Au cœur de la présidence se livre une guerre de positionnement qui favorise les scandales et tous les autres méfaits révélés au grand jour ces derniers jours.
«Premier fournisseur de scandales à la presse». Si cette palme devrait être attribuée à une institution de la République, pour sûr, elle reviendrait à la plus prestigieuse d’entre elles. C’est-à-dire la présidence de la République. Suivez plutôt. «Scandale au Palais : Une secrétaire de Gbagbo arrêtée pour escroquerie portant sur la somme exacte de 65.542.610 Fcfa, au préjudice d’une société de téléphonie mobile (Mtn)». (Fraternité Matin du 5 février 2009). «Affaire Emplois fictifs à la Présidence : Des agents arrêtés (…) Des quotidiens ivoiriens parlent de 400 emplois fictifs découverts par les enquêteurs». (Notre Voie du 14 février 2009). «Braquage commandité d’un opérateur économique - Un garde du corps de Gbagbo, cerveau de l’opération arrêté». (Le Patriote du 13 décembre 2008)… La liste des scandales n’est pas exhaustive. Et elle ne manque pas de susciter des interrogations au sein de l’opinion nationale. Que se passe-t-il donc au cœur du palais présidentiel pour que des personnes de moralité si douteuse y pullulent avec tant d’aisance ? Un malaise dans la gestion de cette prestigieuse institution? Certainement, si l’on s’en tient aux confidences de sources très proches du premier de Ivoiriens. Il ressort en fait que depuis quelques années, la présidence est en proie à une guerre de positionnement à laquelle se livrent des pions importants du système.
Fournisseur de scandales
Cette situation, le maître des lieux, en professionnel de la politique, l’a exploitée à sa guise. Diviser pour régner, pourrait-on définir sa stratégie. Aujourd’hui on peut dire qu’il a commis l’erreur de fermer les yeux sur les agissements de sa cour. Résultat, son institution paye cash les conséquences de ces actes et ambitions malsaines sur son image. Le mal provient de l’organigramme et de l’idée que chacun se fait de sa position dans cette chaîne de commandement.
Depuis de longs mois, révèlent nos interlocuteurs, le directeur de cabinet de Gbagbo, en l’occurrence, N’Zi Paul David est en froid avec le secrétaire général, Amédée Couassi Blé qui lui-même ne dit quasiment plus un mot au directeur financier du palais, Jacques Anouma. Dans cette lourde ambiance, chacun de ces responsables n’en fait qu’à sa tête. «Le secrétaire général est chargé de l’administration du palais, et de la gestion des questions d’embauche tandis que comme l’indique ses fonctions, Jacques Anouma lui gère les questions financières. Le directeur de cabinet est censé coordonner toutes les fonctions. Malheureusement, le fil de la communication est cassé entre ces personnalités. Chacune d’elle fait ce qu’elle veut sans jamais s’en référer à l’autre», confient nos sources. Mais, qu’est-ce qui oppose réellement ces grands commis de l’Etat ? Nos sources soutiennent ne pas maitriser tous les contours de cette guerre de personnes. Tout au plus sait-on par exemple qu’Amédée Couassi Blé a toujours reproché au directeur financier de s’être attribué pompeusement ce rang alors que, estime-t-il en réalité Jacques Anouma n’a jamais été plus qu’un simple chef de service financier. A cause du froid qui se vit dans les relations des trois hommes, les réunions du cabinet présidentiel sont quasi-inexistantes, soutiennent nos sources. «Depuis que j’exerce ici, je sais que le directeur de cabinet a tenu seulement deux réunions avec son équipe. La première visait à organiser les funérailles du géniteur du chef de l’Etat. La seconde s’est tenue autour d’une opération immobilière en faveur des conseillers de Gbagbo», explique un conseiller. Pendant toute la durée de la crise que traverse le pays, le président a toujours eu vent du malaise qui détériore les rapports entre ses collaborateurs. Mais, «préoccupé par le combat politique et la défense de son fauteuil», Laurent Gbagbo ne s’est jamais penché franchement sur la question. Le problème sera révélé au grand jour, lorsque visiblement décidé à mettre fin aux actions posées par Jacques Anouma en tant que directeur financier, Amédé Couassi Blé va passer à l’acte. Il adresse un courrier au ministre de l’Economie et des Finances, Diby Koffi Charles, lui demandant de ne plus rien décaisser en faveur du palais tant que Jacques Anouma continuera de signer ses courriers avec le titre de « Directeur financier de la présidence ». Le ministre est surpris par cette note du secrétaire général et décide d’approcher le premier magistrat du pays pour en savoir plus. Laurent Gbagbo se voit obligé de trancher. Il le fera en défaveur du Secrétaire général. Ce dernier est desservi par les casseroles qu’il traine et qui ont, disent nos sources, entaché son image auprès de son patron. Gbagbo prendra donc la décision d’octroyer désormais officiellement et définitivement à Jacques Anouma le titre de « directeur financier ». Ce qui en rajoutera au fossé entre les deux hommes. Depuis cette décision, la cacophonie qui régnait s’est accentuée. Les embauches se font désormais à divers niveaux et de façon non concertée. Ce qui profite évidemment aux personnes de peu de foi. C’est la porte ouverte aux abus de tous ordres. Ainsi, parmi les bénéficiaires des emplois fictifs découverts récemment lors des enquêtes menées par la gendarmerie se trouve un homme dont l’épouse régulièrement engagée au palais avait réussi à le faire embaucher en lui faisant payer un salaire de rêve. Le malaise sévit jusque dans l’établissement des ordres de mission que chacun des responsables signe de son côté. Conséquences, profitant de chaque déplacement du chef de l’Etat des personnes fabriquent des centaines d’ordre de mission dont les bénéficiaires s’en mettent plein les poches non sans partager le «butin» avec leurs «bienfaiteurs».
