Le chef de l’Etat a pris position sur le déroulement de l’opération d’enrôlement qui est en cours. Une pression sur le Premier ministre, le président de la CEI, Mambé et tous les acteurs.
Alors que la date-phare du 28 février approche inexorablement, les Ivoiriens s’interrogent sur l’efficacité des opérations d’enrôlement et d’identification. Et le président Gbagbo lui-même s’est fait l’écho de ce sentiment général au cours du dernier conseil des ministres. «Que le gouvernement prenne des dispositions pour qu’aucun compatriote ne soit laissé pour compte», a-t-il déclaré selon le communiqué lu par le ministre Koné Mamadou.
Cette interpellation montre qu’au lieu d’entrer dans le débat enfantin des dates, le président Gbagbo souhaite des élections justes qui ne laissent personne en rade. Et qu’un soin particulier doit être mis dans l’exécution de la tâche. Or, en la matière, les sujets de préoccupation ne manquent pas. D’abord, les très nombreux cas de fraude sur la nationalité dont on ne sait pas trop comment les resquilleurs seront tous retirés du fichier. Les techniciens ont peut-être leur arme secrète, mais la population n’est pas du tout rassurée. Et si, à la fin, le bon grain n’est pas bien séparé de l’ivraie, on pourrait assister à de vastes mouvements de colère à l’issue imprévisible.
Outre cette préoccupation majeure, il y a le cas de la date butoir du 28 février. Dernièrement, au cours d’un séminaire organisé pour se prononcer sur le processus, les femmes leaders ont demandé à Mambé de revoir sa copie.
Après avoir noté que l’absence de pièces d’identité est l’une des raisons évoquées par ceux qui ont pris les armes contre la Côte d’Ivoire, elles ont affirmé qu’arrêter l’opération le 28 février serait gênant. «Dans plusieurs villages, il n’y a ni électricité ni photocopie pour faire les doubles des extraits de naissance. Le manque de pièce a été une des raisons de la guerre. On a évoqué le fait que des gens n’avaient pas d’existence juridique parce qu’ils n’avaient pas de papier. Alors, c’est vrai que continuer l’opération au-delà du 28 février, c’est beaucoup d’argent, mais on peut encore en chercher. Si nous avons déployé tant d’efforts pour ce qui a été déjà fait, ces efforts seraient vains si beaucoup d’autres personnes doivent rester en marge de l’opération indépendamment de leur volonté. Il faut alors une prorogation après le 28 février. C’est un plaidoyer», avait souligné Salimata Porquet, présidente d’honneur de la COFEMCI-REPC.
A la décharge des dames, les raisons financières ne doivent pas constituer un frein dans la volonté de donner des papiers aux Ivoiriens. En effet, le choix incongru, inexplicable, inacceptable et inutilement budgétivore de la SAGEM n’autorise pas cette option. Si l’on a choisi l’opérateur le plus coûteux et le plus nul, c’est qu’on a les moyens de faire le reste. Autrement, ce serait une injure faite au peuple ivoirien.
A Abidjan même, il a fallu faire une prorogation pour pouvoir capter presque tout le monde. Comment pourrait-on être plus rapide dans les villages où tout manque ? Ceux qui se sont rendus au village pour y suivre l’opération ont pu noter les conditions détestables dans lesquelles travaillent les agents de la CEI, de la SAGEM et de l’INS. Combien de fois ne sont-ils pas entrés en grève pour salaires impayés ? Combien de fois n’ont-ils pas arrêté le travail tout simplement parce qu’ils n’avaient pas les moyens de travailler? Bon nombre parmi les agents, perdus dans les campements, ne reçoivent aucune visite de leurs chefs. Ceux-ci n’ont, pour la plupart, aucun moyen de déplacement. Cette déplorable situation est constatée dans toutes les régions du pays, du nord au sud, de l’Est à l’Ouest.
Pour s’agripper à la date du 28 février, il faut n’avoir jamais mis les pieds sur le terrain. Or, nous ne ferons pas cette injure au président Mambé et au Premier ministre Guillaume Soro. Le second ne doit pas se laisser berner par le premier. L’appel du président de la République lors du dernier conseil des ministres doit alors être vu comme une volonté de voir toutes les conditions réunies avant d’aller au vote. Sans précipitation, dans une démarche juste et acceptable. Ai demeurant, au point où ils en sont, les Ivoiriens ne peuvent pas souhaiter autre chose.
