que nos dirigeants se fassent assister par des juristes quand ils engagent un Européen. Je rappelle que la Fif avait déjà fait ce genre d`actions. Le Sporting de Gagnoa avait le même problème avec Boussou Jean Claude. Il n`était pas payé, les joueurs également, mais la Fif a retenu sur les recettes et les ristournes du Sporting pour payer Boussou et ses joueurs. Donc l`histoire de Gbonké n`est pas une première. Si la Fif elle-même ne peut pas payer Vahid, la Fifa va retrancher sur l`argent de la FIF dont elle dispose, pour le payer c`est comme ça que fonctionne le football. Donc je crois que l`Africa doit mettre balle à terre. L`affaire Moreiro va arriver, comment vont-ils la résoudre ? Vous savez : jouer les bateleurs à chaque carrefour de rues, ne vous permet pas de résoudre tous vos problèmes.
A quel niveau êtes-vous intervenu à la Caf au sujet de l`affaire Ufoa ? Avez-vous soutenu Anouma ?
Vous n`avez pas vu la bataille qu`on a livré à l`Ufoa, on est intervenu plus simplement pour faire respecter la loi, parce que nous n`avons pas voulu qu`Adamu avec quelques petits plaisantins africains se réunissent à Accra là-bas pour déclarer qu`ils vont créer l`Ufoa bis. C`est une question de légitimité. C`est pourquoi, je suis monté au créneau, pas pour défendre mon petit frère Jacques Anouma, mais pour défendre la Côte d`Ivoire. C`était une insulte à notre pays où se trouvait le siège de l`Ufoa, le Président de la République a fait des efforts exceptionnels, il nous a accordés le statut diplomatique, nous avons créé des conditions d`un épanouissement total de l`Ufoa et une bande de margoulins se réunit à Accra pour remettre en causse ce que la République de Côte d`ivoire a fait, c`était ça le sens de notre combat et puis après, on a compris que c`était un combat d`arrière garde, on leur a laissé ça. Vous verrez le résultat, le fonctionnement de l`Ufoa vous savez chaque fois qu`on a confié l`Ufoa à un anglophone, on a condamné l`Ufoa. Je vous donne rendez-vous dans cinq ans. Je suis très heureux que nous ayons retiré notre pied dans cette histoire.
Qu`est-ce que ça vous fait de ne pas faire partie du comité d`organisation du CHan ?
Ça ne me dit rien du tout, vous savez, j`ai beaucoup donné au football. En tant que membre du comité exécutif de la CAF, je superviserai avec les autres membres du comité d`organisation, le bon déroulement de la compétition. Président, est-il possible que votre jeune frère Anouma remplace un jour Hayatou ?
Vous savez, jacques anouma, vous le connaissez peut-être, mais vous ne le connaissez pas bien. C`est un homme qui n`aime pas les conflits, les palabres. Laissez cette affaire comme ça, parce qu`on est parti mettre ça dans l`oreille d`Hayatou, que Jacques voulait se présenter contre lui, ça nous a créé plein de problèmes. Même moi, ça a perturbé mes relations avec lui.
Donc laissez cette affaire, de grâce Jacques n`a jamais demandé à être candidat. Il n`est pas candidat aujourd`hui, un jour peut-être s`il en a envie, il pourra se présenter. Mais il faudra qu`il soit très fort pour aller au combat, ça je vous préviens, ce n`est pas la Fif hein.


La Rédaction
Retranscrit par Fabrice Tété
Supervision : S. Allard
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