Gbagbo doit réagir
Ayant aujourd’hui pris conscient de ces abus, le chef de l’Etat, affirme-t-on veut mettre de l’ordre. «Son épouse, Simone doit bientôt se rendre aux Etats-Unis. L’on a exigé que tous les ordres de mission à établir dans le cadre de ce voyage soient validés par le chef de l’Etat lui-même. Le président a également exigé le profilage de tous les agents en poste au palais. Depuis le début de cette opération, certains agents recrutés illégalement ont commencé à s’éclipser. Je connais un infographe qui depuis cette annonce ne vient plus au palais», a signalé un autre conseiller du chef de l’Etat. Le désordre se récent également au niveau de l’établissement des cartes d’accès au palais présidentiel. Ces cartes sont distribuées sans véritable précaution, ce qui pose, affirme un militaire du palais, un véritable problème de sécurité. «Il est difficile de refouler quelqu’un qui brandit une carte d’accès signée d’un haut responsable au risque de perdre son emploi. Or, tous ceux que nous voyons passer n’ont quelque fois aucune raison d’être dans les bureaux du chef de l’Etat. Il faut faire quelque chose !», se lamente un officier en poste au palais. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander au chef de l’Etat de ne pas se limiter aux actions de bonnes intentions. Que lui-même, ajoute-t-on, fasse le point de ses 150 conseillers spéciaux et techniques. «Gbagbo est pléthorique dans la constitution de son staff. Non seulement, il doit faire des efforts à ce niveau, mais, il doit également prendre des mesures courageuses pour établir une bonne chaîne de commandement afin que le palais fonctionne mieux», a confié un diplomate qui suit les scandales au palais de près.
Djama Stanislas
«Premier fournisseur de scandales à la presse». Si cette palme devrait être attribuée à une institution de la République, pour sûr, elle reviendrait à la plus prestigieuse d’entre elles. C’est-à-dire la présidence de la République. Suivez plutôt. «Scandale au Palais : Une secrétaire de Gbagbo arrêtée pour escroquerie portant sur la somme exacte de 65.542.610 Fcfa, au préjudice d’une société de téléphonie mobile (Mtn)». (Fraternité Matin du 5 février 2009). «Affaire Emplois fictifs à la Présidence : Des agents arrêtés (…) Des quotidiens ivoiriens parlent de 400 emplois fictifs découverts par les enquêteurs». (Notre Voie du 14 février 2009). «Braquage commandité d’un opérateur économique - Un garde du corps de Gbagbo, cerveau de l’opération arrêté». (Le Patriote du 13 décembre 2008)… La liste des scandales n’est pas exhaustive. Et elle ne manque pas de susciter des interrogations au sein de l’opinion nationale. Que se passe-t-il donc au cœur du palais présidentiel pour que des personnes de moralité si douteuse y pullulent avec tant d’aisance ? Un malaise dans la gestion de cette prestigieuse institution? Certainement, si l’on s’en tient aux confidences de sources très proches du premier de Ivoiriens. Il ressort en fait que depuis quelques années, la présidence est en proie à une guerre de positionnement à laquelle se livrent des pions importants du système.
Fournisseur de scandales
Cette situation, le maître des lieux, en professionnel de la politique, l’a exploitée à sa guise. Diviser pour régner, pourrait-on définir sa stratégie. Aujourd’hui on peut dire qu’il a commis l’erreur de fermer les yeux sur les agissements de sa cour. Résultat, son institution paye cash les conséquences de ces actes et ambitions malsaines sur son image. Le mal provient de l’organigramme et de l’idée que chacun se fait de sa position dans cette chaîne de commandement.