Paul D. Tayoro ptayoro@yahoo.fr
Alors que la date-phare du 28 février approche inexorablement, les Ivoiriens s’interrogent sur l’efficacité des opérations d’enrôlement et d’identification. Et le président Gbagbo lui-même s’est fait l’écho de ce sentiment général au cours du dernier conseil des ministres. «Que le gouvernement prenne des dispositions pour qu’aucun compatriote ne soit laissé pour compte», a-t-il déclaré selon le communiqué lu par le ministre Koné Mamadou.
Cette interpellation montre qu’au lieu d’entrer dans le débat enfantin des dates, le président Gbagbo souhaite des élections justes qui ne laissent personne en rade. Et qu’un soin particulier doit être mis dans l’exécution de la tâche. Or, en la matière, les sujets de préoccupation ne manquent pas. D’abord, les très nombreux cas de fraude sur la nationalité dont on ne sait pas trop comment les resquilleurs seront tous retirés du fichier. Les techniciens ont peut-être leur arme secrète, mais la population n’est pas du tout rassurée. Et si, à la fin, le bon grain n’est pas bien séparé de l’ivraie, on pourrait assister à de vastes mouvements de colère à l’issue imprévisible.
Outre cette préoccupation majeure, il y a le cas de la date butoir du 28 février. Dernièrement, au cours d’un séminaire organisé pour se prononcer sur le processus, les femmes leaders ont demandé à Mambé de revoir sa copie.
Après avoir noté que l’absence de pièces d’identité est l’une des raisons évoquées par ceux qui ont pris les armes contre la Côte d’Ivoire, elles ont affirmé qu’arrêter l’opération le 28 février serait gênant. «Dans plusieurs villages, il n’y a ni électricité ni photocopie pour faire les doubles des extraits de naissance. Le manque de pièce a été une des raisons de la guerre. On a évoqué le fait que des gens n’avaient pas d’existence juridique parce qu’ils n’avaient pas de papier. Alors, c’est vrai que continuer l’opération au-delà du 28 février, c’est beaucoup d’argent, mais on peut encore en chercher. Si nous avons déployé tant d’efforts pour ce qui a été déjà fait, ces efforts seraient vains si beaucoup d’autres personnes doivent rester en marge de l’opération indépendamment de leur volonté. Il faut alors une prorogation après le 28 février. C’est un plaidoyer», avait souligné Salimata Porquet, présidente d’honneur de la COFEMCI-REPC.
A la décharge des dames, les raisons financières ne doivent pas constituer un frein dans la volonté de donner des papiers aux Ivoiriens. En effet, le choix incongru, inexplicable, inacceptable et inutilement budgétivore de la SAGEM n’autorise pas cette option. Si l’on a choisi l’opérateur le plus coûteux et le plus nul, c’est qu’on a les moyens de faire le reste. Autrement, ce serait une injure faite au peuple ivoirien.
A Abidjan même, il a fallu faire une prorogation pour pouvoir capter presque tout le monde. Comment pourrait-on être plus rapide dans les villages où tout manque ? Ceux qui se sont rendus au village pour y suivre l’opération ont pu noter les conditions détestables dans lesquelles travaillent les agents de la CEI, de la SAGEM et de l’INS. Combien de fois ne sont-ils pas entrés en grève pour salaires impayés ? Combien de fois n’ont-ils pas arrêté le travail tout simplement parce qu’ils n’avaient pas les moyens de travailler? Bon nombre parmi les agents, perdus dans les campements, ne reçoivent aucune visite de leurs chefs. Ceux-ci n’ont, pour la plupart, aucun moyen de déplacement. Cette déplorable situation est constatée dans toutes les régions du pays, du nord au sud, de l’Est à l’Ouest.
Pour s’agripper à la date du 28 février, il faut n’avoir jamais mis les pieds sur le terrain. Or, nous ne ferons pas cette injure au président Mambé et au Premier ministre Guillaume Soro. Le second ne doit pas se laisser berner par le premier. L’appel du président de la République lors du dernier conseil des ministres doit alors être vu comme une volonté de voir toutes les conditions réunies avant d’aller au vote. Sans précipitation, dans une démarche juste et acceptable. Ai demeurant, au point où ils en sont, les Ivoiriens ne peuvent pas souhaiter autre chose.
Paul D. Tayoro ptayoro@yahoo.fr