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Politique Publié le mercredi 25 février 2009 | Fraternité Matin

Identification : Des agents grincent des dents à Danané

Danané. Quartier Moribadou-gou. Samedi 21 février. Il est 9 h quand nous arrivons au siège de la Commission électorale indépendante (Cei) départementale, un nouveau bâtiment d’un niveau. Les locaux grouillent de monde. De nombreux jeunes gens et jeunes filles pour la plupart munis de… sacs de voyage, de cartons. Dans ces bagages, nous distinguons des morpho valises de Sagem sécurité, l’opérateur privé engagé dans l’opération d’identification des populations et de recensement électoral. «Les pistes ne sont pas bonnes. Que les gens viennent, on va partir», lance un jeune. Plus tard, nous comprendrons que ces jeunes constituent des équipes chargées de l’enrôlement dans le département de Danané. C’est tous les jours qu’ils se retrouvent au siège de la Cei locale. Et c’est de là qu’ils regagnent les villages pour l’opération.

Ce samedi, quand arrivent deux véhicules du contingent bangladeshi des Casques bleus de l’Onuci, tout le monde se met en branle. Le président de la Cei départementale, Félicien Nélo, descend de son bureau et rejoint les agents, un papier en main. Entouré de certains de ses collaborateurs, celui que tout le monde ici appelle avec respect «président», précise que ce sont les deux équipes de Vipleu et Messampleu qui doivent embarquer les premières. Puis il ordonne à un de ses collaborateurs de procéder à l’appel des agents concernés. Au fur et à mesure que cet appel se fait, les heureux élus (c’est le cas de le dire) montent dans un des véhicules (immatriculé UN 7759), les uns après les autres, avec leurs affaires. Non sans y avoir rangé leurs affaires, dont deux morpho valises. Ils seront finalement huit à partir à bord du véhicule des Casques bleus. Quoi que chaque équipe d’enrôlement comprenne six éléments. C’est que quatre agents ont décidé de regagner leur lieu d’affectation à…vélo. L’autre véhicule (UN 9713) est affecté aux Casques bleus qui escortent les agents d’identification. Partis à 9 h 30, les véhicules ne reviendront qu’à 10 h 50 «à cause du mauvais état des pistes. Parce que les villages où ils sont partis ne sont pas loin», explique un agent. Le deuxième et dernier voyage du jour sera consacré aux agents de Tonnontoueu et Kéapleu. Ils seront dix dans le véhicule. Ainsi, la majorité des agents qui ont fait le déplacement du siège de la Cei ce jour, retourneront chez eux. Ils devront attendre, sans précision, les prochaines programmations.

Mais après le départ des heureux élus du jour, les langues des autres agents se délient. «Moi, je ne comprends plus rien. Depuis que l’opération a commencé, je n’ai pas encore travaillé. Alors que certains, dont les bureaux étaient dans la commune (Danané) sont fermés, sont redéployés dans les villages», se plaint W. César. Comme lui, Thierry K. et Casimir O. disent ne pas comprendre sur quelle base «président» déploie les agents. Marcel C, également non encore déployé, raconte que la plupart des agents sont des étudiants venus d’Abidjan. «Nous sommes au total 26 étudiants à Danané. Nous y sommes arrivés le 27 septembre 2008, pour l’opération qui devait commencer le 12 décembre», soutient-il, sous le regard approbateur du groupe de sept personnes. Mais, selon ces agents, ils rencontrent de sérieuses difficultés financières. «Ceux qui ont eu la chance d’être retenus dans des centres de collecte sont payés difficilement. A ce jour (21 février) par exemple, les agents Sagem accusent deux mois d’arriérés de salaires», précise Thierry. Alors que ce sont eux qui, dans un élan de solidarité, soutiennent les autres, confient nos interlocuteurs. Et d’expliquer que le terrain a fini par imposer aux agents d’équiper les centres de collecte de machines de plastification. «Nous plastifions les récépissés d’identification et d’élection que nous délivrons aux pétitionnaires, à raison de 200 F par récépissé, soit 400 F les deux», indique l’un des étudiants qui a déjà été chef de centre. «Mais ils ne sont pas obligés de plastifier leurs récépissés. Ils le font quand ils veulent et quand ils ont de l’argent pour cela», ajoute-t-il aussitôt. Il estime que chaque équipe peut avoir en moyenne trois mille francs par jour. «En réalité, c’est avec cet argent que nous nous débrouillons. Aucun agent ne peut dire qu’il n’en a pas bénéficié», poursuit-il. Mais de nombreux agents «qui n’ont pas encore goûté au gâteau de l’enrôlement» ont fini par être sûrs que pour être déployé sur le terrain, il faut «voir» le président de la Cei départementale, Félicien Nélo, ou être recommandé.

Michel Désiré Traha, lui, fait partie des chanceux qui sont redéployés après avoir fait un premier tour d’enrôlement. Il dit avoir passé deux mois à Danané, à l’école 4, avant d’être retenu pour un village sur l’axe Danané-Zouan-Hounien. Il sait que ce village n’est pas électrifié et qu’il y part pour une durée indéterminée. «Tout dépendra de l’affluence des populations», dit-il. Il explique par ailleurs que sur la base de l’expérience des premières équipes qui ont été déployées dans les villages, ses camarades et lui seront «à la charge des populations. Qui nous nourriront et logerons le temps que nous resterons chez elles». Il affirme même que le matériel de travail, notamment les morpho valises, sont déposés chez les chefs de village chaque soir. Alvar Gbonké reconnaît avoir déjà travaillé au centre de collecte Mission protestante de Danané, pendant 45 jours. Mais il repart pour un village. Béatrice Yaké, elle, n’a été employée que pendant onze jours. La chance lui a souri une deuxième fois et elle va enrôler les pétitionnaires du centre de Tonnontoueu.




Pascal Soro
Envoyé spécial à Danané
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