Depuis de longs mois, révèlent nos interlocuteurs, le directeur de cabinet de Gbagbo, en l’occurrence, N’Zi Paul David est en froid avec le secrétaire général, Amédée Couassi Blé qui lui-même ne dit quasiment plus un mot au directeur financier du palais, Jacques Anouma. Dans cette lourde ambiance, chacun de ces responsables n’en fait qu’à sa tête. «Le secrétaire général est chargé de l’administration du palais, et de la gestion des questions d’embauche tandis que comme l’indique ses fonctions, Jacques Anouma lui gère les questions financières. Le directeur de cabinet est censé coordonner toutes les fonctions. Malheureusement, le fil de la communication est cassé entre ces personnalités. Chacune d’elle fait ce qu’elle veut sans jamais s’en référer à l’autre», confient nos sources. Mais, qu’est-ce qui oppose réellement ces grands commis de l’Etat ? Nos sources soutiennent ne pas maitriser tous les contours de cette guerre de personnes. Tout au plus sait-on par exemple qu’Amédée Couassi Blé a toujours reproché au directeur financier de s’être attribué pompeusement ce rang alors que, estime-t-il en réalité Jacques Anouma n’a jamais été plus qu’un simple chef de service financier. A cause du froid qui se vit dans les relations des trois hommes, les réunions du cabinet présidentiel sont quasi-inexistantes, soutiennent nos sources. «Depuis que j’exerce ici, je sais que le directeur de cabinet a tenu seulement deux réunions avec son équipe. La première visait à organiser les funérailles du géniteur du chef de l’Etat. La seconde s’est tenue autour d’une opération immobilière en faveur des conseillers de Gbagbo», explique un conseiller. Pendant toute la durée de la crise que traverse le pays, le président a toujours eu vent du malaise qui détériore les rapports entre ses collaborateurs. Mais, «préoccupé par le combat politique et la défense de son fauteuil», Laurent Gbagbo ne s’est jamais penché franchement sur la question. Le problème sera révélé au grand jour, lorsque visiblement décidé à mettre fin aux actions posées par Jacques Anouma en tant que directeur financier, Amédé Couassi Blé va passer à l’acte. Il adresse un courrier au ministre de l’Economie et des Finances, Diby Koffi Charles, lui demandant de ne plus rien décaisser en faveur du palais tant que Jacques Anouma continuera de signer ses courriers avec le titre de « Directeur financier de la présidence ». Le ministre est surpris par cette note du secrétaire général et décide d’approcher le premier magistrat du pays pour en savoir plus. Laurent Gbagbo se voit obligé de trancher. Il le fera en défaveur du Secrétaire général. Ce dernier est desservi par les casseroles qu’il traine et qui ont, disent nos sources, entaché son image auprès de son patron. Gbagbo prendra donc la décision d’octroyer désormais officiellement et définitivement à Jacques Anouma le titre de « directeur financier ». Ce qui en rajoutera au fossé entre les deux hommes. Depuis cette décision, la cacophonie qui régnait s’est accentuée. Les embauches se font désormais à divers niveaux et de façon non concertée. Ce qui profite évidemment aux personnes de peu de foi. C’est la porte ouverte aux abus de tous ordres. Ainsi, parmi les bénéficiaires des emplois fictifs découverts récemment lors des enquêtes menées par la gendarmerie se trouve un homme dont l’épouse régulièrement engagée au palais avait réussi à le faire embaucher en lui faisant payer un salaire de rêve. Le malaise sévit jusque dans l’établissement des ordres de mission que chacun des responsables signe de son côté. Conséquences, profitant de chaque déplacement du chef de l’Etat des personnes fabriquent des centaines d’ordre de mission dont les bénéficiaires s’en mettent plein les poches non sans partager le «butin» avec leurs «bienfaiteurs».
Gbagbo doit réagir
Ayant aujourd’hui pris conscient de ces abus, le chef de l’Etat, affirme-t-on veut mettre de l’ordre. «Son épouse, Simone doit bientôt se rendre aux Etats-Unis. L’on a exigé que tous les ordres de mission à établir dans le cadre de ce voyage soient validés par le chef de l’Etat lui-même. Le président a également exigé le profilage de tous les agents en poste au palais. Depuis le début de cette opération, certains agents recrutés illégalement ont commencé à s’éclipser. Je connais un infographe qui depuis cette annonce ne vient plus au palais», a signalé un autre conseiller du chef de l’Etat. Le désordre se récent également au niveau de l’établissement des cartes d’accès au palais présidentiel. Ces cartes sont distribuées sans véritable précaution, ce qui pose, affirme un militaire du palais, un véritable problème de sécurité. «Il est difficile de refouler quelqu’un qui brandit une carte d’accès signée d’un haut responsable au risque de perdre son emploi. Or, tous ceux que nous voyons passer n’ont quelque fois aucune raison d’être dans les bureaux du chef de l’Etat. Il faut faire quelque chose !», se lamente un officier en poste au palais. De plus en plus de voix s’élèvent pour demander au chef de l’Etat de ne pas se limiter aux actions de bonnes intentions. Que lui-même, ajoute-t-on, fasse le point de ses 150 conseillers spéciaux et techniques. «Gbagbo est pléthorique dans la constitution de son staff. Non seulement, il doit faire des efforts à ce niveau, mais, il doit également prendre des mesures courageuses pour établir une bonne chaîne de commandement afin que le palais fonctionne mieux», a confié un diplomate qui suit les scandales au palais de près.
Djama Stanislas